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Le président serbe Aleksandar Vucic a déroulé mercredi le tapis rouge à son homologue chinois Xi Jinping, venu approfondir les liens économiques et politiques avec l'un des pays européens les plus amicaux à l'égard de Pékin.
La Chine a investi des milliards d'euros en Serbie et dans les Balkans, notamment dans les secteurs minier et manufacturier. Signe de la solidité des relations, Pékin et Belgrade ont signé l'an passé un accord de libre-échange.
Accompagné de son épouse Peng Liyuan, Xi Jinping a été reçu par Aleksandar Vucic sur un tapis rouge à l'extérieur des principaux bâtiments gouvernementaux à Belgrade, au son de la fanfare militaire et de l'hymne national chinois.
Aleksandar Vucic a souhaité la bienvenue à Xi Jinping et l'a qualifié "d'ami de la Serbie". "Le respect et l'amour qu'il trouvera ici, dans notre Serbie, il ne les trouvera nulle part ailleurs", a scandé M. Vucic.
S'adressant à la foule, le président serbe a ensuite déclaré: "Nous avons une position claire et simple en ce qui concerne l'intégrité territoriale de la Chine. Oui, Taïwan est la Chine".
Des propos qui ont semblé ravir Xi Jinping, car la plupart des dirigeants européens, même si leurs pays ne reconnaissent pas Taïwan, s'abstiennent d'ordinaire de tenir des propos similaires de manière aussi affirmée.
La Chine a intensifié ces dernières années la pression sur Taïwan, île qu'elle n'a pas réussi à conquérir depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949.
- Bombardement de l'Otan -
Au début de leur entretien bilatéral, Xi Jinping a indiqué à Aleksandar Vucic qu'il existait "un fort sentiment d'amitié" entre leurs deux pays.
Ils ont ensuite signé une déclaration sur la consolidation de leurs liens diplomatiques et assisté à la présentation de diverses promesses commerciales comme l'achat de trains chinois, l'ouverture de nouvelles liaisons aériennes et l'augmentation des importations de produits serbes.
Xi Jinping est arrivé à Belgrade mardi soir après une visite d'Etat en France.
Accueilli à Paris avec faste, il avait toutefois eu des échanges francs avec le président Emmanuel Macron sur les différends commerciaux Chine-Europe ou encore les liens Pékin-Moscou, vus avec suspicion par les Occidentaux sur fond de guerre en Ukraine.
Xi Jinping effectue son premier voyage en Europe depuis 2019. Outre la France, il se rend donc en Serbie, puis est attendu mercredi soir en Hongrie, ces deux derniers pays étant considérés parmi les plus amicaux à l'égard de Pékin et Moscou en Europe.
Sa visite à Belgrade coïncide avec le 25e anniversaire du bombardement américain de l'ambassade de Chine à Belgrade, qui avait fait trois morts le 7 mai 1999.
Le bâtiment avait été touché durant la campagne militaire menée par l'Otan contre des cibles serbes durant la guerre du Kosovo.
Revenant sur cet événement dans un article publié mardi dans le quotidien serbe Politika, Xi Jinping a écrit que l'Otan avait "bombardé sans vergogne" l'ambassade et promis que son pays ne "permettra jamais" que cette "tragédie" se reproduise.
- "Grand honneur" -
Devant la presse, Xi Jinping a encore appelé mercredi la Chine et la Serbie à "soutenir fermement les intérêts fondamentaux de l'autre".
La Serbie défend les revendications de la Chine sur Taïwan. En retour, Pékin soutient Belgrade sur le Kosovo, territoire ayant proclamé son indépendance mais au statut contesté.
"La Chine soutient la Serbie (...) dans ses efforts pour sauvegarder sa souveraineté nationale et son intégrité territoriale sur la question du Kosovo", a souligné mercredi Xi Jinping.
"Pour la Serbie, il s'agit sans aucun doute de l'une des visites les plus importantes", déclare à l'AFP Marko Tmusic, professeur de sciences politiques à l'université de Belgrade.
"Etre "côte à côte" avec la France - avec laquelle la Chine célèbre 60 ans de relations diplomatiques - et la Hongrie est un grand honneur", ajoute-t-il.
A Belgrade, Xi Jinping a ainsi fait l'objet d'un accueil très chaleureux.
En France, Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, l'avaient exhorté à empêcher l'exportation vers la Russie de produits susceptibles d'être utilisés dans son invasion de l'Ukraine et à faire tout son possible pour raisonner la Russie.
Face aux critiques occidentales sur ses liens avec Moscou, Xi Jinping avait, lui, appelé à ne pas "salir" la Chine.
L.Muratori--NZN