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L'armée israélienne pilonne vendredi le centre et le sud de la bande de Gaza, après avoir annoncé cette semaine contrôler une zone tampon stratégique entre le territoire palestinien et l'Egypte au coeur de son opération contre le Hamas.
Aux premières heures de vendredi, des témoins palestiniens ont fait état de frappes israéliennes près de Rafah (sud), nouvel épicentre de la guerre entre Israël et le Hamas en proie jeudi à d'intenses tirs d'artillerie, mais aussi dans le secteur de Nousseirat (centre).
Jeudi, des tirs d'artillerie ont eu lieu à Zeitoun, un quartier de la ville de Gaza, selon des journalistes de l'AFP. Toujours dans le nord, les forces israéliennes ont visé Beit Lahia et le camp de Jabalia, selon des témoins.
"Tout a été détruit, même les rues ont été détruites. Il y a des cadavres dans les rues, des gens tués dans les rues, nous avons même trouvé des animaux tués dans les rues. Que dire ?", a déclaré sur place à l'AFP Atef Hassouna, un Palestinien marchant dans les décombres de Jabalia.
En dépit de l'indignation internationale soulevée par le bombardement meurtrier dimanche d'un camp de déplacés à Rafah, l'armée israélienne poursuit son offensive terrestre dans cette ville surpeuplée lancée le 7 mai pour éliminer, selon elle, les derniers bataillons du Hamas.
Dans un entretien à la chaîne française LCI, réalisé à distance, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a qualifié de "calomnies antisémites" le fait qu'Israël soit accusé de cibler des civils ou de les affamer dans la bande de Gaza.
Depuis la frappe meurtrière sur un camp de déplacés à Rafah, des manifestations se sont multipliées en France. Et jeudi soir plusieurs centaines de personnes s'étaient rassemblées devant le siège de la chaîne privée TF1, près de Paris, pour protester contre la diffusion sur la chaîne d'information du groupe, LCI, de ce rare entretien de M. Netanyahu avec un média français.
- "Corridor de Philadelphie" -
Le déploiement terrestre à Rafah a permis à Israël de prendre le contrôle "ces derniers jours" du "couloir de Philadelphie", une zone tampon de 14 kilomètres qui borde la frontière égyptienne le long du sud de la bande de Gaza.
"Le couloir de Philadelphie servait de tuyau d'oxygène au Hamas, par lequel il faisait transiter régulièrement des armes vers la bande de Gaza", a déclaré le porte-parole de l'armée israélienne, le contre-amiral Daniel Hagari.
Mais l'Egypte du président Abdel Fattah al-Sissi, qui avait affirmé avoir détruit nombre de tunnels du Hamas à son arrivée au pouvoir il y a une décennie, a démenti l'existence de tunnels sous la frontière, affirmant qu'Israël cherchait ainsi à justifier son offensive à Rafah.
Le Caire et Israël se renvoient par ailleurs la responsabilité du blocage de l'acheminement de l'aide humanitaire par le poste-frontière de Rafah, seul point de passage entre le territoire palestinien et l'Egypte, depuis que l'armée israélienne en a pris le contrôle, du côté palestinien, début mai.
Le point de passage de Rafah est crucial pour l'entrée de l'aide dont la population de la bande de Gaza, dévastée par bientôt huit mois de guerre, a désespérément besoin.
L'ONU et des ONG mettent régulièrement en garde contre un risque de famine dans le territoire palestinien assiégé, où des produits entrent au compte-goutte via d'autres passages, notamment ceux israéliens d'Erez et de Kerem Shalom où "plus de 250 camions d'aide humanitaire" sont entrés jeudi selon l'armée israélienne, un niveau en deça toutefois des besoins pour Gaza selon l'ONU.
- Conférence de paix ? -
A l'heure où la guerre s'étire dans la bande de Gaza, le parti israélien de centre-droit de Benny Gantz, membre du cabinet de guerre de M. Netanyahu après l'avoir affronté dans de nombreux scrutins, a déposé jeudi un projet de loi pour dissoudre le Parlement et tenir des élections anticipées.
Mais un tel scénario signifierait "une capitulation face aux pressions internationales et un coup fatal aux efforts visant à libérer nos otages", a riposté le Likoud, le parti de droite de Benjamin Netanyahu.
L'attaque du 7 octobre en Israël a entraîné la mort de plus de 1.189 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte réalisé par l'AFP à partir des dernières données officielles disponibles. Sur les 252 personnes emmenées comme otages pendant l'attaque, 121 sont toujours retenues à Gaza, dont 37 sont mortes selon l'armée.
En représailles, Israël a juré d'anéantir le Hamas, qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne, et a lancé une offensive qui a fait jusqu'à présent 36.224 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé de l'administration du Hamas.
Alors que les négociations indirectes pour un cessez-le-feu sont au point mort, le Hamas a affirmé jeudi être favorable à une trêve qui inclurait un "accord global sur un échange" d'otages et de prisonniers palestiniens, mais uniquement si Israël arrêtait ses bombardements.
Dans ce contexte d'une médiation américaine qui piétine, le président chinois, Xi Jinping, a plaidé jeudi pour l'organisation d'une "conférence de paix élargie" pour mettre fin au conflit, affirmant que la justice ne devait "pas être absente pour toujours".
P.E.Steiner--NZN