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Les Insoumises Mathilde Panot et Rima Hassan ont été entendues mardi dans les locaux de la police judiciaire parisienne dans le cadre d'enquêtes pour "apologie du terrorisme" après des propos liés à la guerre au Proche-Orient, des convocations qualifiées de "censure" par La France insoumise.
"Ca s'est très bien passé", a assuré, souriante, la militante franco-palestinienne Rima Hassan à la presse après deux heures d'audition.
La candidate aux élections européennes, présente à la 7e place sur la liste de LFI, a expliqué que sa convocation était consécutive à une interview accordée en novembre au média Le Crayon. Dans un extrait, maintenant supprimé, on y voit la juriste de 32 ans dire qu'il est "vrai" que le Hamas mène une action légitime.
L'intéressée a dénoncé un "extrait coupé" et trompeur de sa réponse et précisé que les enquêteurs avaient pu visualiser l'intégralité de l'entretien.
"Le seul résultat logique peut être un classement sans suite", a estimé son avocat Me Vincent Brengarth, qui espère qu'une telle décision interviendra "le plus rapidement possible".
La procédure a été transmise au parquet pour appréciation, a indiqué le parquet de Paris sollicité par l'AFP.
Ce texte avait suscité la polémique car il mettait notamment en parallèle l'attaque du mouvement islamiste, décrite comme "une offensive armée de forces palestiniennes", et "l'intensification de la politique d'occupation israélienne" dans les territoires palestiniens.
Selon une source proche du dossier, la procédure a également été transmise au parquet pour appréciation.
"Ce n'est pas seulement Mme Panot qui était convoquée aujourd'hui ni même la France insoumise, c'est l'ensemble du banc politique", s'est insurgée auprès de l'AFP Me Jade Dousselin, son avocate, fustigeant un parquet qui "s'érige en arbitre du débat public et oublie son rôle absolu d'autorité de poursuite".
- Rassemblement -
Avant leur convocation mardi matin, les deux Insoumises se sont rendues à un rassemblement de soutien, réunissant plusieurs centaines de militants, près du siège de la PJ, dans le 17e arrondissement.
"Dans quelle démocratie les méthodes de l'antiterrorisme sont-elles utilisées contre des militants politiques, des militants associatifs ou des syndicalistes?", a lancé Mathilde Panot devant ses partisans qui scandaient "Résistance" et agitaient des drapeaux palestiniens, insoumis ou sud-africains.
"Je veux dire aux organisations de lobbyistes pro-Israéliens derrière ces plaintes qu'ils ne nous feront pas taire", a déclaré de son côté Rima Hassan, les épaules recouvertes d'un keffieh.
De nombreux députés de La France insoumise, de François Ruffin à Louis Boyard, étaient présents.
D'autres figures de gauche, comme la députée écologiste Sandrine Rousseau ou l'ancien candidat du NPA à l'élection présidentielle Olivier Besancenot, avaient également répondu à l'appel.
- "Exprimer leurs idées" -
Plusieurs voix venues d'autres familles politiques ont défendu la liberté d'expression. "Même si je suis aux antipodes de La France insoumise, je me battrai pour qu'ils puissent exprimer leurs idées", a ainsi déclaré le président du groupe Horizons à l'Assemblée, Laurent Marcangeli.
Les Insoumis, qui qualifient de "génocide" la situation à Gaza et ont fait de la défense de la cause palestinienne le grand axe de leur campagne, dénoncent une instrumentalisation de la justice pour faire taire les voix pro-palestiniennes.
Ils fustigent notamment la plainte pour "injure publique" annoncée par la ministre de l'Enseignement supérieur Sylvie Retailleau contre Jean-Luc Mélenchon, qui avait dressé un parallèle entre le président de l'université de Lille et le nazi Adolf Eichmann après l'annulation de deux conférences à Lille.
"Une candidate est convoquée à la police pour ses idées. La démocratie française est gravement fracturée", a dénoncé mardi sur X l'ancien candidat à la présidentielle.
"Laissez faire la justice en toute indépendance et elle fera son travail. Soit c'est une infraction et elle le dira, soit ce n'est pas une infraction et elle le dira. Personne n'est au dessus des lois", a lancé à l'Assemblée nationale Eric Dupond-Moretti à l'adresse du coordinateur national de LFI Manuel Bompard, qui accusait le gouvernement de saper "un à un les fondamentaux de notre Etat de droit".
"La justice vous l'aimez collée contre le mur par la violence de Mélenchon", a accusé le ministre de la Justice.
Depuis le 7 octobre, le nombre de signalements et plaintes pour "apologie du terrorisme" a explosé: au parquet de Paris, qui gère la majorité de ces affaires, on compte 386 saisines à ce jour en lien avec ce conflit.
N.Fischer--NZN