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Le chef de la diplomatie américaine est attendu à Kiev dimanche, deux mois après le début de l'invasion russe en Ukraine, où les espoirs d'une trêve pour la Pâque orthodoxe se sont envolés avec des frappes meurtrières à Odessa et l'échec d'une évacuation de civils à Marioupol.
Le nombre de réfugiés fuyant l'invasion russe approche des 5,2 millions, selon l'ONU. Plus de 7,7 millions de personnes ont quitté leur foyer mais se trouvent toujours en Ukraine.
Marquant la première visite officielle de représentants du gouvernement américain en Ukraine depuis le début de l'invasion russe le 24 février, le chef de la diplomatie Antony Blinken et le ministre de la Défense Llyod Austin sont attendus dimanche à Kiev, a annoncé samedi le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Les discussions, a-t-il dit lors d'une conférence de presse dans une station de métro du centre-ville de Kiev, porteront sur les livraisons d'armes américaines à l'Ukraine, qu'il voudrait "encore plus lourdes et puissantes" pour contrer l'armée russe.
Interrogé par l'AFP, un porte-parole du département d'Etat américain n'a pas souhaité s'exprimer.
M. Zelensky a parallèlement de nouveau appelé à rencontrer son homologue russe Vladimir Poutine "pour mettre fin à la guerre".
Alors que les appels à une trêve pour le week-end pascal des chrétiens orthodoxes se sont multipliés ces derniers jours, les combats se sont poursuivis samedi.
Au moins huit personnes ont été tuées dans des frappes russes sur la ville portuaire d'Odessa dans le sud, selon un nouveau bilan fourni par le président ukrainien. Un précédent bilan faisait état de six morts, dont un bébé.
Selon M. Zelensky, "sept missiles ont visé Odessa" samedi, dont un qui "a touché un immeuble d'habitations" et "deux qui ont été abattus" par le système de défense antiaérienne ukrainienne.
L'armée russe a pour sa part affirmé avoir visé avec des "missiles de haute précision" un terminal logistique de l'aérodrome militaire près d'Odessa abritant des armes livrées aux forces ukrainiennes par les Etats-Unis et des pays européens.
- Crainte de "provocations" -
Dans ce contexte, le patriarche orthodoxe russe Kirill, allié du président russe Vladimir Poutine, a appelé à prier pour une "paix durable" sans évoquer l'idée d'une trêve pascale, dans un communiqué publié samedi par le Patriarcat de Moscou.
Redoutant des "provocations" lors des cérémonies qui attirent habituellement les foules, les autorités ukrainiennes ont appelé samedi les fidèles à suivre en ligne les offices religieux.
A Marioupol, port stratégique du Sud-Est de l'Ukraine en grande partie détruit par des semaines de bombardements, une nouvelle tentative d'évacuation de civils vers la ville de Zaporijjia a échoué, a indiqué samedi un adjoint au maire de Marioupol sur son compte Telegram.
Selon Petro Andriouchtchenko, quelque 200 habitants avaient commencé à se rassembler pour être évacués lorsqu'ils ont été "dispersés" par l'armée russe. Certains auraient été ensuite contraints de monter dans des bus en partance pour une localité occupée par les Russes, à 80 km au nord.
Plusieurs couloirs humanitaires ont déjà dû être annulés en dernière minutes à Marioupol, que Moscou assure avoir "libéré". Moscou et Kiev se sont rejetés la responsabilité de ces échecs.
Concernant le sort de combattants ukrainiens retranchés depuis plusieurs semaines dans le complexe métallurgique Azovstal de Marioupol, M. Zelensky a prévenu samedi que Kiev abandonnerait les négociations avec Moscou s'ils étaient tués par l'armée russe.
Il s'est aussi dit "prêt" à "un échange de nos militaires qui défendent Marioupol", sous "n'importe quel format", pour sortir "ces gens qui se trouvent dans une situation horrible, encerclés".
"Aujourd'hui est l'un des jours les plus durs" depuis le début du siège russe sur Marioupol, début mars, a-t-il dit. Vladimir Poutine avait ordonné jeudi d'assiéger, sans assaut, l'usine Azovstal.
- Plus d'un millier de frappes -
Les troupes russes, qui se sont retirées fin mars de la région de Kiev et du nord de l'Ukraine, cherchent à "établir un contrôle total sur le Donbass et le sud de l'Ukraine", a affirmé vendredi un haut responsable militaire russe.
Elles occupent déjà une grande partie de l'est et du sud du pays.
Il s'agit désormais d'"assurer un couloir terrestre" vers la Crimée et un accès à la Transdniestrie, région moldave prorusse où se trouve une garnison russe, a détaillé le général Roustam Minnekaïev, commandant adjoint des forces du District militaire du Centre de la Russie.
Samedi matin, l'armée russe a dit avoir procédé durant les dernières 24H à 1.098 frappes avec de l'artillerie et des roquettes.
"Ils bombardent littéralement tout (...) tout le temps, H24", a écrit sur sa chaîne Telegram le gouverneur de la région de Lougansk (est), Serguiï Gaidai, appelant la population à évacuer. Il a ensuite annoncé deux morts à Zolote après des tirs d'artillerie russe.
Egalement dans l'est, le gouverneur de Kharkiv, Oleg Synegoubov, a annoncé sur Telegram la reprise par les forces ukrainiennes "après de longs combats acharnés" de trois villages au nord de Kharkiv.
Trois personnes ont été tuées et sept autres blessées dans des bombardements russes à Kharkiv, selon M. Synegoubov.
- Guterres à Moscou mardi -
Selon le président ukrainien, les forces ukrainiennes continuent néanmoins "de contenir les attaques des envahisseurs russes" dans l'est et le sud et le "défi numéro un" est actuellement "de fournir à nos militaires toutes les armes nécessaires".
Les autorités ukrainiennes, qui ont obtenu ces derniers jours une aide en armements plus substantielle des Occidentaux, assurent qu'elle peuvent repousser l'armée russe hors de leur sol mais elles ont réclamé une trêve pascale. Celle-ci a été "rejetée" par Moscou, avait pesté jeudi M. Zelensky.
Le président du Conseil européen Charles Michel a de son côté demandé vendredi à M. Poutine de garantir des corridors humanitaires à Marioupol, à l'occasion dimanche des fêtes de Pâques orthodoxe.
L'ONU a répertorié vendredi une série d'actions des militaires russes "pouvant relever de crimes de guerre". Le chef de l'ONU Antonio Guterres se rendra mardi à Moscou pour y rencontrer M. Poutine, et dans la foulée en Ukraine pour voir M. Zelensky.
Une chronologie dénoncée par le président ukrainien: "C'est simplement erroné d'aller d'abord en Russie, puis en Ukraine", a-t-il déclaré. "Il n’y a aucune justice et aucune logique dans cet ordre", a-t-il ajouté.
Les capitales s'attendent à un conflit appelé à durer. Washington a invité vendredi 40 pays alliés à se retrouver en Allemagne mardi pour discuter des besoins sécuritaires à long terme de l'Ukraine.
U.Ammann--NZN