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L'armée israélienne a mené vendredi une série de frappes meurtrières du nord au sud de la bande de Gaza, tout en accentuant sa pression sur Rafah, où ses soldats opèrent dans le centre de la ville contre les combattants palestiniens du mouvement islamiste Hamas.
Aux premières heures de la journée, des témoins ont signalé des frappes israéliennes près de Rafah, à l'extrême sud de la bande de Gaza, nouvel épicentre de la guerre qui oppose Israël au Hamas depuis bientôt huit mois, ainsi qu'à Nousseirat, dans le centre de l'étroite bande de terre.
L'armée a indiqué que ses "commandos opérant dans le centre de Rafah" y avaient découvert "des lance-roquettes" du Hamas, des "tunnels" et des "armes", et "détruit un entrepôt d'armes dans la zone".
Elle a aussi annoncé la mort de deux soldats à Gaza, portant à 292 le bilan de ses militaires tués depuis l'entrée des troupes israéliennes fin octobre dans le territoire palestinien.
Dans le centre de la bande côtière, des frappes nocturnes sur deux sites distincts ont fait 11 morts, selon des sources médicales à Deir al-Balah et dans le camp de Nousseirat.
L'armée a affirmé pour sa part avoir "éliminé plusieurs terroristes qui opéraient à proximité" de ses troupes dans cette zone.
Malgré la vague d'indignation internationale soulevée par le bombardement dimanche d'un camp de déplacés à Rafah, qui a fait des dizaines de morts, l'armée a poursuivi son offensive terrestre dans cette ville surpeuplée, lancée le 7 mai avec l'objectif déclaré d'éliminer les derniers bataillons du Hamas.
Dans un entretien réalisé à distance avec la chaîne française LCI, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a qualifié de "calomnies antisémites" les accusations selon lesquelles Israël ciblerait délibérément ou affamerait des civils à Gaza.
- Crise humanitaire -
Le déploiement terrestre à Rafah a permis à Israël de prendre le contrôle du "couloir de Philadelphie", une zone tampon de 14 kilomètres bordant la frontière égyptienne au sud de la bande de Gaza.
"Le couloir de Philadelphie servait de tuyau d'oxygène au Hamas, par lequel il faisait transiter régulièrement des armes vers la bande de Gaza", a déclaré le porte-parole de l'armée israélienne, Daniel Hagari.
Mais l'Egypte du président Abdel Fattah al-Sissi, qui avait affirmé avoir détruit de nombreux tunnels du Hamas à son arrivée au pouvoir il y a une décennie, a démenti l'existence de tels tunnels sous la frontière, accusant Israël de chercher à justifier son offensive à Rafah.
Le Caire et Israël se renvoient aussi la responsabilité du blocage de l'acheminement de l'aide humanitaire par le poste-frontière de Rafah, seul point de passage entre le territoire palestinien et l'Egypte, fermé depuis que l'armée israélienne en a pris le contrôle du côté palestinien début mai.
Le point de passage de Rafah est crucial pour l'entrée de l'aide humanitaire, dont la population de la bande de Gaza a désespérément besoin.
L'ONU met régulièrement en garde contre le risque de famine dans le territoire palestinien assiégé, où l'aide entre au compte-goutte, notamment via le passage israélien d'Erez.
"Cela fait 24 jours que l'occupation israélienne a pris le contrôle du point de passage de Rafah et fermé celui de Kerem Shalom, ce qui a aggravé la crise humanitaire en empêchant 22.000 blessés et malades de sortir de Gaza pour être soignés, et en empêchant l'aide d'entrer", a déploré vendredi le bureau des médias du gouvernement de Gaza.
- "Pas négociables" -
A l'heure où la guerre ne connait pas de répit, le parti israélien de centre-droit de Benny Gantz, membre du cabinet de guerre de M. Netanyahu après l'avoir affronté lors de nombreux scrutins, a déposé jeudi un projet de loi visant à dissoudre le Parlement et à organiser des élections anticipées.
Un tel scénario serait "une capitulation face aux pressions internationales et un coup fatal aux efforts visant à libérer nos otages", a réagi le Likoud, le parti de droite de Benjamin Netanyahu.
La guerre a été déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre, qui a entraîné la mort de plus de 1.189 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte réalisé par l'AFP à partir des dernières données officielles disponibles. Sur les 252 personnes emmenées comme otages pendant l'attaque, 121 sont toujours retenues à Gaza, dont 37 sont mortes, d'après l'armée.
En représailles, Israël a juré d'anéantir le mouvement islamiste, qu'il considère comme une organisation terroriste, tout comme les Etats-Unis et l'Union européenne. Son offensive tous azimuts a fait jusqu'à présent 36.224 morts dans la bande de Gaza, essentiellement des civils, selon le ministère de la Santé de l'administration du Hamas.
Alors que les négociations indirectes pour un cessez-le-feu sont au point mort, le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a indiqué vendredi que "la résistance" avait "informé les médiateurs une fois de plus que ses exigences ne sont pas négociables".
L.Rossi--NZN