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Les Etats-Unis ont mis jeudi la pression sur le G7 pour aider Kiev avec les actifs russes gelés par les pays occidentaux, appelant les grands argentiers du groupe réunis en Italie à être "ambitieux".
"Nous soutenons la décision de l'UE d’utiliser les bénéfices exceptionnels générés par ces actifs, mais nous devons aussi poursuivre nos efforts collectifs en faveur d’options plus ambitieuses, en prenant en compte tous les risques associés et en agissant ensemble", a lancé la secrétaire américaine au Trésor Janet Jellen, au premier jour de leur réunion à Stresa, dans le nord de l'Italie.
Ce sujet épineux devrait dominer les échanges des ministres des Finances et banquiers centraux des sept pays les plus riches du monde, qui se concertent jusqu'à samedi sur les rives du Lac Majeur pour préparer le terrain en vue du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement prévu mi-juin dans les Pouilles (sud).
Sur la table de négociations figure la proposition des Etats-Unis visant à accorder à l'Ukraine jusqu'à 50 milliards de dollars de prêt garanti par les futurs bénéfices engendrés par les 300 milliards d'euros d'avoirs de la Banque centrale de Russie gelés par le G7 et l'Europe.
Les sanctions à l'égard de Moscou et la menace commerciale chinoise figureront aussi en haut de leur agenda dominé par les tensions mondiales.
Lors de son point de point de presse, Mme Yellen a d'ailleurs aussi plaidé pour former "un front clair et uni" face aux "surcapacités industrielles" de la Chine qui génèrent des "déséquilibres macroéconomiques" appelant des "réponses" des pays occidentaux inondés de produits subventionnés à bas prix.
S'agissant de l'Ukraine, les détails du projet de l'administration Biden ne sont pas encore arrêtés, notamment le fait de savoir qui émettra la dette, les Etats-Unis seuls ou les pays du G7.
Mais c'est bien lui qui servira de base aux discussions du G7, a confirmé à l'AFP une source du Trésor italien. Pour l'Italie, qui préside cette année le G7, cette proposition est une "voie intéressante, à approfondir", mais "toute décision doit avoir une base juridique solide".
Outre les Etats-Unis et l'Italie, le G7 comprend le Japon, le Canada, la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne.
Le temps presse, car la lenteur de l'aide européenne et l'arrêt quasi-total pendant des mois de celle des Etats-Unis ont mis l'Ukraine en grande difficulté au moment même où la Russie reprenait l'initiative sur le terrain.
- "Médiateur honnête" -
L'UE a fait un premier pas en adoptant début mai un accord pour saisir les revenus provenant des avoirs de la Russie gelés afin d'armer l'Ukraine, une manne qui représentera entre 2,5 et 3 milliards d'euros par an.
Les membres du G7 appartenant à l'UE "feront face à une pression continue de la part des Etats-Unis pour en faire plus, avec le soutien du Canada et peut-être du Royaume-Uni", commente à l'AFP John Kirton, directeur du Groupe de recherche sur le G7 de l'université de Toronto (Canada).
Si Mme Yellen avait initialement prôné une solution plus radicale, la confiscation des actifs russes mêmes, elle a dû faire face aux réticences des pays européens qui redoutent de créer un précédent en matière de droit international, entraînant de lourds litiges judiciaires avec Moscou.
L'hôte de la réunion de Stresa, le ministre de l'Economie Giancarlo Giorgetti, n'a jamais caché l'ampleur du casse-tête des actifs russes immobilisés: l'Italie sera un "médiateur honnête" dans ces discussions "très délicates", a-t-il promis.
Moscou avait envoyé en avril un avertissement à peine voilé à l'Italie en tant que présidente du G7, en prenant le contrôle "temporaire" de la filiale russe du groupe italien Ariston, en guise de riposte à des "actions hostiles" menées par les Etats-Unis et leurs alliés.
Une quelconque sanction du G7 envers la Russie pourrait en effet s'avérer un boomerang, avec des représailles frappant d'autres sociétés européennes encore présentes sur son territoire.
La Russie avait menacé en mars l'UE de lui intenter des poursuites judiciaires "sur des décennies" en cas d'utilisation des revenus de ses avoirs gelés au profit de l'Ukraine, ce qui s'apparenterait selon Moscou à un "vol".
Recourir aux seuls intérêts des avoirs russes "réduirait considérablement les problèmes juridiques, car il ne s'agirait pas d'une confiscation des actifs", fait valoir M. Kirton.
Après des mois de tractations dues au blocage des républicains, le Congrès américain avait voté en avril un vaste paquet d'assistance militaire et économique à l'Ukraine de 61 milliards de dollars.
Les dirigeants de l'UE s'étaient quant à eux mis d'accord début février pour fournir à Kiev une nouvelle aide financière de 50 milliards d'euros sur quatre ans.
A.Ferraro--NZN