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Israël a laissé exploser sa colère mercredi après la décision de trois pays européens de reconnaître l'Etat de Palestine, en pleine guerre entre son armée et le Hamas palestinien dans la bande de Gaza assiégée et dévastée.
La création d'un Etat palestinien viable apparaît comme une perspective très incertaine en raison du refus d'Israël d'en entendre parler et de la colonisation juive qui morcelle les territoires sur lesquels les Palestiniens ambitionnent de l'établir.
Et elle constitue un nouveau revers pour Israël après que le procureur de la Cour pénale internationale Karim Khan a demandé des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu pour des "crimes contre l'humanité" présumés, en même temps que contre les dirigeants du Hamas, dans le contexte de la guerre.
"Israël ne restera pas silencieux sur cette question" de reconnaissance, a tonné le ministre israélien des Affaires étrangères Israël Katz, en annonçant la convocation des ambassadeurs d'Espagne, d'Irlande et de Norvège, et le rappel pour consultations des ambassadeurs israéliens dans ces trois pays.
- "Récompense pour le terrorisme" -
La reconnaissance de l'Etat de Palestine est "une récompense pour le terrorisme", a lancé le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, un farouche opposant à l'idée d'un tel Etat vivant au côté d'Israël. "A ce Mal, on ne peut pas donner un Etat."
Les trois Etats européens ont annoncé leur décision alors que la guerre fait rage entre Israël et le Hamas depuis une attaque sans précédent lancée le 7 octobre 2023 par des commandos du mouvement islamiste palestinien infiltrés de la bande de Gaza voisine dans le sud d'Israël.
L'attaque a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes. Sur les 252 personnes alors emmenées comme otages le 7 octobre, 124 sont toujours retenues à Gaza, dont 37 mortes, selon l'armée.
En riposte, M. Netanyahu a juré d'anéantir le Hamas, son armée lançant une offensive dévastatrice dans la bande de Gaza, où le Hamas, considéré comme une organisation terroriste par Israël, l'Union européenne et les Etats-Unis, a pris le pouvoir en 2007.
Au moins 35.709 Palestiniens, en majorité des civils, ont péri dans cette offensive, dont 62 ces dernières 24 heures, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement du territoire palestinien dirigé par le Hamas.
Les familles de cinq soldates israéliennes otages à Gaza ont autorisé mercredi la diffusion d'images montrant le moment de leur capture pendant l'attaque du 7 octobre. On peut voir ces jeunes femmes, certaines le visage en sang, assises à terre, les mains attachées dans le dos.
- "Coquilles vides" -
"Après que l'organisation terroriste Hamas a perpétré le plus grand massacre de Juifs depuis la Shoah, après avoir commis les crimes sexuels les plus horribles que le monde ait connus, ces pays ont choisi de récompenser le Hamas (...) et de reconnaître un Etat palestinien", a encore dit M. Katz.
Dans le camp adverse, le Hamas a salué cette reconnaissance comme une "étape importante" et l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) a parlé de "moments historiques". Les pays arabes l'ont saluée également.
Mais à Rafah, ville du sud de la bande de Gaza soumise à des bombardements quotidiens israéliens, Ahmed Ziad, 35 ans, dénonce des "coquilles vides si l'Amérique et les autres pays européens (...) ne soutiennent pas" une telle reconnaissance.
Le chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell a dit souhaiter travailler à "une position commune" des Vingt-Sept, après la reconnaissance de l'Etat de Palestine par deux Etats membres de l'UE, l'Espagne et l'Irlande.
Selon un décompte de l'Autorité palestinienne, l'Etat de Palestine est reconnu par 142 des 193 Etats membres de l'ONU.
La décision des trois pays européens "n'est certainement pas la grande victoire qu'elle prétend être", estime Inès Abdel Razek, la directrice de l'Institut palestinien pour la démocratie publique. Pour elle, la solution à deux Etats a fait long feu.
- Raids à Jabalia et Rafah -
Dans la bande de Gaza où plus de la moitié des 2,4 millions d'habitants ont été déplacés par la guerre, les bombardements israéliens et les affrontements entre l'armée et le Hamas n'ont pas cessé.
Les frappes aériennes ont continué de cibler Rafah ainsi que les secteurs de Jabalia, Zeitoun et Gaza-ville dans le nord du territoire.
L'armée a fait état de "raids ciblés contre des sites militaires du Hamas à Jabalia", de la destruction de nombreuses armes, et de la mort de "huit terroristes dans une frappe contre un dépôt d'armes".
Les soldats poursuivent sous une couverture aérienne leurs opérations au sol "contre des cibles du Hamas" dans des secteurs de Rafah, où l'armée a dit vouloir détruire les derniers bataillons du Hamas, son réseau de tunnels, et sauver les otages.
Les chars israéliens sont entrés le 7 mai dans l'est de Rafah et pris le contrôle côté palestinien du point de passage éponyme avec l'Egypte, principale entrée des aides humanitaires, avant de le fermer.
Depuis, l'acheminement des aides sont quasiment à l'arrêt alors que selon l'ONU 1,1 million de Palestiniens à Gaza font face à des "niveaux de faim catastrophiques".
L'armée a annoncé la mort de trois soldats à Gaza, portant à 287 le bilan de ses militaires tués depuis l'entrée des troupes israéliennes le 27 octobre dans le territoire palestinien.
M.Hug--NZN