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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a salué vendredi "un pas en avant" après le feu vert, sous conditions, donné par les États-Unis concernant l'utilisation de leurs armes contre des cibles sur le sol russe.
La veille, le président américain Joe Biden, qui s'y refusait jusqu'ici, a accepté que les Ukrainiens frappent dans certains cas des cibles sur le territoire russe proches de la région de Kharkiv (nord-est), selon un responsable américain qui a requis l'anonymat.
Cela peut être fait "de manière à riposter lorsque les forces russes les attaquent ou se préparent à les attaquer" dans cette zone, a précisé cette source.
"Il s'agit d'un pas en avant vers cet objectif (...) de défendre notre peuple qui vit dans les villages situés le long de la frontière" avec la Russie, a réagi Volodymyr Zelensky pendant le troisième sommet Ukraine-Europe du Nord à Stockholm.
Les pays occidentaux ont affiché vendredi un soutien grandissant, bien que nuancé, à l'utilisation par l'Ukraine de leurs armes contre la Russie dans ses frontières.
L'Allemagne a ainsi estimé que les Ukrainiens pouvait recourir à ses équipements contre des cibles militaires en Russie, notamment en réponse à l'offensive déclenchée le 10 mai par Moscou et qui se poursuit dans la région de Kharkiv .
Le porte-parole du chancelier Olaf Scholz, Steffen Hebestreit, a rappelé que l'Ukraine avait le "droit" de se défendre avec les armes dont elle dispose, "y compris celles que nous avons livrées".
La décision de Washington marque un revirement, les Etats-Unis craignant jusque-là qu'une telle mesure n'entraîne l'Otan dans un conflit direct avec la Russie.
Vendredi, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a quant à lui assuré que des armements américains étaient "déjà utilisés pour tenter de frapper le territoire russe".
Il y a vu la preuve du "degré d'implication des États-Unis dans ce conflit".
- "Escalade" -
Jeudi, la Russie avait déjà reproché à l'Alliance atlantique de lancer "un nouveau cycle d'escalade".
Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a dit vendredi n'y voir que des "efforts" du président russe Vladimir Poutine "pour empêcher les alliés de l'Otan de soutenir l'Ukraine".
M. Stoltenberg appelle depuis plusieurs jours les capitales occidentales à lever des restrictions qui "lient les mains dans le dos des Ukrainiens".
Il a rappelé que l'utilisation d'armes occidentales pour des frappes sur le sol russe avait reçu le soutien d'autres pays, citant la livraison d'équipements "sans aucune restriction" d'usage par le Royaume-Uni.
La France a annoncé cette semaine y être également favorable, jugeant que l'Ukraine avait le droit de se défendre en visant des cibles militaires.
Certains Etats membres de l'Alliance atlantique ne sont néanmoins pas de cet avis.
Le chef de la diplomatie italienne Antonio Tajani a ainsi affirmé que "pour l'Italie, il est impossible d'utiliser nos armes en dehors de l'Ukraine".
"On ne se bat pas contre la Russie. On défend l'Ukraine, et ce n'est pas la même chose", a-t-il déclaré.
- 880 km2 conquis -
Les États-Unis restent de leur côté opposés à des frappes ukrainiennes en profondeur sur le territoire russe, a souligné le responsable américain précédemment cité.
"Notre position quant à l'interdiction de l'utilisation d'ATACMS ou de frappes en profondeur à l'intérieur de la Russie n'a pas changé", a-t-il dit, évoquant des missiles de longue portée fournis par son pays.
Le feu vert des États-Unis à des frappes sur des cibles russes proches de Kharkiv a été obtenu après des semaines de tractations en coulisses, consécutives au déclenchement de l'offensive russe dans cette région.
Kharkiv, la deuxième ville d'Ukraine, dans le nord-est, est depuis quasi-quotidiennement en proie à des bombardements.
Six personnes y ont été tuées par une frappe russe dans la nuit, ont annoncé vendredi les autorités régionales, qui avaient dit plus tôt que 23 personnes avaient été blessées.
Une habitante de cette cité âgée de 39 ans, Ioulia, qui se trouvait chez elle, a dit avoir entendu une "énorme explosion" et vu de la "fumée" avant de courir vers un abri avec ses enfants.
"On est tous très choqués", a-t-elle confié. "Je le souhaiterais pas même à mon pire ennemi".
Le président Zelensky s'est rendu en Suède vendredi pour demander "plus" d'armements. L'Ukraine deviendra "plus forte grâce au soutien de nos alliés", a-t-il martelé.
Mais, pour l'heure, la situation sur le front n'est pas à l'avantage de l'armée ukrainienne, en manque d'hommes et de munitions, face à des troupes russes en confiance.
Vendredi, le ministre russe de la Défense, Andreï Belooussov, a affirmé que l'armée russe avait conquis "880 km2" depuis le début de l'année sur le territoire ukrainien, où elle revendique régulièrement des avancées sans néanmoins réussir pour l'instant de véritable percée.
O.Meier--NZN