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En difficulté dans les sondages, la majorité d'Emmanuel Macron a sonné la "mobilisation générale" pour les élections européennes mardi à la Mutualité, autour de sa tête de liste, Valérie Hayer, Gabriel Attal s'employant à dramatiser en estimant que "la fin de l’Europe" est "un danger mortel pour la France".
A près d'un mois du scrutin, environ 2.500 personnes s'étaient réunis dans cette salle parisienne chère au cœur de la macronie, où le chef de l’État avait lancé son ascension vers l’Élysée en 2016.
Mais l'ivresse des sommets a fait place au risque d'une cuisante défaite pour le camp présidentiel, nettement distancé dans le sondages par le Rassemblement national et talonné par la liste PS-Place Publique de Raphaël Glucksmann.
"Je veux lancer l’appel à la mobilisation générale", a lancé Valérie Hayer, présidente du groupe Renew (Renaissance) au Parlement européen.
"Je ne suis pas de celles qui renoncent. Je suis de ces optimistes obstinées pour qui le mouvement, le combat des idées est au-dessus de tout", a assuré la tête de liste, choisie par le chef de l’État après plusieurs refus au sein de son camp, de Bruno Le Maire à Jean-Yves Le Drian.
De son côté, fortement incité par Emmanuel Macron à s'engager dans la campagne, Gabriel Attal s'est employé à simplifier, voire à dramatiser les enjeux du scrutin du 9 juin.
"La fin de l'Europe, c'est un danger mortel pour la France", a lancé le Premier ministre.
S'agissant de l'Union européenne, "l'unique débat, c'est dedans ou dehors" et "nous le rappellerons tout au long de cette campagne" aux adversaires dont le RN, qualifié de membres d'un "club des europhobes anonymes".
Égrenant son programme --"défense européenne", Plan Europe de 1.000 milliards d'investissements baptisé "Plan Jacques Delors", "bouclier européen" pour protéger les intérêts commerciaux--, Valérie Hayer s'est elle adressée aux électeurs du RN, par l'intermédiaire de Colombe, cette bénévole des Restos du Cœur de Perpignan dont le témoignage est devenu viral sur les réseaux sociaux.
Cette femme de 60 ans, interrogée par un journaliste de TF1 en marge du meeting du RN à Perpignan le 1er mai, avait expliqué en larmes avoir "du mal à vivre" de son RSA.
- Message à Colombe -
"Je tiens à m'adresser à Colombe. Elle qui a nous tant bouleversés en expliquant les raisons de son vote pour le Rassemblement national. Un vote qui nous paraît, à nous, incompréhensible. Un vote qu’il faut pourtant comprendre", a dit la tête de liste macroniste.
"Je veux ici, m’adresser à toutes les Colombe de notre pays : avec eux (l'extrême-droite, NDLR) au pouvoir, on le voit ailleurs en Europe: pas un prix qui baisse, pas un salaire qui augmente, pas une usine qui rouvre !", a-t-elle lancé, promettant de "se battre" pour "tous les résignés".
Plusieurs ténors de la majorité s'étaient auparavant succédés à la tribune, d’Édouard Philippe à François Bayrou en passant par Stéphane Séjourné et l'ancienne Première ministre Élisabeth Borne, particulièrement applaudie par la salle.
Face aux crises russo-ukrainiene, au Proche-Orient et au désengagement des États-Unis, "la question est de savoir si nous tous, les Européens, nous acceptons d'être asservis, ou si nous décidons au contraire de nous ressaisir", a fait valoir M. Bayrou.
"Contrairement à d’autres, nous ne sommes pas simplement pro-européens quelques semaines une fois tous les cinq ans mais de façon constante, dans nos actes et dans nos votes", a lancé Mme Borne, tandis que M. Philippe a jugé que l'Europe pouvait être "un objet exceptionnel", dès lors que "nous arrivons à convaincre nos partenaires".
Ministre des Affaires étrangères et patron de Renaissance, Stéphane Séjourné a fait une allusion à la scène politique hexagonale, où les macronistes gouvernent sans majorité absolue depuis 2022. "Notre capacité à agir y compris au niveau national est au centre de cette élection", a-t-il dit.
Après l'officialisation, fin février, de la tête de liste, le premier "meeting national" à Lille le 9 mars, l'annonce de la liste et la présentation du programme, la majorité comptait sur cette réunion de la Mutualité, sept ans jour pour jour après la première élection d'Emmanuel Macron à l’Élysée, pour donner une nouvelle dynamique à sa campagne.
Suffisant pour renverser la tendance ? Emmanuel Macron a en tout cas prévenu qu'il comptait s'impliquer dans la campagne d'ici au 9 juin. En attendant, il envoie son Premier ministre débattre face à Jordan Bardella le 23 mai sur France 2.
A.Ferraro--NZN