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Emmanuel Macron s'est envolé mardi soir pour la Nouvelle-Calédonie avec l'objectif d'y renouer le fil du dialogue et d'accélérer le retour à l'ordre, après plus d'une semaine d'émeutes causées par l'adoption d'une réforme électorale contestée.
La visite surprise du chef de l'Etat a été annoncée en Conseil des ministres, alors que se multiplient les demandes de report du projet de loi constitutionnelle sur le corps électoral, rejeté par les indépendantistes.
Emmanuel Macron, qui a décollé en début de soirée selon l'Elysée, doit arriver jeudi matin (heure locale) dans l'archipel français du Pacifique Sud pour y installer une "mission", a précisé la porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot, sans plus de détail.
Dans l'agglomération de la capitale, Nouméa, la nuit de mardi à mercredi "a été plus calme que la précédente malgré deux incendies", a indiqué dans un communiqué le Haut-Commissariat de la République.
"La situation est terriblement triste et dangereuse. La France, qui a une relation compliquée à son histoire coloniale, a une possibilité de trouver une solution originale, même si c'est plus difficile qu'il y a trois mois", a ajouté l'ex-chef du gouvernement d'Emmanuel Macron lors d'une réunion publique à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques).
Dans un quartier aisé de Nouméa épargné par les émeutes, Jean, 57 ans, se relaie depuis une semaine avec ses voisins sur une barricade destinée à empêcher d'éventuelles intrusions.
La venue du président est "une bonne nouvelle", estime-t-il: "La situation est totalement bloquée, il faut espérer que ça permette aux esprits de se calmer, qu'une porte de sortie va être trouvée".
- "Trop tôt" pour un bilan -
Neuf jours après le début des plus graves violences touchant l'archipel depuis près de 40 ans, la situation reste précaire et des quartiers entiers restent quasi-inaccessibles et en proie aux émeutiers.
Mercredi matin, des incendies étaient visibles en plusieurs secteurs de l'agglomération de 170.000 habitants, dont la zone industrielle de Ducos, a constaté une journaliste de l'AFP.
"Plus de 90 barrages ont déjà été neutralisés et sont progressivement nettoyés", a indiqué le Haut-Commissariat dans son communiqué.
Depuis le début des violences, six personnes ont été tuées dont deux gendarmes mobiles, dont les dépouilles ont été ramenées lundi dans l'Hexagone.
Quelque 84 policiers et gendarmes ont aussi été blessés, a indiqué le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin devant les députés, qui ont observé mardi une minute de silence en hommage aux morts.
Les forces de l'ordre ont procédé à 276 interpellations, dont 248 ont conduit à des gardes à vue, a précisé M. Darmanin, qui se rend en Nouvelle-Calédonie avec le président de la République.
Le ministre de la Défense, Sébastien Lecornu, sera aussi du déplacement.
Signe de la difficulté à reprendre en main la situation sécuritaire, l'aéroport international de l'archipel a annoncé qu'il resterait fermé aux vols commerciaux jusqu'à samedi matin.
Après plusieurs jours de négociations, l'Australie et la Nouvelle-Zélande ont eux commencé à évacuer mardi leurs ressortissants piégés par les violences. Selon le Haut-Commissariat, "une centaine de touristes ont déjà regagné leurs territoires grâce à des vols affrétés par leurs autorités".
Environ 400 entreprises et commerces ont subi des dégradations dans Nouméa et les villes limitrophes depuis le début des émeutes, a annoncé mardi le procureur de la République de Nouméa.
Sur les barrages, la mobilisation ne semble pas toujours faiblir malgré le déploiement massif de forces de sécurité intérieure, qui dépassent désormais les 2.700 personnes.
- "Erreur gravissime" -
Les mesures exceptionnelles de l'état d'urgence sont maintenues, à savoir le couvre-feu nocturne, l'interdiction des rassemblements, du transport d'armes et de la vente d'alcool et l'interdiction de l'application TikTok.
Saisi par des défenseurs des libertés, le Conseil d'Etat a accordé mardi 24 heures supplémentaires au gouvernement pour motiver le blocage du réseau social et apporter des preuves du rôle que lui attribuent les autorités dans les émeutes.
Sur le front politique, les principales figures non-indépendantistes de l'archipel ont appelé à poursuivre l'examen de la réforme constitutionnelle contestée, qui doit être adoptée avant fin juin.
Son retrait serait "une erreur gravissime" qui donnerait "raison aux casseurs, aux pilleurs et aux émeutiers", a jugé le député Renaissance de Nouvelle-Calédonie Nicolas Metzdorf.
Vaimu'a Muliava, membre du gouvernement de Nouvelle-Calédonie, et issu de la communauté wallisienne, troisième en termes d'importance après les Kanak et les Européens, a en revanche appelé sur BFMTV à "stopper la course folle de cette loi".
Les appels se sont multipliés, de la gauche à l'extrême droite en passant par la majorité et plusieurs élus loyalistes calédoniens, pour réclamer un report de cette réforme qui aurait pour conséquence de marginaliser les voix de la communauté autochtone kanak, selon les indépendantistes.
T.L.Marti--NZN