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Le président américain Joe Biden a promis dimanche d'écouter les "manifestations pacifiques et non violentes" contre la guerre menée par Israël à Gaza, lors d'une visite dans l'université où a étudié Martin Luther King destinée à séduire l'électorat afro-américain et jeune.
"Je soutiens les manifestations pacifiques et non violentes. Vos voix doivent être entendues, et je vous promets que je les entends", a déclaré le président lors de la cérémonie de remise des diplômes au Morehouse College d'Atlanta, en Géorgie.
Un étudiant a tourné le dos à Joe Biden durant la cérémonie, mais son discours s'est déroulé sans perturbations.
Des étudiants de cette université historiquement afro-américaine avait demandé à leur direction d'annuler le discours du démocrate, pointant du doigt son soutien à Israël, sujet de vives critiques en pleine année électorale.
Lors de sa prise de parole, Joe Biden a aussi appelé à un cessez-le-feu à Gaza, au retour des otages israéliens, et assuré qu'il travaillait à "une paix durable" dans toute la région incluant "une solution à deux Etats", avec la création d'un Etat palestinien, "la seule solution".
"C'est l'un des problèmes les plus difficiles et complexes dans le monde. Il n'y a rien de facile dans cette situation", a déclaré le président démocrate, qui revêtait une robe marron et noire, les couleurs de Morehouse College.
"Je sais que cela met en colère et frustre beaucoup d'entre vous, y compris dans ma famille, mais surtout, je sais que cela vous brise le coeur. Cela brise le mien aussi", a-t-il assuré.
- Jeunes et Afro-Américains -
Cette visite à Atlanta, dans l'Etat de Géorgie (sud-est), fait figure pour Joe Biden de face-à-face le plus direct avec des étudiants depuis la vague de manifestations pro palestiniennes qui a déferlé sur les universités américaines.
En venant à Morehouse, Joe Biden veut rendre hommage au héros du mouvement des droits civiques qui y a fait ses études, mais des étudiants ont souligné que Martin Luther King s'opposait à la guerre et notamment à celle du Vietnam dans les années 1960.
Le président démocrate a d'abord gardé le silence sur les manifestations contre la guerre lancée par Israël à Gaza en représailles aux attaques du Hamas du 7 octobre, avant de déclarer que "l'ordre doit prévaloir" sur les campus américains où la police est intervenue pour déloger des campements.
Mais le soutien inconditionnel des Etats-Unis à Israël fait craindre au camp démocrate de perdre des voix parmi l'électorat jeune et parmi les sympathisants de la cause palestinienne.
De manière plus générale, les sondages montrent des difficultés plus larges du démocrate à obtenir le soutien des électeurs noirs et des jeunes Américains, deux groupes qui l'ont aidé à vaincre son rival Donald Trump en 2020 et qui seront à nouveau déterminants cette année pour empêcher un retour du républicain à la Maison Blanche.
Selon un récent sondage New York Times/Siena, Donald Trump pourrait recueillir les voix de 20% des Afro-Américains en novembre, environ le double de 2020. Ce serait un record pour un candidat républicain et un désaveu pour son adversaire démocrate.
Pour empêcher ce score, Joe Biden a fustigé vendredi "l'extrémisme" de son rival et de ses partisans qui "s'en prennent à la diversité, à l'équité et à l'inclusion à travers toute l'Amérique", lors d'un discours au Musée national de l'histoire et de la culture afro-américaines à Washington.
La veille, dans le Bureau ovale, il avait reçu des personnalités et des parents de plaignants dans l'affaire nommée "Brown v. Board of Education" (Brown contre le Bureau de l'éducation de Topeka), qui a donné lieu à un arrêt historique de la Cour suprême des Etats-Unis en 1954 interdisant la ségrégation scolaire, un tournant dans le mouvement des droits civiques aux Etats-Unis.
Le président américain doit continuer son périple de campagne dimanche à Détroit (nord-est) où il s'adressera à la principale association de défense des droits civiques du pays, la NAACP.
D.Graf--NZN