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L'armée israélienne a mené samedi de nouveaux bombardements meurtriers dans la bande de Gaza notamment à Rafah et ordonné de nouvelles évacuations de cette ville du sud du territoire palestinien, menacée d'une offensive terrestre d'envergure.
Des journalistes de l'AFP, des médecins et des témoins ont fait état de frappes à travers le territoire palestinien assiégé et dévasté par plus de sept mois de guerre entre Israël et le Hamas, déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien contre Israël le 7 octobre.
Au moins 21 personnes ont péri dans des bombardements dans le centre de la bande de Gaza et transportées à l'hôpital des Martyrs d'Al-Aqsa à Deir al-Balah, ce qui porte à 34.971 le bilan des morts, en majorité des civils, dans le territoire palestinien depuis le début de la guerre, selon le ministère de la Santé du Hamas.
Des corps recouverts d'une toile blanche gisent sur le sol dans une cour de l'hôpital. Un homme se penche sur un sac mortuaire, serrant une main couverte de poussière. Les pieds d'un cadavre dépassent d'une couverture.
- "Où devrions-nous aller?" -
A Rafah, où s'entassent selon l'ONU quelque 1,4 million de Palestiniens pour la plupart déplacés par les bombardements israéliens et les combats, d'intenses frappes aériennes ont visé un secteur proche du point de passage, ont indiqué des témoins.
Des frappes ont également visé le nord de la bande de Gaza, un territoire pauvre d'environ 40 kilomètres de long et 10 de large où vivent quelque 2,4 millions d'habitants.
Défiant les mises en garde internationales contre une offensive majeure à Rafah, les troupes israéliennes mène depuis mardi des incursions dans l'est de la ville, après plusieurs ordres d'évacuation lancés par l'armée aux habitants de la zone.
Un nouvel ordre similaire samedi indique que les zones désignées dans l'est de Rafah ont été "le théâtre d'activités terroristes du Hamas".
Des journalistes palestiniens ont été ensuite vus démonter leurs tentes et ranger leur matériel, s'apprêtant à quitter le secteur.
"Nous sommes perdus et confus. Que devons-nous faire ? Où devrions-nous aller? Nous avons arrêté de couvrir la guerre car nos familles et notre survie passent avant tout", déplore Wissam Yassin, une journaliste.
Farid Abou Eida, qui avait fui la ville de Gaza pour Rafah, s'est trouvé obligé de chercher un nouveau refuge. "J'ai décidé de partir parce que la situation devient de plus en plus dangereuse et les bombardements se rapprochent. Nous ne savons pas où aller. Il n'y a plus aucun endroit dans la bande de Gaza qui soit sûr ou qui ne soit pas surpeuplé."
- "Le temps presse" -
En cas d'offensive majeure à Rafah, le président américain, Joe Biden, a menacé de cesser certaines livraisons d'armes à Israël, dont les Etats-Unis sont le plus proche allié.
Une vaste opération à Rafah conduirait à une "catastrophe humanitaire colossale", a averti le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.
Dans le nord de la bande de Gaza où l'armée israélienne avait annoncé avoir démantelé la structure de commandement du Hamas, la population n'est pas en reste non plus. L'armée y a émis des ordres d'évacuation de Jabaliya et Beit Lahia, où le Hamas "essaye de se reconstruire" d'après elle.
Alors que les efforts de médiation en vue d'une trêve et de la libération d'otages semblent s'enliser, le Hamas a diffusé samedi une vidéo d'un otage israélien retenu dans la bande de Gaza depuis l'attaque du Hamas le 7 octobre en Israël.
Ces images, dont la date d'enregistrement n'est pas précisée, montrent un homme ayant un oeil tuméfié qui articule son nom. Le message est accompagné des hashtags "Le temps presse" et "votre gouvernement ment".
Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza ont mené une attaque contre Israël, faisant plus de 1.170 morts, majoritairement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Plus de 250 personnes ont été enlevées et 128 restent captives à Gaza, dont 36 seraient mortes, selon l'armée.
En riposte, Israël a promis d'anéantir le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, et est considéré comme une organisation terroriste par les Etats-Unis et l'Union européenne.
- Tirs de roquettes -
Samedi, de nouvelles roquettes ont été tirées de Rafah vers Kerem Shalom, dont l'une a été interceptée par le système de défense anti-aérien israélien et les trois autres sont tombées dans des zones non habitées, selon l'armée.
La veille, les autorités israéliennes ont annoncé "le transfert de 200.000 litres de carburant à des organisations internationales" via Kerem Shalom.
L.Muratori--NZN