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Xiomara Castro a prêté serment jeudi en milieu de journée comme première présidente du Honduras pour un mandat de quatre ans, devant une foule enthousiaste de près de 30.000 personnes dans le Stade national de Tegucigalpa.
"Je jure d'être fidèle à la République, de respecter et faire respecter sa Constitution et ses lois", a prononcé Mme Castro (gauche) en présence de Luis Redondo, qu'elle a reconnu président du Parlement, faisant fi de la crise ouverte par deux factions rivales de son parti Libre qui ont élu chacune leur propre président de cette assemblée.
M. Redondo a ceint la nouvelle présidente de l'écharpe bleue et blanche symbole de sa fonction.
Près de 30.000 personnes, brandissant des drapeaux honduriens bleus et blancs ou des bannières rouges du parti Libre de Mme Castro ont patienté depuis l'aube pour assister à la cérémonie.
M. Redondo a ouvert dans la matinée une session de "son" Parlement, dans le bâtiment officiel, tandis que le président de l'assemblée concurrente, M. Jorge Calix, gardait le silence.
Le dissident a remercié pour "l'honneur" qui lui est fait et a promis sur Twitter une "réponse rapide". Mais celle-ci se faisait encore attendre alors que les invités affluaient déjà pour la cérémonie d'investiture de Xiomara Castro.
La vice-présidente américaine Kamala Harris, le roi d'Espagne Felipe VI et le vice-président taïwanais William Lai, notamment, doivent assister à la cérémonie.
La présidente élue a annoncé dans la matinée les noms de plusieurs des ministres de son prochain gouvernement, notamment du ministre des Affaires étrangères, Eduardo Enrique Reina, et la ministre des Finances, Rixi Moncada.
Mais la controverse au sein de la majorité fait peser l'incertitude sur la capacité de Mme Castro à mettre en oeuvre son programme de transformation du Honduras. Car le soutien du Parlement est essentiel pour réformer un pays gangréné par la corruption et l'influence des narco-trafiquants qui ont infiltré l’État jusqu'à son plus haut niveau.
- 70% de pauvres -
La crise au Parlement a éclaté il y a six jours quand les dissidents de Libre ont refusé d'honorer un accord entre leur parti et ses alliés du Parti Sauveur du Honduras (PSH), qui a été déterminant dans la victoire de Mme Castro lors du scrutin de novembre. Aux termes de cet accord, M. Redondo, du PSH, devait être élu président du Parlement.
La rébellion a donné lieu à des scènes de pugilat à la tribune de l'Assemblée.
Mme Castro s'est indignée de l’élection de M. Calix grâce à l'alliance de la vingtaine de dissidents de son parti avec une cinquantaine de députés du Parti National (droite) du président sortant Juan Orlando Hernandez.
Mme Castro prendra la tête "d'un pays en crise profonde - avant tout sociale -, en proie au désespoir (d'une population) dont la détérioration des conditions de vie se traduit par l'exode massif de familles vers les Etats-Unis", souligne pour l'AFP le sociologue Eugenio Sosa, de l'Université nationale du Honduras.
Le nouvelle présidente doit notamment s'entretenir avec la vice-présidente américaine des moyens de s'attaquer aux causes de l'émigration massive vers les Etats-Unis, a indiqué un haut responsable américain.
"Les moyens de développer les opportunités économiques, de combattre la corruption et de gérer de manière humaine l'immigration figureront parmi les sujets abordés", a-t-il précisé.
Plus de 70% des 10 millions de Honduriens vivent sous le seuil de pauvreté, selon l'ONG Forum Social de la Dette Extérieure et de Développement du Honduras (FOSDEH).
Le Honduras est également en proie à la violence des gangs, les "maras", faisant du Honduras un des pays les plus dangereux au monde, en dehors des zones de guerre, avec un taux de près de 40 meurtres pour 100.000 habitants.
P.E.Steiner--NZN