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Sous une couverture aérienne, les forces israéliennes ont progressé dans la ville de Rafah vendredi, devenue l'épicentre de la guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, malgré les objections de la communauté internationale.
Le président américain Joe Biden, qui a menacé de remettre en cause son soutien à Israël en cas d'offensive de grande ampleur dans cette ville du sud du territoire palestinien assiégé et dévasté, va s'exprimer vendredi sur la situation au Moyen-Orient, a annoncé la Maison Blanche sans autres précisions.
Selon des témoins, des frappes israéliennes ont ciblé Rafah d'où ont fui environ un million de Palestiniens depuis l'entrée des chars israéliens dans l'est de la ville le 7 mai, au 8e mois de la guerre déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre contre Israël.
L'armée a confirmé la présence de ses forces dans le centre de la ville, indiquant que ses "commandos" y avaient découvert "des lance-roquettes" du Hamas, des "tunnels" et des "armes".
Mercredi, l'armée a pris à Rafah le contrôle d'une zone d'environ 14 km d'est en ouest, bordant la frontière égyptienne, appelée "couloir de Philadelphie". Via ce couloir, le Hamas "faisait transiter régulièrement des armes vers Gaza", selon l'armée.
Malgré la vague d'indignation internationale soulevée par le bombardement dimanche d'un camp de déplacés à Rafah, qui a fait 45 morts dont des enfants selon le Hamas, l'armée poursuit son offensive meurtrière dans cette ville surpeuplée, lancée avec l'objectif déclaré d'éliminer les derniers bataillons du mouvement palestinien.
Quelque 300 combattants du Hamas ont été tués depuis le 7 mai, d'après l'armée.
Plus de 1.189 morts, majoritairement des civils, y ont été tués selon un décompte réalisé par l'AFP à partir des dernières données officielles disponibles. Et sur les 252 personnes emmenées comme otages pendant l'attaque, 121 sont toujours retenues à Gaza, dont 37 sont mortes, d'après l'armée.
- Plus de 36.280 morts selon le Hamas -
En riposte, l'armée a assiégé la bande de Gaza et lancé une campagne de bombardements par air, terre et mer suivie le 27 octobre d'une offensive terrestre, qui ont fait jusqu'à présent 36.284 morts, la plupart des civils, dont 60 ces dernières 24 heures, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.
Les opérations militaires israéliennes ont également détruit de nombreux quartiers, déplacé la majorité des quelque 2,4 millions d'habitants de Gaza et provoqué une catastrophe humanitaire majeure avec une menace de famine selon l'ONU.
Dans un entretien à la chaîne française LCI, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a qualifié de "calomnies antisémites" les accusations selon lesquelles Israël ciblerait délibérément ou affamerait des civils à Gaza.
"Le nombre de pertes civiles relatives aux pertes de combattants" palestiniens représente "le taux le plus bas qu'on a vu dans une guerre urbaine", a-t-il soutenu.
L'armée israélienne a annoncé la mort de deux soldats dans Gaza, portant à 292 le bilan de ses militaires tués depuis le 27 octobre.
L'Egypte a démenti l'existence de tunnels sous la frontière avec Gaza, et accusé Israël de chercher à justifier son offensive à Rafah.
Le passage de Rafah est crucial pour l'entrée de l'aide humanitaire, dont la population de la bande de Gaza a désespérément besoin. L'aide entre au compte-goutte via le passage israélien d'Erez.
- "Plus rien à pleurer" -
De nombreux Palestiniens, la plupart déjà déplacés plusieurs fois par la guerre, continuent de fuir Rafah, emportant leurs affaires sur leurs épaules, dans des voitures ou sur des charrettes tirées par des ânes.
"Les forces israéliennes ont mené une guerre contre nos entreprises, nos enfants, nos moyens de subsistance, contre tout. Nous n'avons plus rien à pleurer", a dit à l'AFP Hakam al-Balaawi, un Palestinien du camp de Jabalia (nord), transformé en champ de ruines.
A Chypre, pays de l'Union européenne le plus proche des côtes gazaouies d'où des bateaux ont transporté des aides à Gaza, le gouvernement a affirmé que son "objectif est de pouvoir aider un demi-million de personnes par mois" dans le territoire palestinien.
Sur un autre volet humanitaire, Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), qui coordonne l'aide à Gaza, a exigé qu'Israël cesse "sa campagne" contre son agence. Celle-ci avait été mise en difficulté après des accusations selon lesquelles certains de ses employés étaient impliqués dans l'attaque du 7 octobre.
"La guerre à Gaza donne lieu à un mépris flagrant pour la mission de l'ONU", a-t-il déploré dans une tribune dans le New York Times. "Le monde doit agir."
D.Smith--NZN