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La tension reste vive samedi en Nouvelle-Calédonie où se révèle délicate la mission de "rétablir l'ordre dans les jours à venir", fixée par Emmanuel Macron qui se dit prêt, dans Le Parisien, à soumettre au référendum national la réforme contestée du corps électoral.
"Je peux aller à tout moment au référendum" sur cette réforme déjà adoptée par le Sénat puis l'Assemblée, fait valoir le chef de l'Etat dans un entretien au Parisien. Il rappelle toutefois que sa volonté initiale est que les élus calédoniens s'entendent sur "un accord global qui viendrait enrichir le texte déjà voté par le Parlement".
"Même si on arrive à la fin des violences, il faudra revivre ensemble. C’est ça, le plus dur", souligne M. Macron.
Sur le terrain, la situation "demeure très difficile pour les habitants de l'île, en particulier dans le Grand Nouméa", a relevé samedi soir la ministère déléguée aux Outre-mer Marie Guévenoux dans un communiqué.
Les Français de métropole, restés coincés dans l'archipel en raison des émeutes, commencent à entrevoir le bout du tunnel: de premiers vols à bord d'appareils militaires ont décollé samedi de l'aérodrome de Magenta à Nouméa, vers l'Australie et la Nouvelle-Zélande.
Malgré les appels sur place à "l'apaisement" du chef de l'Etat, les barrages sur les routes, démantelés par les forces de l'ordre et souvent aussitôt réinstallés, continuent à entraver la circulation et les violences se poursuivent.
Dans la nuit de vendredi à samedi, dans le quartier de Kaméré à Nouméa, 35 personnes, dont sept mineurs selon les autorités, ont dû être évacuées par la mer sous protection de la brigade nautique après l'incendie d'une maison du quartier et des pillages.
Les forces de l'ordre "sont passées avec un micro dans la rue pour nous dire d’évacuer le quartier. Les enfants ont été pris en charge en priorité", a rapporté à l'AFP une mère de jumelles de deux ans. "On a su par les gens du quartier que notre maison avait été pillée dans la nuit, comme d'autres. C'est horrible, très choquant", a-t-elle raconté en pleurs au téléphone.
- "On maintient la résistance" -
Le FLNKS (Front de libération nationale kanak et socialiste) a lui-même admis samedi qu'"aujourd'hui, l'objectif principal du mouvement indépendantiste est d'apaiser les tensions et de trouver des solutions durables pour notre pays".
"J’assume un geste d’apaisement et d’ouverture mais je ne prendrai jamais de décision de report ou de suspension sous la pression de la violence", a redit Emmanuel Macron au Parisien.
Tout en réclamant à nouveau l'abandon de cette loi qui a mis le feu aux poudres et déclenché le 13 mai des émeutes inédites en 40 ans, le FLNKS a dit prendre "acte du processus de désescalade proposé par le président de la République et des engagements demandés à chacune des parties de façon à pouvoir sortir de cette crise par le haut".
"En ce sens, le FLNKS renouvelle son appel au calme et demande également à desserrer l'étau sur les principaux axes de circulation de manière à ce que la population calédonienne puisse, de façon progressive, circuler librement, s'approvisionner et avoir accès aux services publics les plus élémentaires", écrit le mouvement indépendantiste.
"On maintient la résistance dans nos quartiers", avait cependant lancé la veille Christian Tein, le chef de file de la CCAT, collectif indépendantiste qui organise la contestation, dénonçant "la forte répression (...) que notre population est en train de subir".
- Craintes d'embrasement -
Le bilan des violences est passé vendredi à sept morts, le septième étant un homme de 48 ans dont l'identité n'a pas été communiquée, tué à Dumbéa (à côté de Nouméa) par un policier. Ce dernier a été placé en garde à vue.
Il s'agissait "d'un policier en civil, qui n'était pas en service" et "a été pris à partie par une vingtaine d'individus dans le cadre d'un barrage", a précisé samedi Marie Guévenoux.
"Il n'y a pas d'opérations de police qui ont mené à la mort de personnes et c'est extrêmement important de le souligner", a-t-elle poursuivi, alors que ce décès a suscité des craintes d'embrasement de la situation sur place, où le calme reste précaire au surlendemain de la visite du chef de l'Etat.
La levée de l'état d'urgence n'est pas pour tout de suite, a confirmé Marie Guévenoux. Cela ne pourra être fait "qu'à la condition que les barrages soient levés et le calme revenu", "je crains qu'à l'heure où je vous parle, ce ne soit pas possible".
Le président de la République a donné jusqu'à la fin juin aux élus et responsables politiques de l'archipel, aidés par une "mission de médiation" de trois hauts fonctionnaires dépêchés de Paris, pour trouver "un accord global" qui "puisse être soumis au vote des Calédoniens".
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A.Senn--NZN