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Emmanuel Macron réunit lundi au sommet "Choose France" environ 180 patrons étrangers qui profiteront de la vitrine de Versailles pour annoncer construire ou agrandir des usines, ou d'autres investissements en France pour plus de 15 milliards d'euros au total, un montant "record" illustrant la réindustrialisation en cours, selon le gouvernement.
En tête d'affiche figure l'annonce par Microsoft de 4 milliards d'euros d'investissements pour un nouveau centre de données dans l'est de la France et l'agrandissement d'autres en région parisienne et près de Marseille, pour répondre à la demande croissante d'intelligence artificielle et de services informatiques en cloud.
"Il s'agit de l'investissement le plus important que nous ayons jamais réalisé" en France, a déclaré son président Brad Smith à l'AFP.
A un mois des élections européennes, l'exécutif promeut une France en bonne santé économique et redevenue attractive pour les multinationales, quand bien même sa plus grande entreprise en chiffre d'affaires, TotalEnergies, envisage de déménager à la Bourse de New York pour sa cotation principale.
L'Elysée en veut pour preuve le dernier baromètre EY, qui a sacré la France championne d'Europe de l'attractivité pour la cinquième année de suite, avec près de 1.200 annonces d'investissements étrangers en 2023.
Autre motif d'espoir pour la présidence, les 0,2% de croissance économique au premier trimestre, mieux que prévu.
De quoi chasser les critiques sur la politique économique française après l'envolée surprise du déficit public?
La présidence a en tout cas dévoilé le nombre "record" de 56 projets pour 15 milliards d'euros, après les 28 annonces et 13 milliards de l'édition 2023 (ces investissements s'étalant généralement sur plusieurs années).
Nombre d'annonces concerneront des agrandissements ou modernisations d'usines, par exemple chez le géant canadien des frites McCain. L'investissement fait partie de la vie des entreprises: elles investissent chaque année plus de 200 milliards d'euros en France, selon l'Insee, dont 35 venant de multinationales étrangères.
"La plupart des projets annoncés lors du sommet sont des projets qui auraient vu le jour avec ou sans le sommet", estime Sylvain Bersinger, chef économiste au cabinet Asterès. "Le cœur de l'attractivité française ne réside pas là-dedans", dit-il à l'AFP, citant plutôt le système éducatif, le cadre "juridique, fiscal, l'environnement d'innovation, le marché local (...)".
- Débat sur les emplois -
Outre Microsoft, figurent parmi les projets d'investissements rendus publics:
- une potentielle nouvelle usine d'engrais bas carbone dans la Somme (FertigHy, 1,3 milliard d'euros);
- des investissements d'Amazon pour développer ses infrastructures cloud en région parisienne et son infrastructure logistique en Auvergne-Rhône-Alpes (1,2 milliard);
- des lignes de production de frites et pommes de terre de McCain modernisées ou agrandies (350 millions) dans le Pas-de-Calais et dans la Marne, où se rendra Emmanuel Macron lundi matin;
- une usine de raffinage de nickel près de Bordeaux pour 2027 (entreprise suisse KL1, 300 millions);
- une usine de fabrication d'un "avion régional électrique" en Nouvelle Aquitaine (société allemande Ilium, 400 millions);
- des investissements supplémentaires dans la pharmacie avec Pfizer (500 millions sur cinq ans), AstraZeneca (388 millions de dollars) et GSK (140 millions d'euros).
Certains investissements sont déjà validés, d'autres ne le seront que dans plusieurs années.
Parmi les patrons attendus figurent ceux des banques JPMorgan, Goldman Sachs ou Bank of America, des laboratoires Novartis et AstraZeneca ou des fonds souverains saoudien ou qatari.
Depuis la première édition de Choose France en 2018, plus de 31 milliards d'euros d'investissements pour 122 projets ont été annoncés, selon l'Elysée.
L'impact sur l'emploi de cette moisson d'investissements, au-delà des annonces faites chaque année à Versailles, reste débattu.
Le baromètre EY "nous informe que les projets d'investissements étrangers en France sont associés à 39.773 créations d'emploi" en 2023, a constaté l'économiste Lucas Chancel dans une tribune dans Le Monde. Soit moins qu'au Royaume-Uni (52.211) ou en Espagne (42.450).
Ces emplois, qui représentent 0,13% de la population active, "aideront les territoires qui en bénéficieront, mais force est de constater que le chiffre demeure bien faible par rapport à l'importance que certains voudraient lui prêter", poursuit le codirecteur du Laboratoire sur les inégalités mondiales à l'Ecole d'économie de Paris.
R.Schmid--NZN