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Un ultime meeting pour la dernière ligne droite: à une semaine du scrutin européen, Jordan Bardella, tête de liste RN, réunit les siens dimanche après-midi à Paris, "une démonstration de force" qui doit conforter son statut d'ultra favori de l'élection.
Au Dôme de Paris, porte de Versailles, quelque 5.500 sympathisants sont attendus pour une réunion publique promise "à gros moyens", mais sans surprise: après une prise de parole de Marine Le Pen d'une vingtaine de minutes, Jordan Bardella doit s'exprimer vers 15H30 le temps d'un discours d'un peu plus d'une demi-heure.
Pas de prise de risque, non plus, à attendre: "quand on est favori, on ne change rien et on attend le jour du scrutin", résume un député lepéniste, alors que la liste RN caracole toujours en tête avec 32,5% d'intentions de vote, selon un sondage Elabe pour BFMTV et La Tribune Dimanche publié samedi.
Autour du patron du parti d'extrême droite, la prudence se veut toutefois de mise: "C'est sûr qu'on préférerait être donné à 28% et finir à 32% plutôt que l'inverse", reconnaît un stratège de la campagne, inquiet d'une "mauvaise surprise" quant à la mobilisation de son électorat -- l'abstention dimanche prochain est estimée à 51% par l'Ifop.
Outre le meeting parisien, la tête de liste du parti à la flamme doit encore enchaîner des entretiens à la presse toute la semaine, manière de répéter son appel à se déplacer aux urnes.
Il s'agira également de ne pas laisser tout l'espace médiatique à Emmanuel Macron, en première ligne pour les commémorations du Débarquement de Normandie, auxquelles doit se joindre le président américain Joe Biden.
Au RN, on estime quoi qu'il en soit être parvenu à "nationaliser" l'élection européenne en distillant avec succès qu'il s'agirait d'un scrutin de "mi-mandat", tournant au référendum pour ou contre l'exécutif.
"Et, si on inflige une lourde défaite à la macronie, elle sera politiquement contrainte de limiter la casse", veut croire un stratège RN, impatient de réclamer une dissolution de l'Assemblée nationale dès le 9 juin si le triomphe annoncé advenait.
A la peine dans les sondages, avec 16% d'intentions de vote selon Elabe, la tête de liste de la majorité présidentielle (Renaissance, MoDem, Horizons, UDI, Parti radical), Valérie Hayer, a pour sa part voulu faire taire ces Cassandre, samedi, lors d'un meeting à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis).
"Réveillons-nous ! Refusons de succomber à la démagogie et au simplisme ! A nous d'engager le sursaut", a-t-elle lancé aux côtés du Premier ministre, Gabriel Attal.
- Seuil de 5% -
Un peu plus tôt, lors d'une réunion à Marseille, la tête de la liste PS, Raphaël Glucksmann, affirmait pour sa part qu'il allait être "la grande et belle surprise de ces élections européennes", rêvant tout haut d'arracher la deuxième place. Elabe lui prédit trois points de moins que Mme Hayer, mais une autre enquête vendredi le plaçait à un point seulement de la liste macroniste.
Europe Ecologie - Les Verts, crédité de 7% d'intentions de vote dans le sondage Elabe, respire un peu, se détachant du seuil des 5% qui permet d'envoyer des eurodéputés dans l'hémicycle de Strasbourg.
La tête de liste, Marie Toussaint, entend déjouer les sombres pronostics et retrouver les accents victorieux d'il y a cinq ans, lorsque Yannick Jadot avait emmené les écolos sur la troisième marche du podium - 13,5% des suffrages recueillis.
Celle qui n'est jamais parvenue à faire décoller sa campagne doit tenir une grande réunion publique dimanche après-midi à Aubervilliers.
Objectif: contrer la dynamique Glucksmann qui, si elle se confirmait, bousculerait les équilibres à gauche. Marie Toussaint a ainsi appelé à se méfier "des contrefaçons" en prévenant: "le risque, c'est de s'endormir le 9 juin en ayant voté Raphaël Glucksmann et de se réveiller le 10 juin avec le retour de François Hollande".
Au RN, l'hypothèse d'une percée de la liste PS interroge: "Le problème, c'est que même si on fait un énorme score, si Glucksmann arrive deuxième, on ne parlera que de ça et il apparaîtra même comme le gagnant de la soirée", anticipe un député lepéniste. "Mais ce sera une défaite d'autant plus lourde pour la macronie, ce qui ne sera pas une mauvaise chose", rassure un autre.
O.Meier--NZN