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Dans les rassemblements pour Gaza sur des campus américains, de nombreux étudiants juifs soutiennent activement la cause palestinienne, keffieh sur les épaules. Mais beaucoup d'autres de leurs coreligionnaires disent leur malaise, et même leur peur, face à des slogans qu'ils jugent antisémites.
Skyler Sieradzky, 21 ans, étudie la philosophie et les sciences politiques à l'université George Washington (GW), dans la capitale. Elle affirme que jeudi, lorsqu'elle est arrivée avec un drapeau israélien, elle s'est fait cracher dessus.
"Ce ne sont pas seulement les expériences personnelles que j'ai eues, c'est aussi le fait de voir des manifestations comme celle-ci et des gens soutenir la violence et la haine qui me fait peur", dit-elle à l'AFP.
A GW comme sur les campus de plusieurs des universités les plus prestigieuses du pays, des étudiants ont organisé manifestations et sit-in pour réclamer la fin de la guerre à Gaza et que leurs établissements rompent toute collaboration avec Israël.
- Nervosité -
Ce cri de ralliement, qui fait référence au Jourdain et à la Méditerranée, est l'un de ceux qui cristallisent le plus les tensions. Il est interprété par beaucoup comme étant un appel pur et simple à la destruction d'Israël, ce que nient avec véhémence des militants pro-palestiniens, pour qui il s'agit d'un appel à la libération des Palestiniens de l'occupation israélienne.
L'élue américaine démocrate d'origine palestinienne Rashida Tlaib a même été censurée par la Chambre des représentants pour, entre autres, son appui à ce slogan.
Eli Sanchez, 20 ans, étudie à UCLA à Los Angeles et fait partie d'une organisation étudiante juive. Lui dit ne pas se sentir personnellement menacé et porte régulièrement des tee-shirts avec des messages en hébreu, mais il rapporte que sur son campus, des camarades ont peur de porter une kippa.
"Beaucoup de gens se sentent vraiment en danger, beaucoup de mes amis (...), juste parce qu'ils sont juifs", affirme-t-il.
"Nous avons eu des gens sur des groupes de discussion qui demandent: +est-ce que quelqu'un peut marcher à mes côtés quand je vais en cours? Je ne me sens pas en sécurité+", déclare-t-il.
"Ils sont tellement antisionistes et tellement anti-Israël qu'ils ont tendance aussi à être antisémites et anti-juifs", dit-il au sujet des manifestants pro-palestiniens.
A l'université de Columbia à New York, l'épicentre de la dernière vague de mobilisation estudiantine pour Gaza, Noah Letterman fait part de sa nervosité.
"Honnêtement, je ne me sens pas en sécurité", dit-il. "Je pense que l'université a échoué à protéger sa communauté juive".
- Mal à l'aise ou en danger -
Mais d'autres étudiants juifs tiennent à faire valoir un point de vue différent.
"Il est très important de se rappeler qu'être mal à l'aise est différent d'être en danger", a affirmé à la presse Soph Askanase, qui dit avoir été suspendue par Columbia pour son activisme pro-palestinien quelques heures avant d'être arrêtée par la police.
"Je compatis avec les gens qui se sentent mal à l'aise avec un certain discours, mais je vous rappelle que nous (...) étudions dans une université qui accorde une grande importance à la liberté d'expression", a-t-elle ajouté.
Les dernières manifestations estudiantines ont justement ravivé le débat déjà agité, voire violent, sur la liberté d'expression.
Les images de policiers anti-émeutes arrêtant des centaines d'étudiants sur les campus, après avoir été appelés à la rescousse par les dirigeants d'universités, ont fait le tour du monde, rappelant des événements similaires aux Etats-Unis lors de la guerre du Vietnam.
Au milieu de ces tensions, l'université USC à Los Angeles, où une centaine de personnes ont été interpellées cette semaine, a annoncé l'annulation de sa principale cérémonie de remise des diplômes cette année, officiellement en raison de "nouvelles mesures de sécurité".
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Ch.Siegenthaler--NZN