Zürcher Nachrichten - Violences en Nouvelle-Calédonie: appels au calme et couvre-feu, le vote des députés maintenu

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Violences en Nouvelle-Calédonie: appels au calme et couvre-feu, le vote des députés maintenu
Violences en Nouvelle-Calédonie: appels au calme et couvre-feu, le vote des députés maintenu / Photo: Theo Rouby - AFP

Violences en Nouvelle-Calédonie: appels au calme et couvre-feu, le vote des députés maintenu

Le Premier ministre Gabriel Attal a appelé mardi au dialogue et à l'apaisement au lendemain d'une nuit d'affrontements d'une rare violence dans l'archipel, alors que le vote des députés sur la révision constitutionnelle décriée par les indépendantistes a été maintenu.

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"L'important, c'est l'apaisement. L'important, c'est le dialogue. L'important, c'est la construction d'une solution commune, politique, globale", a déclaré M. Attal devant l'Assemblée nationale.

"Les violences ne sont ni justifiables, ni tolérables", a poursuivi le chef du gouvernement, "notre priorité aujourd'hui, c'est le retour au calme".

Dans l'agglomération de Nouméa, la "capitale" du territoire français du Pacifique, le couvre-feu décrété par le Haut-commissaire de la République est entré en vigueur à 18h00 locales (09h00 à Paris).

Sur fond sonore de cris et de détonation, quelques personnes ont osé braver l'interdiction, a constaté un correspondant de l'AFP. Dans la banlieue de Doumbéa (nord), un groupe de jeunes marchait les bras chargés de cartons issus du pillage de commerces.

Un peu plus loin, des hommes se sont déployés pour protéger leurs habitations. "C'est la merde, que la réforme du corps électoral passe ou pas", a déploré l'un d'entre eux, Thomas, qui n'a pas donné son nom. "Il va y avoir beaucoup de chômage et d'incertitude."

A la tombée de la nuit, les actes de vandalisme ont repris de plus belle. Une grande enseigne de sport de la banlieue de Nouméa a été pillée, selon une correspondante de l'AFP.

Un "mouvement de protestation" était en cours dans la nuit de mardi à mercredi dans la prison du Camp-Est à Nouméa, selon une source policière, le Haut-Commissariat de la République parlant lui de "mutinerie". La situation restait confuse, avec des détenus cagoulés et brandissant des barres métalliques se déplaçant dans certains couloirs, selon des vidéos circulant sur les réseaux.

Magasins pillés, maisons incendiées, tirs sur les gendarmes: dans la nuit de lundi à mardi, le territoire français du Pacifique Sud a connu ses plus graves violences depuis les années 1980, alors que l'Assemblée examine à Paris un texte décrié par le camp indépendantiste.

Ce projet de loi constitutionnelle vise à élargir le corps électoral aux élections provinciales, cruciales dans l'archipel du Pacifique sud. Les partisans de l'indépendance jugent que ce dégel risque de "minoriser encore plus le peuple autochtone kanak".

- "Criminels" -

"On n'a pas de morts, il n'y a pas de blessés graves pour l'instant, il y aurait pu y en avoir", a déclaré le haut-commissaire de la République, Louis Le France, en dressant le bilan de la nuit de lundi à mardi.

 

Le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer a "condamné de façon extrêmement forte ces violences", qu'il a qualifiées d'"émeutes commises par des délinquants, parfois des criminels".

"Plus de 70 policiers et gendarmes ont été blessés", a souligné M. Darmanin lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale. Il avait plus tôt précisé que des familles de gendarmes avaient été "évacuées".

Le président de l'Union calédonienne (indépendantiste) Daniel Goa a demandé à la jeunesse de "rentrer chez elle" et condamné pillages et exactions. "Les troubles de ces 24 dernières heures révèlent la détermination de nos jeunes de ne plus se laisser faire par la France", a-t-il toutefois commenté.

La principale figure du camp non-indépendantiste, l'ex-secrétaire d'Etat Sonia Backès, a dénoncé la racisme anti-blanc de manifestants qui ont incendié la maison de son père, septuagénaire, exfiltré par le GIGN.

"S'il n'a pas été attaqué parce qu'il était mon père, il a au moins été attaqué parce qu'il était Blanc", a-t-elle affirmé sur BFMTV, déplorant des "insultes racistes".

Les premières altercations entre manifestants et forces de l'ordre ont commencé dans la journée de lundi, en marge d'une mobilisation indépendantiste contre la réforme constitutionnelle.

Le représentant de l'Etat a rapporté "des tirs tendus avec des armes de gros calibre, des carabines de grande chasse, sur les gendarmes" dans la nuit dans la commune du Mont-Dore, au sud-est de Nouméa.

Dans les quartiers nord de Nouméa, le représentant de l'Etat a déploré "des destructions de commerces, de pharmacies et de domiciles".

- "Déchaînement" -

"Nous avons été confrontés depuis plus de 24 heures à un vrai déchaînement de haine, un déferlement de jeunes souvent alcoolisés, manifestement manipulés et d'une violence assez inouïe", a déploré le général Nicolas Matthéos, patron de la gendarmerie de Nouvelle-Calédonie.

Dans la crainte d'un enlisement, des éléments du GIGN, du RAID (son équivalent pour la police), quatre escadrons de gendarmes mobiles et deux sections de la CRS 8, une unité spécialisée dans la lutte contre les violences urbaines, ont été mobilisés.

Des renforts sont en cours d'acheminement dans l'archipel, a annoncé Gérald Darmanin.

"80 chefs d’entreprises ont vu leur outil de production brûlé ou détruit", a-t-il précisé.

- Vote maintenu -

Le gouvernement calédonien a de son côté annoncé la fermeture des lycées et collèges jusqu'à nouvel ordre. L'aéroport international a été fermé jusqu'à jeudi.

Malgré cette vague de violences, le vote des députés sur la réforme constitutionnelle était toujours attendu mardi dans la journée, le gouvernement insistant pour que l'examen aille "à son terme".

"Un processus démocratique ne peut pas s'arrêter parce qu'il y a de la violence sur le terrain", a plaidé mardi matin le président du groupe Renaissance Sylvain Maillard.

A l'inverse, la gauche a appelé à repousser l'examen du texte ou même à le retirer. "L'apaisement ne peut passer que par un retrait du projet de loi constitutionnelle", a lancé le président du groupe communiste André Chassaigne.

Après celle du Sénat, l'approbation de l'Assemblée est nécessaire avant de réunir le Parlement en Congrès pour réviser la Constitution, à une date qui reste à fixer.

bur-cm-md-sac/pa/cal/clc

E.Schneyder--NZN