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Les 12 jurés au procès pénal de Donald Trump à New York délibèrent mercredi pour trouver un verdict historique qui pourrait faire basculer la campagne présidentielle américaine dans un scénario totalement inconnu.
Le juge du tribunal de Manhattan Juan Merchan, qui préside ce procès sans précédent contre un ancien président des Etats-Unis, a ordonné aux sept hommes et cinq femmes de se retirer à huis clos, non sans les avoir mis en garde contre toute tentation de juger des faits en fonction de leurs "opinions personnelles".
"Vous avez pour obligation de mettre de côté (vos) opinions personnelles qu'elles soient favorables ou contre l'accusé", a prévenu le magistrat en donnant ses instructions juridiques au jury de 12 citoyens américains qui doivent décider du sort judiciaire de leur ancien président républicain (2017-2021) et qui aspire à le redevenir le 20 janvier prochain.
En campagne pour la présidentielle du 5 novembre, contraint depuis mi-avril de venir chaque jour dans le prétoire, le milliardaire républicain a alors tempêté devant la presse contre "une situation scandaleuse" et dénoncé des "poursuites (pénales) truquées".
- "Mère Teresa" -
Même "Mère Teresa ne pourrait pas balayer ces accusations", a-t-il lancé, estimant par là que même une sainte telle que la célébrissime religieuse catholique albano-indienne, morte en 1997 et canonisée, ne pourrait pas convaincre la justice de son innocence.
Sur son réseau Truth Social, Donald Trump a fustigé aussi un "tribunal de pacotille!" et un magistrat "corrompu et conflictuel".
Mardi fut une journée marathon au 15e étage du palais de Justice de Manhattan.
Le jury a écouté plus de trois heures de plaidoiries de la défense demandant l'acquittement "vite fait, bien fait" de son accusé, puis cinq heures de réquisitoire de l'accusation réclamant sa condamnation pour avoir "subverti la démocratie".
Six semaines de débats à New York ont été dominés par des histoires de sexe, d'argent et de politique.
Le jury va devoir trancher une question: Donald Trump s'est-il rendu coupable de 34 falsifications de documents comptables, destinées à cacher un paiement de 130.000 dollars à l'actrice de films X Stormy Daniels pour éviter un scandale sexuel à la toute fin de sa campagne présidentielle de 2016?
- Unanimes -
En cas de réponse positive, la campagne présidentielle de 2024 basculerait dans un scénario sans précédent, avec l'un des deux grands candidats se retrouvant sous le poids considérable d'une condamnation pénale.
Donald Trump pourrait faire appel et quand même se présenter le 5 novembre face à Joe Biden, le président démocrate sortant de 81 ans.
Le délibéré des jurés peut prendre plusieurs jours. Il leur faudra être unanimes pour déclarer Donald Trump coupable ou non coupable.
Si, au bout d'un certain temps, ils parviennent à un constat de désaccord, le procès sera annulé et à refaire entièrement, un répit qui pourrait s'avérer suffisant à Donald Trump, car il sera probablement difficile d'organiser de nouveaux débats avant l'élection présidentielle.
La défense n'a donc besoin de convaincre qu'un seul juré de ne pas condamner le candidat du Parti républicain.
- "Complot" -
Durant un réquisitoire de cinq heures mardi, le procureur Joshua Steinglass a tenté une dernière fois de convaincre les jurés que derrière les falsifications comptables, "le coeur de cette affaire, c'est un complot et une dissimulation" pour gagner la présidentielle de novembre 2016 contre Hillary Clinton.
L'argent avait servi à acheter le silence de Stormy Daniels sur une relation sexuelle qu'elle affirme avoir eue en 2006 avec le milliardaire, alors qu'il était déjà marié avec son épouse Melania, un épisode nié par Donald Trump.
La somme avait été versée à l'actrice par Michael Cohen, l'ancien homme de confiance de l'homme d'affaires et dirigeant républicain.
Une fois Donald Trump à la Maison Blanche, en 2017, Michael Cohen s'était fait rembourser, à l'aide, selon l'accusation, de fausses factures et d'entrées maquillées en "frais juridiques" dans les comptes de la Trump Organization, d'où les poursuites pour falsifications comptables.
Mais pour la défense, cette thèse ne tient pas. Donald Trump, devenu "chef du monde libre" et occupé à des problèmes bien plus importants, ne connaissait pas les détails de la paperasse quand il a rémunéré son avocat.
S'il était déclaré coupable, le juge prononcerait la peine dans plusieurs semaines. Elle pourrait aller jusqu'à quatre ans de prison, mais le magistrat peut décider d'une peine alternative, comme d'un sursis avec mise à l'épreuve.
D.Smith--NZN