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L'armée israélienne a mené dimanche de nouveaux bombardements dans la bande de Gaza, au moment où s'intensifient les efforts diplomatiques en vue d'une reprise des négociations pour parvenir à une trêve dans le territoire palestinien.
A Tel-Aviv et dans le centre d'Israël, des sirènes d'alerte ont retenti pour la première fois depuis des mois. L'armée israélienne a fait état de huit roquettes tirées depuis Rafah, dans l'extrême sud de la bande de Gaza, où l'armée mène depuis le 7 mai des opérations pour détruire les derniers bataillons du Hamas, contre qui elle est en guerre depuis bientôt huit mois.
Dans la foulée, la branche armée du mouvement islamiste palestinien a confirmé avoir visé Tel-Aviv avec un "important barrage de roquettes".
Dans la bande de Gaza, des frappes aériennes et des tirs d'artillerie ont visé de nouveau le nord et le centre du territoire, ainsi que Rafah, malgré une décision vendredi de la Cour internationale de justice (CIJ) ordonnant à Israël de suspendre ses opérations dans ce secteur essentiel à l'entrée de l'aide humanitaire.
L'étau se resserre chaque jour un peu plus sur Israël. Un haut responsable israélien a annoncé dimanche à l'AFP qu'une réunion du cabinet de guerre était prévue dimanche soir, afin d'évoquer les efforts destinés à obtenir une libération d'otages, retenus dans la bande de Gaza depuis l'attaque du Hamas le 7 octobre qui a déclenché la guerre.
- "Justice" -
L'attaque sur le sol israélien de commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.
Ce jour-là, 252 personnes ont été emmenées comme otages dans le territoire palestinien. Après une trêve en novembre ayant notamment permis la libération d'une centaine d'entre eux, 121 otages sont toujours retenus à Gaza, dont 37 sont morts, selon l'armée.
En réponse, l'armée israélienne a lancé une offensive tous azimuts dans le territoire palestinien, qui a fait au moins 35.984 morts, essentiellement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas, mouvement classé terroriste par Israël, les Etats-Unis ou encore l'Union européenne.
Par ailleurs, l'armée israélienne a annoncé dimanche la mort d'un soldat, portant à 288 le bilan de ses militaires tués depuis l'entrée des troupes israéliennes le 27 octobre dans l'étroite bande de terre assiégée.
Après plus de 230 jours de guerre, les efforts internationaux se poursuivent pour arracher une trêve entre Israël et le Hamas, arrivé au pouvoir à Gaza en 2007.
Début mai, des pourparlers indirects entre Israël et le mouvement palestinien, par l'entremise du Qatar, de l'Egypte et des Etats-Unis, n'avaient pas débouché sur un accord de trêve associée à la libération d'otages et de prisonniers palestiniens détenus par Israël.
Ce week-end, des médias israéliens ont rapporté que David Barnea, le chef du Mossad (les services de renseignement israéliens), avait trouvé un accord avec le directeur de la CIA, William Burns, et le Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, sur un nouveau cadre pour les négociations, lors d'une réunion à Paris.
L'Egypte poursuit également "ses efforts pour réactiver les négociations", selon Al-Qahera News, un média proche du renseignement égyptien, tandis que des responsables qataris devraient rencontrer une délégation du Hamas dans les prochains jours, d'après le site américain Axios.
De son côté, le président américain Joe Biden a affirmé être "engagé dans une diplomatie de l'urgence" pour tenter de sécuriser un cessez-le-feu et la libération des otages.
A partir de mardi, l'Espagne, l'Irlande et la Norvège devraient reconnaître officiellement l'Etat de Palestine, après avoir annoncé mercredi dernier leur décision de le faire.
"Les Palestiniens ont le droit d'avoir un Etat, comme les Israéliens ont ce droit", a estimé dimanche le ministre espagnol des Affaires étrangères, Jose Manuel Albares, à Bruxelles, où le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a plaidé pour une autorité palestinienne "forte" pour parvenir à la paix.
Israël a également été mis sous pression par le procureur de la CPI, Karim Khan: "Personne n'est autorisé à commettre des crimes de guerre ou des crimes contre l'humanité", a-t-il martelé dans une interview, quelques jours après avoir demandé l'émission de mandats d'arrêt pour des crimes présumés commis dans la bande de Gaza et en Israël contre des dirigeants du Hamas mais aussi israéliens, parmi lesquels le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
- "Manque cruel" -
Pendant ce temps, la situation demeure désastreuse dans la bande de Gaza, exposée à un risque de famine.
Le point de passage de Rafah, à la frontière avec l'Egypte, qui permettait l'acheminement de l'aide humanitaire, a été fermé après le lancement de l'opération terrestre israélienne.
"Nous souffrons (...) de la faim, de la soif et d'un manque cruel d'aide", raconte à l'AFP Moaz Abou Taha depuis cette ville qu'ont fui quelque 800.000 personnes au cours des deux dernières semaines, selon l'ONU.
"Plusieurs hôpitaux de Rafah ont également cessé de fonctionner, soit parce qu'ils se trouvent dans des zones de combat, qu'ils manquent de carburant ou qu'ils ont été pris pour cible", poursuit le Palestinien de 29 ans.
L'Egypte, qui refuse de rouvrir le terminal de Rafah tant que les troupes israéliennes contrôlent le côté palestinien, a annoncé dimanche que des camions d'aide en provenance du territoire égyptien ont commencé à entrer dans la bande de Gaza par le point de passage israélien de Kerem Shalom, selon Al-Qahera News.
D'après ce média, un total de "200 camions" se sont dirigés vers Kerem Shalom, sans préciser combien de véhicules avaient passé les contrôles.
Dans ce contexte, le roi Abdallah II de Jordanie a appelé dimanche à "doubler" l'aide humanitaire et à l'acheminer "sans objection ni retard".
U.Ammann--NZN