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L'armée israélienne a déployé des chars mardi dans Rafah et pris le contrôle de la partie palestinienne du point de passage avec l'Egypte, tout en bombardant la ville avant des pourparlers au Caire sur un projet de trêve dans la bande de Gaza.
Le Hamas a donné lundi son feu vert à un projet d'accord présenté par les pays médiateurs pour tenter de mettre fin à la guerre dans le territoire palestinien, déclenchée il y a sept mois par une attaque sans précédent lancée par le mouvement islamiste sur le sol israélien.
Cette proposition est "loin des exigences israéliennes", a rétorqué le bureau du Premier ministre, Benjamin Netanyahu.
Lundi, l'armée a appelé à évacuer des dizaines de milliers de familles de plusieurs quartiers de l'est de la ville, qui abrite au total 1,2 million de Palestiniens, selon l'ONU, en prévision d'une offensive terrestre que Benjamin Netanyahu a promis de lancer pour éliminer les derniers bataillons du Hamas, en dépit des condamnations internationales.
- "Partir vers l'ouest" -
La Défense civile a fait état mardi de "nombreux morts" dans les bombardements, tandis que l'hôpital koweïtien de Rafah a dit avoir reçu 23 morts et l'hôpital al-Najjar quatre morts.
Des témoins et des sources de sécurité palestiniennes ont signalé des frappes aériennes tard lundi et tôt mardi, ainsi que des tirs d'artillerie à travers la bande de Gaza, particulièrement à Rafah et ses environs.
Mardi, l'armée a annoncé avoir pris "le contrôle opérationnel" de la partie palestinienne du point de passage avec l'Egypte.
Une unité de blindés "a manoeuvré dans la zone. A l'instant présent, des forces spéciales inspectent le point de passage", a ajouté l'armée.
La veille, sommés d'évacuer par l'armée israélienne, des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants, désespérés, pour beaucoup déjà déplacés par la guerre, avaient emballé à la hâte quelques affaires, sans trop savoir où aller.
"Nous sommes terrifiés, ce n'est pas facile d'être déplacé d'un endroit à l'autre", a confié à l'AFP Hanah Saleh, un homme de 40 ans déplacé du nord de la bande de Gaza. "On va partir vers l'ouest de Rafah, mais on ne sait pas exactement où. Et tout le monde se pose la question", a-t-il ajouté.
L'armée a largué des tracts appelant les habitants à évacuer "vers la zone humanitaire élargie d'al-Mawasi", à une dizaine de kilomètres de Rafah. Mais des habitants et des organisations humanitaires décrivent des secteurs déjà surpeuplés ou détruits par la guerre.
- "Pression sur le Hamas" -
Lundi soir, le Hamas a dit avoir informé l'Egypte et le Qatar, les pays médiateurs avec les Etats-Unis, qu'il avait "approuvé leur proposition pour un accord de cessez-le-feu" avec Israël, après une précédente session de pourparlers au Caire qui s'était achevée dimanche sans avancée.
Israël a décidé d'envoyer une délégation au Caire, tout en poursuivant ses opérations militaires à Rafah.
Le cabinet de guerre a décidé "à l'unanimité" de poursuivre "l'opération à Rafah afin d'exercer une pression militaire sur le Hamas dans le but de progresser vers la libération des otages et d'autres objectifs de la guerre", ont indiqué les services du Premier ministre.
"Bien que la proposition du Hamas soit loin de répondre aux principales exigences israéliennes, Israël enverra une délégation de haut rang en Egypte dans le but de maximiser les chances de parvenir à un accord à des conditions acceptables", ont-ils ajouté.
Le Qatar a lui aussi annoncé l'envoi mardi d'une délégation au Caire "pour relancer les négociations indirectes entre les deux parties (...) avec l'espoir de parvenir à un accord pour un cessez-le-feu immédiat et permanent" en "échange de prisonniers et d'otages".
Selon le numéro deux de la branche politique du Hamas à Gaza, Khalil al-Hayya, la proposition comprend trois phases, chacune d'une durée de 42 jours, et inclut un retrait israélien complet du territoire, le retour des déplacés et un échange d'otages retenus à Gaza et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, dans le but d'un "cessez-le-feu permanent".
Israël s'est opposé jusqu'à présent à un cessez-le-feu tant que le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, n'aurait pas été vaincu.
Le mouvement islamiste, considéré comme une organisation terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne, exige de son côté un cessez-le feu définitif et un retrait israélien de la bande de Gaza, en préalable à tout accord.
La guerre a éclaté le 7 octobre quand des commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza ont lancé une attaque dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, majoritairement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.
Plus de 250 personnes ont été enlevées et 128 restent captives à Gaza, dont 35 sont mortes, selon l'armée.
En représailles, Israël a lancé une opération militaire dans la bande de Gaza qui a fait jusqu'à présent 34.789 morts, principalement des civils, dont au moins 54 en 24 heures, selon le ministère de la Santé du Hamas.
- "Le moment est venu" -
En Israël, le Forum des familles, une association de proches d'otage, a jugé lundi que "le moment était venu pour toutes les parties concernées (...) de transformer cette opportunité en un accord pour le retour de tous les otages".
Dans la nuit, des médias israéliens ont fait état de heurts à Tel-Aviv, entre policiers et manifestants réclamant un accord de trêve.
"J'ai lancé aujourd'hui un appel très ferme au gouvernement israélien et aux dirigeants du Hamas pour qu'ils fassent un effort supplémentaire pour matérialiser un accord vital", a déclaré le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.
Dans un entretien téléphonique, le président américain Joe Biden a réitéré sa "position claire" à Benjamin Netanyahu contre toute offensive à Rafah.
Le département d'Etat américain a déclaré ne pas avoir vu "de plan humanitaire crédible" pour une opération qui ne ferait qu'accroître "les souffrances du peuple palestinien".
D.Graf--NZN