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Le vote a commencé dimanche au Mexique, où près de 100 millions d'électeurs inscrits s'apprêtent, sauf coup de théâtre, à élire dimanche la première femme présidente dans l'histoire du plus grand pays hispanophone au monde, où l'ONU décompte neuf à dix féminicides par jour.
Les premiers bureaux de vote ont ouvert dans la région de Cancun (sud-est) à 08h00 locales (13h00 GMT), où des électeurs faisaient déjà la queue pour voter, a constaté un journaliste de l'AFP.
Les bureaux doivent ouvrir à 14h00 GMT dans la région centrale dont la capitale Mexico, où la gauche au pouvoir se bat pour garder la mairie aux élections locales.
La favorite de la présidentielle est la candidate de la gauche au pouvoir, , du Mouvement pour la régénération nationale (Morena).
En trois mois de campagne, l'ex-maire de Mexico (2018-2023) a régulièrement devancé de 17 points en moyenne dans les sondages sa rivale de centre-droit , soutenue par une coalition de trois partis.
Outre la présidentielle, les électeurs sont appelés à renouveler le Congrès et le Sénat, à choisir les gouverneurs dans neuf des 32 Etats et à désigner des députés locaux et maires.
En tout, 20.000 postes sont à pourvoir lors de ces élections à un tour. Les premières tendances pour la présidentielle seront connues quelques heures après la fermeture des bureaux de vote à 18H00 (00H00 GMT pour Mexico).
La violence a rattrapé la campagne avec au moins 25 candidats aux élections locales tués dans ce pays miné par le narcotrafic, qui est aussi le premier partenaire commercial des Etats-Unis.
Un candidat a encore été tué vendredi dans l'Etat de Puebla (centre).
Le gouvernement avait fait état de 22 assassinats mardi, avant trois autres par la suite. Il a aussi annoncé un renforcement de la sécurité le jour du vote.
- "Le temps des femmes" -
"Nous allons entrer dans l'histoire", a proclamé Claudia Sheinbaum, 61 ans, portée par la popularité du président sortant Andres Manuel Lopez Obrador, 70 ans.
"C'est le temps des femmes et de la transformation", a-t-elle lancé à l'adresse des Mexicaines, qui dénoncent à l'unisson une société machiste.
"Cela veut dire vivre sans peur et être libres de violences", a ajouté Mme Sheinbaum. "Chaque jour, une moyenne de neuf à dix femmes sont assassinées" au Mexique, selon l'ONU Femmes.
Xochitl Galvez mise elle sur un "vote caché" en sa faveur, qui aurait échappé aux sondages, pour gagner.
D'origine modeste, cette fille d'un père indigène, cheffe d'entreprise, a dénoncé l'échec de la politique de sécurité du gouvernement sortant, parlant de "186.000 personnes assassinées et 50.000 personnes disparues" depuis 2018.
"Avoir une femme présidente te motive, c'est comme la preuve que c'est possible", affirme Blanca Sosa, 31 ans, vendeuse dans une boutique du Zocalo, la plus grande place du Mexique.
Mme Sosa pense que sa candidate, Claudia Sheinbaum, poursuivra la politique sociale du président sortant qui "a fait de bonnes choses comme l'augmentation du salaire minimum ou l'aide aux personnes âgées".
Au contraire, Ricardo Sanchez, un commerçant de 55 ans à Monterrey (nord), votera pour Xochitl Galvez pour sa "vision de l'entreprise".
- Défis -
La lutte contre la violence des cartels, des gangs et des bandes sera le premier défi de la future présidente, d'après Michael Shifter, chercheur au centre d'analyse Dialogo Interamericano, dont le siège est à Washington.
Au total, quelque 450.000 personnes ont été assassinées au Mexique depuis 2006, quand l'ex-président Felipe Calderon a envoyé l'armée contre les cartels.
Mme Sheinbaum a promis de poursuivre la politique actuelle (s'attaquer aux causes de la violence plutôt que le tout-répressif) tout en luttant contre "l'impunité". Mme Galvez a promis d'en finir avec les "accolades" aux cartels.
La "presidenta" devra également consolider l'Etat-providence dans un contexte budgétaire qui se dégrade (des prévisions annoncent un déficit à 5,9% du PIB pour 2024, le plus important depuis des décennies).
Elle devra encore gérer la relation bilatérale intense et complexe avec les Etats-Unis.
Washington demande à Mexico de lutter contre le trafic de fentanyl, une drogue de synthèse qui provoque des milliers d'overdoses aux Etats-Unis.
Le Mexique a pour sa part déposé deux plaintes aux Etats-Unis contre des fabricants d'armes américains, qu'il accuse d'être responsables de tueries sur son territoire.
Les deux pays sont confrontés au défi de l'immigration clandestine qui bat des records, avec 2,4 millions d'arrestations côté américain en 2023, d'après les autorités américaines.
La "presidenta" attendra l'élection de novembre au nord du rio Grande pour savoir si elle aura pour interlocuteur le président démocrate sortant Joe Biden ou le républicain Donald Trump.
T.Furrer--NZN