AEX
-4.0500
L'armée israélienne a annoncé vendredi que les corps de trois otages capturés lors de l'attaque du Hamas le 7 octobre avaient été récupérés dans la bande de Gaza, où les bombardements et combats au sol se poursuivent dans le territoire palestinien ravagé par plus de sept mois de guerre.
Vendredi, la Cour internationale de justice (CIJ), plus haute juridiction de l'ONU, doit se prononcer sur une requête de l'Afrique du Sud d'ordonner l'arrêt de l'offensive militaire israélienne contre le mouvement islamiste Hamas à Gaza. Le pays africain accuse Israël de "génocide" dans le territoire palestinien.
Dans la nuit, des avions de guerre israéliens ont survolé Gaza et des tirs ont été entendus au sud-est de cette grande ville du nord du territoire palestinien, a constaté l'AFP. L'armée israélienne a fait état de tirs de mortiers sur des soldats dans le centre.
Lors d'une opération conjointe de l'armée et de services de renseignements israéliens, trois corps d'otages tués le 7 octobre puis emmenés dans la bande de Gaza ont été récupérés dans la nuit à Jabalia, ville dans le nord du territoire palestinien. L'armée israélienne a indiqué vendredi y poursuivre ses opérations, notamment dans le camp de déplacés éponyme, désormais réduit à un champ de ruines, jonché de décombres.
- "Catastrophe humanitaire et sanitaire" -
La situation sécuritaire et humanitaire dans le territoire est alarmante.
"J'ai vu ma soeur et son mari gisant morts l'un à côté de l'autre", a raconté à l'AFPTV Ammar Abou Ghaben, un déplacé palestinien, après que plusieurs membres de sa famille ont été tués à la suite d'une attaque de navires de guerre israéliens sur la côte.
A Jabalia, l'hôpital Kamal Adwan est "hors service et 14 membres du personnel médical sont piégés à l'intérieur", a indiqué une source médicale de l'établissement.
L'hôpital Al-Ahli Arab, à Gaza-ville, a de son côté dénombré sept morts et mis en garde contre une pénurie de médicaments et de carburant, essentiel pour alimenter les générateurs.
La communauté internationale doit "fournir 50.000 litres de carburant (...) dans les prochaines heures afin d'éviter une catastrophe humanitaire et sanitaire", a appelé un haut responsable de l'hôpital Al-Aqsa, à Deir al-Balah (centre).
L'armée israélienne a lancé le 7 mai des opérations au sol dans cette ville, avec l'objectif affiché d'y anéantir les derniers bataillons du Hamas et sauver les otages, faisant fi des mises en garde internationales sur le sort des civils. Quelque 800.000 personnes ont fui, d'après l'ONU.
- "Libérer Gaza" -
La guerre dans la bande de Gaza a débuté le 7 octobre après l'attaque sur le sol israélien de commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza, qui a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.
Ce jour-là, 252 personnes ont également été emmenées comme otages dans le territoire palestinien. Aujourd'hui, 121 sont toujours retenues à Gaza, dont 37 sont mortes, selon l'armée.
En riposte, l'armée israélienne a lancé une offensive dévastatrice dans la bande de Gaza, où le Hamas, considéré comme une organisation terroriste par Israël, l'Union européenne et les Etats-Unis notamment, a pris le pouvoir en 2007.
Au moins 35.800 Palestiniens, essentiellement des civils, ont été tués dans cette offensive, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.
Après plus de 230 jours de guerre, la pression est de plus en plus forte sur Israël.
Des Israéliens se sont rassemblés vendredi matin devant le consulat américain à Jérusalem, portant des banderoles appelant à "libérer Gaza", d'après un photographe de l'AFP.
Plus tôt cette semaine, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) avait demandé l'émission de mandats d'arrêt pour des crimes présumés commis dans la bande de Gaza et en Israël contre des dirigeants du Hamas mais aussi israéliens, parmi lesquels le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Cette décision a provoqué des réactions véhémentes en Israël, M. Netanyahu affirmant la "rejeter avec dégoût" et parlant d'un "nouvel antisémitisme".
Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a appelé vendredi Israël à ne pas "intimider" et "menacer" les juges de la CPI.
- La CIA en renfort -
Sur un autre volet diplomatique, Israël a répliqué en sanctionnant Madrid deux jours après l'annonce de l'Espagne, l'Irlande et la Norvège de reconnaître l'Etat de Palestine. Le ministre des Affaires étrangères, Israël Katz, a annoncé vendredi avoir "décidé de couper le lien" entre le consulat d'Espagne à Jérusalem et les Palestiniens.
La veille, le directeur du ministère israélien des Affaires étrangères avait prévenu que la décision de ces trois pays rendrait "plus difficile la promotion d'un accord pour la libération des otages".
Le cabinet de guerre a néanmoins ordonné aux négociateurs israéliens de "retourner à la table des négociations pour obtenir le retour des otages", selon un haut responsable.
Début mai, des négociations indirectes entre Israël et le Hamas, par l'entremise du Qatar, de l'Egypte et des Etats-Unis, n'avaient pas abouti à un accord de trêve associée à la libération d'otages et de prisonniers palestiniens détenus par Israël.
Le chef de la CIA, William Burns, est attendu à Paris vendredi ou samedi pour tenter de relancer les pourparlers avec Israël sur une trêve à Gaza, a appris l'AFP de source occidentale proche du dossier.
Le président français, Emmanuel Macron, recevra vendredi soir le Premier ministre et chef de la diplomatie du Qatar, les ministres des Affaires étrangères d'Arabie saoudite, d'Egypte et de Jordanie, "pour faire pression en faveur d'un cessez-le-feu", a indiqué le porte-parole du ministère égyptien des Affaires étrangères, Ahmad Abou Zeid.
A.Senn--NZN