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De violents combats opposent l'armée israélienne et le Hamas palestinien lundi dans la bande de Gaza, au moment où des mandats d'arrêt sont réclamés par le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) contre des dirigeants des deux camps ennemis pour crimes de guerre présumés.
Le procureur de la CPI, Karim Khan, a déclaré avoir demandé des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ministre de la Défense, Yoav Gallant, pour des crimes tels que "le fait d'affamer délibérément des civils", "homicide intentionnel" et "extermination et/ou meurtre".
Les accusations portées contre des dirigeants du Hamas, notamment son chef à Gaza Yahya Sinouar, incluent "l'extermination", "le viol et d'autres formes de violence sexuelle" et "la prise d'otages en tant que crime de guerre".
Israël entend "lutter contre cette décision qui vise avant tout à lier les mains de l'Etat d'Israël et à lui refuser le droit de se défendre", a encore dit M. Katz.
Le président américain, Joe Biden, principal allié d'Israël, a jugé "scandaleux" le mandat d'arrêt réclamé contre M. Netanyahu, ajoutant qu'"il n'y a pas d'équivalence" entre Israël et le Hamas.
Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a pour sa part qualifié de "honteux" les mandats d'arrêt réclamés contre les responsables israéliens, ajoutant que la CPI n'a pas "juridiction" sur Israël et prévenant que ces mandats "pourraient compromettre" les négociations sur un cessez-le-feu à Gaza.
La guerre a été déclenchée par une attaque du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre, qui a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, majoritairement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Sur les 252 personnes alors emmenées comme otages, 125 sont toujours détenues à Gaza, dont 37 mortes selon l'armée.
Israël a juré de détruire le Hamas qui avait pris le pouvoir à Gaza en 2007 et qu'il considère comme terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne.
Son armée a lancé une offensive dévastatrice dans la bande de Gaza qu'elle a assiégée, entraînant la mort d'au moins 35.562 personnes, pour la plupart des civils dont 106 ces dernières 24 heures, selon des données lundi du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.
Les opérations militaires ont aussi provoqué une catastrophe humanitaire avec la majorité des quelque 2,4 millions d'habitants menacés de famine et plus de la moitié déplacés, d'après l'ONU.
- "Tués dans notre sommeil" -
Lundi, des avions et des hélicoptères militaires israéliens ont mené de nouvelles frappes sur la bande de Gaza, où des combats au sol ont également lieu entre soldats et groupes armés palestiniens.
Dans le nord de la bande de Gaza, l'armée de l'air a bombardé la ville éponyme ainsi que le camp de réfugiés de Jabalia, où des "combats acharnés" se poursuivent, selon l'armée israélienne.
L'armée a fait état également de "raids ciblés" dans le centre du territoire palestinien surpeuplé et ravagé par la guerre.
Dans le sud, une frappe a touché une maison dans le quartier Tal al-Sultan, dans l'ouest de Rafah, faisant trois morts et huit blessés, selon des sources hospitalières. Rafah a été également visée par des tirs de la marine israélienne, ont indiqué des témoins.
"Notre situation est lamentable: nous sommes tués chez nous dans notre sommeil, des civils y compris des enfants et des femmes, meurent et personne ne se soucie de nous", déplore Obeid Khafaja, un habitant de Tal al-Sultan.
- "Le devoir" -
L'armée a intensifié ses opérations au sol, principalement dans l'est de Rafah, adossée à la frontière fermée avec l'Egypte, disant vouloir y réduire les derniers bataillons du Hamas.
Selon l'armée, les soldats mènent des "raids ciblés contre les infrastructures terroristes, éliminent l'ennemi et localisent des ouvertures de tunnels".
En recevant ce weekend à Tel-Aviv le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant a insisté sur "le devoir d'Israël d'étendre l'opération terrestre à Rafah, de démanteler le Hamas et de faire revenir les otages", malgré l'opposition de nombreuses capitales et organisations internationales à une opération majeure terrestre à Rafah.
Depuis l'ordre d'évacuation israélien de quartiers est de Rafah le 6 mai, à la veille de l'entrée de ses chars dans ce secteur, "environ la moitié de la population de Gaza" forte de 2,4 millions d'habitants, a été "forcée de fuir" à nouveau, a affirmé dimanche Philippe Lazzarini, le patron de l'Unrwa, agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens. "Il n'y a absolument aucun endroit sûr dans la bande de Gaza", a-t-il dit.
"La question qui nous hante est où irons-nous? Maintenant, tout le monde se demande comment satisfaire ses besoins alimentaires et comment échapper à la mort", a déclaré un habitant de Rafah, Sarhan Abou al-Saïd.
- "Plan d'action" -
Alors qu'aucune perspective d'une fin des hostilités n'est en vue, Benjamin Netanyahu est sous pression pour préparer une stratégie pour l'avenir de Gaza.
Dimanche à Jérusalem, Jake Sullivan l'a appelé à accompagner les opérations militaires d'une "stratégie politique" pour l'avenir du territoire palestinien.
Benny Gantz, membre du cabinet de guerre, a lui menacé de démissionner si un "plan d'action" pour l'après-guerre à Gaza n'était pas adopté rapidement. Yoav Gallant a sommé M. Netanyahu de "préparer immédiatement" une "alternative gouvernementale au Hamas".
Depuis que les soldats ont pris le 7 mai le contrôle côté palestinien du poste-frontière de Rafah avec l'Egypte, l'acheminement de l'aide humanitaire est quasiment à l'arrêt. Ce passage est crucial pour les aides dont le carburant, indispensable aux hôpitaux et à la logistique humanitaire.
R.Schmid--NZN