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Près de 2.000 partisans de l'indépendance de l'Ecosse ont défilé samedi à Glasgow pour tenter de redonner un souffle à leur mouvement, considérablement affaibli à quelques mois des élections législatives britanniques.
L'objectif d'autodétermination a du plomb dans l'aile depuis la démission surprise l'an dernier de la charismatique Nicola Sturgeon, qui était à la tête du gouvernement local depuis neuf ans. Depuis, son mouvement, le Parti national écossais (SNP),au pouvoir dans le territoire, a enchaîné les déboires.
Dernier revers en date, le mari de l'ex-dirigeante et ancien directeur général du SNP, Peter Murrell, a été inculpé jeudi pour détournements de fonds dans l'enquête sur les finances du parti.
Cette enquête vise l'utilisation de dons de 600.000 livres (683.000 euros) collectés ces dernières années en vue d'organiser un nouveau référendum d'indépendance.
Mais pas de quoi freiner la détermination des manifestants présents samedi à Glasgow, parmi lesquels se trouvait le Premier ministre actuel, Humza Yousaf.
"J'ai soutenu l'indépendance toute ma vie (...) Je pense que nous devrions pouvoir diriger notre pays comme nous l'entendons", a défendu Jetta Becker, 62 ans, qui travaille dans l'éducation.
"Nous avons un gouvernement pour lequel nous n'avons pas voté", souligne également Thomas MacArthur, agent de sécurité de 60 ans et partisan du SNP, "si nous pouvions garder l'argent de nos impôts, nous pourrions l'utiliser pour soutenir les Ecossais".
Humza Yousaf s'est engagé à poursuivre la campagne en faveur de l'indépendance lors des élections législatives britanniques, qui doivent avoir lieu à l'automne.
Il a promis que le SNP demanderait "un mandat pour des négociations sur l'indépendance" avec le gouvernement britannique s'il remporte au moins 29 des 57 sièges de députés en Ecosse. Il aspire aussi à ce que l'Ecosse, si elle parvenait à devenir indépendante, réintègre l'Union européenne le plus rapidement possible.
- Concurrence du Labour -
En 2014, l'Ecosse avait voté à 55% contre l'indépendance lors d'un référendum. Mais Nicola Sturgeon, qui s'était alors imposée comme l'une des figures de proue du mouvement, a remis la question sur la table en 2016 après le Brexit.
Selon elle, l'Ecosse se devait de quitter le Royaume-Uni après un vote massif de ses habitants en faveur d'un maintien dans l'Union européenne.
L'influence et les capacités de communication de cette dirigeante pendant la pandémie de Covid-19, tranchant avec le chaos à Londres sous la houlette de Boris Johnson, ont fait grimper le soutien à l'indépendance au dessus des 50% en 2021.
Après plusieurs refus de Londres d'organiser un autre référendum, Nicola Sturgeon a porté l'affaire devant la plus haute juridiction du Royaume-Uni. Mais en novembre 2022, les juges ont estimé que seul le gouvernement britannique était en mesure d'autoriser la tenue d'un tel scrutin.
La dirigeante écossaise a présenté sa démission peu après, et le soutien à l'indépendance est tombé entre 41% et 43%, selon trois sondages d'opinion réalisés en avril 2024.
Elle a ensuite été elle-même entendue par la police en juin 2023 dans le dossier sur les finances du SNP, puis relâchée sans qu'aucune charge ne soit retenue contre elle.
Le SNP compte actuellement 43 députés en Ecosse, mais il risque fort de perdre plusieurs sièges face à un parti travailliste en pleine ascension et qui semble en position de force pour entrer à Downing Street.
Certains Ecossais jugent par ailleurs que ce parti, positionné à gauche et allié avec les écologistes au gouvernement, se focalise trop sur l'indépendance et pas suffisamment sur la crise du pouvoir d'achat qui inquiète les électeurs.
Le journal The Herald a récemment estimé dans un éditorial qu'il s'agissait d'un désengagement "dangereux", et que "c'est la raison pour laquelle le SNP glisse vers la défaite aux élections législatives".
O.Krasniqi--NZN