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Après des mois de suspense, le Premier ministre britannique Rishi Sunak a annoncé mercredi la tenue d'élections législatives le 4 juillet, les travaillistes partant grands favoris pour déloger les conservateurs, au pouvoir depuis 14 ans.
C'est sous la pluie, la voix parfois couverte par de la musique venant du haut-parleur d'un manifestant, que le chef du gouvernement a fait part, depuis le perron du 10, Downing Street, de sa décision surprise de demander au roi Charles III de dissoudre le Parlement.
"Au cours des prochaines semaines, je me battrai pour chaque vote", a insisté Rishi Sunak.
"Je gagnerai votre confiance et je vous prouverai que seul un gouvernement conservateur que je dirige ne mettra pas en péril notre stabilité économique durement acquise et pourra restaurer la fierté et la confiance dans notre pays", a ajouté l'ancien banquier de 44 ans, accusant le Labour de n'avoir "aucun projet".
Rishi Sunak se bornait jusqu'à présent à évoquer des élections "au second semestre" et le scrutin, possible en théorie jusqu'en janvier 2025, était attendu à l'automne.
Mais face aux sondages calamiteux pour les Tories, la pression était de plus en plus forte pour qu'il clarifie ses intentions.
Une série de bonnes nouvelles économiques --retour de la croissance et coup de frein à l'inflation-- ont fini par le convaincre de se lancer.
- "Temps du changement" -
Après 14 ans de pouvoir conservateur marqués par le référendum du Brexit et cinq Premiers ministres, les Britanniques semblent pourtant décidés à tourner la page et à envoyer le travailliste Keir Starmer, ancien avocat de 61 ans à Downing Street.
"Le temps du changement est venu!", a lancé Keir Starmer après l'annonce des élections, présentant le vote Labour comme un vote "pour la stabilité, économique et politique".
"Nous pouvons mettre fin au chaos, nous pouvons tourner la page, nous pouvons commencer à reconstruire le Royaume-Uni et changer notre pays", a-t-il insisté.
Les sondages donnent le Labour, positionné au centre-gauche, autour de 45% des intentions de vote, loin devant les conservateurs, entre 20% et 25%, et le parti anti-immigration et anti-politiques climatiques Reform UK (12%).
Avec un mode de scrutin à la majorité simple à un tour dans les 650 circonscriptions du Royaume-Uni, de tels résultats se traduiraient par une large majorité pour les travaillistes.
Pour les Tories, que Boris Johnson avait menés à une victoire historique en 2019, les pronostics sont cataclysmiques.
Plus de 60 députés conservateurs sur 344 ont déjà renoncé à se représenter, y compris des poids lourds du parti.
Même en Ecosse, les indépendantistes, tout-puissants ces dernières années, sont désormais distancés dans les sondages par le Labour.
- Succession de crises -
"Tout le monde a envie de changement", résume Samuel Sackie, un comptable interrogé par l'AFP dans les rues de Londres, tout en estimant que les travaillistes ne proposent pas "vraiment de politique différente des conservateurs".
"Il était vraiment temps", juge Stephen Mann, 55 ans, qui travaille dans la finance. "Le gouvernement actuel ne fonctionnait plus (...) donc au moins on va pouvoir aller de l'avant".
Choisi par les députés de son parti en octobre 2022, Rishi Sunak était censé incarner, avec son passé de banquier d'affaires et de ministre des Finances, le retour du sérieux après les scandales de l'ère Boris Johnson et la quasi crise financière provoquée par les 49 jours de Liz Truss au pouvoir.
Mais son mandat a tourné au chemin de croix, les Britanniques semblant épuisés par la baisse du pouvoir d'achat des deux dernières années, le déclin des services publics -surtout du système de santé, à bout de souffle-, la hausse des taux d'intérêt ou encore la crise du logement. Sans parler des déchirements dans la majorité, où les luttes internes s'affichent ouvertement.
Rishi Sunak s'est montré incapable de redresser la barre malgré ses tentatives répétées de se relancer, d'afficher son autorité ou de séduire sa base avec des projets comme celui visant à envoyer les demandeurs d'asile au Rwanda.
De son côté, Keir Starmer, élu à la tête de son parti en 2020 après le très à gauche Jeremy Corbyn, a méthodiquement recentré le Labour. Il s'est attelé à se construire une image de dirigeant compétent et sérieux, prudent sur le plan économique et financier, et ferme sur les questions sécuritaires et migratoires.
Selon un sondage YouGov, Keir Starmer, avec 51% d'opinions défavorables, est l'homme politique le moins impopulaire du Royaume-Uni. Rishi Sunak recueille 71% d'opinions défavorables.
Le Labour est considéré par les sondés comme mieux placé que les Tories pour gérer tous les sujets sauf la défense, y compris la fiscalité, l'immigration et la sécurité qui sont traditionnellement les domaines de prédilection des conservateurs.
Ch.Siegenthaler--NZN