AEX
2.8500
La Chine a qualifié mardi le discours d'investiture la veille du nouveau président taïwanais Lai Ching-te d'"aveu de l'indépendance de Taïwan" et l'a menacé de "représailles".
Ce discours "peut être décrit comme un véritable aveu de l'indépendance de Taïwan", selon un communiqué du bureau chinois des affaires taïwanaises diffusé dans la soirée, évoquant des "représailles" à venir.
M. Lai, que Pékin a qualifié de "dangereux séparatiste" par le passé, a prêté serment lundi sur l'île. Il a promis d'y défendre la démocratie face aux menaces chinoises et appelé la Chine à "cesser ses intimidations politiques et militaires".
Il a aussi évoqué de manière directe le risque de guerre après des années d'une pression croissante exercée par la Chine pour que Taïwan passe sous son contrôle.
Les séparatistes taïwanais "seront cloués au pilori de la honte pour l'histoire", a commenté mardi le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi, selon un communiqué de son ministère.
"La trahison de Lai Ching-te envers sa nation et ses ancêtres est honteuse", a ajouté le ministre au cours d'une réunion des ministres des Affaires étrangères des pays de l'Organisation de Shanghai pour la coopération.
"Mais, quoi qu'ils fassent, ils ne pourront pas empêcher la Chine de parvenir finalement à une réunification complète", a-t-il poursuivi.
"Je voudrais insister sur le fait que, peu importe ce que (Lai) dit ou comment il le dit, cela ne changera pas le statut et le fait que Taïwan fait partie de la Chine", a fait valoir de son côté le porte-parole du bureau chinois des affaires taïwanaises, Chen Binhua.
- "Une ligne rouge infranchissable" -
Taïwan est autonome depuis 1949, lorsque les nationalistes se sont réfugiés sur l'île après leur défaite face aux forces communistes lors de la guerre civile chinoise sur le continent.
Pékin considère l'île gouvernée démocratiquement comme faisant partie de son territoire et n'a pas exclu le recours à la force pour la placer sous son contrôle.
Washington a abandonné la reconnaissance diplomatique de Taipei au profit de Pékin en 1979, mais est resté le partenaire le plus important de Taïwan et son principal fournisseur d'armes.
La Chine a dit mardi s'être plainte auprès des Etats-Unis des félicitations que le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a adressées au nouveau président de Taïwan, Lai Ching-te.
Dans son message de félicitations, M. Blinken a dit espérer que Washington et Taipei maintiendraient "la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan".
Pékin a aussi déclaré mardi que le message de M. Blinken "violait gravement le principe d'une seule Chine (...) et envoyait un mauvais signal aux forces séparatistes".
La Chine est "fortement mécontente et fermement opposée à cette démarche et a sévèrement répliqué aux Etats-Unis", a précisé Wang Wenbin, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, pendant une conférence de presse.
- "Signaux erronés" -
"La question de Taïwan est au cœur des intérêts fondamentaux de la Chine et constitue la première ligne rouge insurmontable dans les relations entre la Chine et les Etats-Unis", a ajouté M. Wang.
La Chine a dévoilé lundi de nouvelles sanctions contre trois entreprises américaines vendant des armes à Taïwan.
Huit chefs d'Etat, ceux des rares pays qui reconnaissent Taïwan, ont participé à la cérémonie d'investiture du président taïwanais lundi ainsi que plusieurs dizaines de délégations.
Une délégation américaine - comprenant l'ancien directeur du Conseil économique national, Brian Deese, et l'ancien secrétaire d'Etat adjoint Richard Armitage - y a assisté à Taipei.
Pékin a fermement condamné la présence des délégations, la qualifiant d'"ingérence grossière dans les affaires intérieures de la Chine" et déclarant qu'elle "mettait en danger la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan".
"Nous demandons fermement aux pays et aux hommes politiques concernés de cesser de se livrer à des manipulations politiques sur les questions liées à Taïwan, de cesser d'envoyer des signaux erronés aux forces séparatistes indépendantistes de Taïwan et de cesser de prendre des mesures erronées qui vont à l'encontre de la bonne foi internationale", a aussi dit M. Wang.
R.Schmid--NZN