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Le groupe d'informatique français en difficulté Atos, dont l'Etat souhaite acquérir les activités souveraines, a revu sensiblement à la hausse ses besoins de financement dans un nouveau plan d'affaires dévoilé lundi, après un début d'année décevant.
Avant la date butoir fixée à vendredi pour que ses créanciers lui soumettent des propositions de refinancement, l'entreprise a expliqué avoir dorénavant besoin de 1,1 milliard d'euros de liquidités pour son activité en 2024-2025 (contre une estimation de 600 millions d'euros précédemment).
Elle a aussi dit vouloir réduire de 3,2 milliards d'euros sa dette brute, qui avoisine les 5 milliards, alors qu'elle souhaitait initialement la réduire de moitié.
Ces nouveaux paramètres ont été établis après un premier trimestre au cours duquel le chiffre d'affaires d'Atos a reculé de 11%. Jeudi dernier, après la publication de ses ventes trimestrielles, le groupe avait dit repousser d'une semaine l'échéance fixée à ses créanciers, car sa situation allait exiger davantage d'argent frais.
- "Impératifs stratégiques de souveraineté" -
Ce besoin pourrait être en partie comblé par l'Etat, qui s'est manifesté ce week-end avec une lettre d'intention pour signifier son intérêt pour les activités souveraines de l'ex-fleuron de la French Tech, qui doit être cet été un des piliers technologiques des Jeux olympiques de Paris.
En réponse à cette lettre, Atos a pour l'heure exprimé sa "satisfaction" et souligné qu'une telle transaction "protègerait les impératifs stratégiques de souveraineté de l'État".
Atos possède notamment des supercalculateurs utilisés pour la dissuasion nucléaire et des contrats avec l'armée française.
Les activités concernées par la lettre d'intention recouvrent, entre autres, ces supercalculateurs, des serveurs participant à l'intelligence artificielle (IA) et à l'informatique quantique ou encore des produits de cybersécurité.
Leur valeur d'entreprise indicative se situe entre 700 millions et 1 milliard d'euros. Ces activités ont généré un chiffre d'affaires d'environ 1 milliard d'euros en 2023, soit un peu moins de 10% des revenus de l'ensemble du groupe, a précisé le groupe, alors qu'une offre non engageante de l'Etat est attendue d'ici juin et que la phase de "due diligence" (consultation des comptes, NDLR) doit démarrer "prochainement".
A la Bourse de Paris, l'action d'Atos s'envolait de 16,61%, à 2,23 euros, vers 11H00 (9H00 GMT), dans un marché en hausse de 0,26%.
Mais "il ne faut plus trop lire dans l'évolution du cours de Bourse ce que pense le marché", car "c'est devenu de la spéculation", a signalé à l'AFP, Lionel Melka, associé-gérant chez Swann Capital.
L'entreprise a perdu plus de 80% de sa valeur boursière en un an et sa valorisation s'établit à quelque 245 millions d'euros.
Pour Lionel Melka, "la vraie question, c'est désormais le prix" auquel les activités stratégiques d'Atos seront vendues.
- Le "brouillard" se dissipe -
Dimanche, en annonçant avoir envoyé une lettre d'intention à Atos, le ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire, avait dit souhaiter "que l'Etat ne soit pas seul" et espérer rallier d'autres acteurs français pour cette opération.
Sans donner de noms, le ministre avait expliqué sur LCI qu'il pourrait s'agir d'entreprises tricolores opérant dans les domaines de la défense ou de l'aéronautique.
A la tête d'Atos pendant une dizaine d'années, jusqu'en 2019, le commissaire européen au Numérique, Thierry Breton, a insisté lundi matin sur le fait que l'entreprise disposait d'actifs "stratégiques pour l'Europe".
"Je ne voulais pas que certains de ces actifs partent dans des mains qui n'étaient pas européennes, c'est pour ça aussi que je les avais acquis. Donc je crois que c'est très important que ça reste en Europe", a-t-il expliqué sur France Inter.
Une chose est sûre, "il y avait un énorme brouillard et, petit à petit, on commence à y voir plus clair. L'Etat est sorti du bois, on sait combien il faut mettre (dans le groupe) financièrement, donc on peut commencer à entrevoir une feuille de route", a analysé Lionel Melka.
"Maintenant, cela va être un bras de fer avec les porteurs de dette, un petit peu comme dans les dossiers Altice ou Casino", a-t-il anticipé.
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T.L.Marti--NZN