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Madrid, Dublin et Oslo vont formellement reconnaître mardi l'Etat de Palestine, une décision provoquant la fureur d'Israël qui y voit un "prix" décerné au Hamas en pleine guerre dans la bande de Gaza.
"La reconnaissance de l'Etat de Palestine est une question de justice pour le peuple palestinien", a insisté lundi à Bruxelles le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, aux côtés de ses homologues irlandais et norvégien.
Annoncée mercredi dernier de façon coordonnée par les Premiers ministres de ces trois pays, cette décision sera effective mardi.
Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez doit s'exprimer à 06H30 GMT avant l'adoption par son gouvernement du décret portant sur la reconnaissance par l'Espagne de l'Etat de Palestine.
Le gouvernement irlandais doit également se réunir dans la matinée tandis que la Norvège a remis dimanche une note verbale au nouveau Premier ministre palestinien Mohammed Mustafa actant l'entrée en vigueur mardi de cette décision.
Ces trois pays européens - dont deux sont membres de l'UE (Espagne et Irlande) - veulent croire que leur initiative a une forte portée symbolique, à même d'amener d'autres Etats à les rejoindre.
Ils mettent en avant le rôle tenu par la Norvège et l'Espagne dans le processus de paix des années 1990 au Proche-Orient. Madrid avait en effet accueilli une Conférence de paix israélo-arabe en 1991, deux ans avant les accords d'Oslo de 1993.
- Divergences au sein de l'UE -
Si la Slovénie va elle aussi reconnaître prochainement l'Etat de Palestine, la question suscite de profondes divergences au sein de l'UE.
D'autres Etats membres jugent en effet, comme la France, que ce n'est pas le bon moment. L'Allemagne n'envisage une telle reconnaissance qu'à l'issue de négociations entre les deux parties.
En incluant l'Espagne, l'Irlande et la Norvège, l'Etat de Palestine est reconnu par 145 pays sur les 193 Etats membres de l'ONU, selon un décompte de l'Autorité palestinienne. Sont absents de cette liste la plupart des pays d'Europe occidentale et d'Amérique du Nord, l'Australie, le Japon ou encore la Corée du Sud.
Jusqu'ici, la Suède avait été en 2014 le seul pays de l'UE à l'avoir reconnu, la République tchèque, la Hongrie, la Pologne, la Bulgarie, la Roumanie et Chypre l'ayant fait avant de rejoindre le bloc.
La décision de Madrid, de Dublin et d'Oslo a provoqué la semaine dernière la fureur d'Israël. Et les tensions sont encore montées d'un cran ces derniers jours.
- "Prix" décerné au Hamas -
Le ministre israélien des Affaires étrangères Israël Katz a ainsi pris lundi des "mesures punitives" à l'encontre du consulat d'Espagne à Jérusalem, obligé de cesser ses services aux Palestiniens le 1er juin.
"Nous ne tolérons pas que l'on porte atteinte à la souveraineté et à la sécurité d'Israël", a-t-il dit, en accusant l'Espagne de décerner "un prix au Hamas" dont l'attaque du 7 octobre dans le sud d'Israël a déclenché la guerre dans la bande de Gaza.
Cette attaque a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes. Les représailles d'Israël ont fait plus de 36.000 morts dans la bande de Gaza, essentiellement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.
Israël Katz a aussi mis en ligne dimanche sur le réseau social X une vidéo associant des images de l'attaque du 7 octobre avec d'autres de danseurs de flamenco, en affirmant que le Hamas disait "merci pour (ses) services" à Pedro Sánchez.
Une vidéo qualifiée de "scandaleuse et d'abominable" par José Manuel Albares.
La ministre espagnole de la Défense, Margarita Robles, a par ailleurs haussé le ton en accusant samedi Israël de commettre un "véritable génocide" à Gaza, un terme employé jusqu'ici uniquement par des ministres d'extrême gauche mais jamais par un membre socialiste du gouvernement espagnol.
"Certains ont qualifié notre décision" de "prix décerné au terrorisme. Rien n'est plus éloigné de la vérité", a insisté lundi le ministre irlandais des Affaires étrangères Micheal Martin, en défendant la reconnaissance de l'Etat de Palestine aux côtés de celui d'Israël comme la volonté de Dublin, Madrid et Oslo de "voir un avenir de relations normalisées entre les deux peuples".
X.Blaser--NZN