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Dans la course aux audiences, CNews est devenue pour la première fois la numéro un des chaînes d'info sur un mois, dépassant BFMTV en mai et marquant un point dans la remise en jeu de sa fréquence TNT.
CNews a enregistré 2,8% de part d'audience (PDA) le mois dernier, contre 2,7% pour BFMTV, selon les chiffres de Médiamétrie relayés par les chaînes. LCI arrive troisième avec 1,7% de PDA, et la chaîne publique Franceinfo dernière avec 0,7%.
"Historique", a salué sur le réseau social X (ex-Twitter) la chaîne leader, qui appartient au groupe Canal+, lui-même contrôlé par Vivendi, groupe du milliardaire conservateur Vincent Bolloré.
Principale tête d'affiche de CNews, Pascal Praud s'est dit "fier".
"On est un miroir de la société. Notre progression a été constante et s'est accélérée depuis plusieurs mois", a souligné auprès de l'AFP Serge Nedjar, directeur général de la chaîne, devenue "un peu incontournable".
"Nous avons très peu de doutes sur notre renouvellement (de fréquence) puisque nous répondons à tous les critères", a-t-il ajouté, alors que le processus de sélection pour 15 fréquences en 2025 est en cours sous l'égide de l'Arcom, le régulateur indépendant de l'audiovisuel.
Boycottée par plusieurs personnalités de gauche qui l'accusent d'être positionnée à l'extrême droite, CNews "respecte les temps de parole à la seconde près", a souligné le dirigeant, en pleine campagne des européennes, où le RN caracole en tête des sondages.
Pour sa part, BFMTV revendique d'être première en nombre de téléspectateurs: 12,1 millions chaque jour (+10% en 1 an), contre 8,2 millions pour CNews. Dirigée par Marc-Olivier Fogiel, la chaîne s'est dite "sereine", travaillant "tranquillement la grille de rentrée et notamment la durée d'écoute", inférieure à celle de sa concurrente.
BFMTV fait partie d'Altice Media dont l'armateur CMA CGM du milliardaire Rodolphe Saadé a annoncé le 15 mars le prochain rachat à Patrick Drahi, dont le groupe est lourdement endetté et empêtré dans un scandale de corruption.
CNews entend continuer de se démarquer par le "décryptage" de l'actualité, ce qui se traduit, selon ses dirigeants, par de nombreuses heures en plateau et non sur le terrain.
La grille, clé du succès, va demeurer identique à la rentrée prochaine et "les incarnations resteront", de Laurence Ferrari à Sonia Mabrouk, a indiqué M. Nedjar.
- Rappels à l'ordre -
Comme C8 qui appartient au même groupe, CNews est régulièrement rappelée à l'ordre par l'Arcom, en raison de propos tenus sur son antenne.
En mai, l'Arcom a infligé à CNews une amende de 50.000 euros pour des propos du journaliste Geoffroy Lejeune, selon lesquels l'antisémitisme et la surpopulation carcérale étaient des conséquences de "l'immigration arabo-musulmane".
En février, le régulateur a saisi un rapporteur indépendant en vue d'une possible sanction de la chaîne sur laquelle l'avortement a été présenté comme la "première cause de mortalité dans le monde". CNews a présenté ses excuses.
CNews a été créée en 2017 sur les cendres d'iTélé. Une grève massive y a eu lieu en 2016 après la prise de contrôle de M. Bolloré.
En février et mars, les principales figures de la chaîne et M. Bolloré ont été auditionnés par la commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur l'attribution des fréquences TNT, donnant lieu à des échanges à couteaux tirés.
Son rapporteur, le député LFI Aurélien Saintoul, a affirmé à son issue qu'il "ne comprendrait pas que les chaînes CNews et C8 puissent se voir en l'état renouveler leurs autorisations de diffusion".
Selon lui, ces chaînes vivent "de l'abus" et "du contournement des règles".
En audition, Vincent Bolloré a assuré ne pas intervenir sur les contenus et nié vouloir promouvoir "une idéologie" d'extrême droite, ce dont il est régulièrement accusé.
A la suite d'un recours de Reporters sans frontières, le Conseil d'État a demandé mi-février à l'Arcom de renforcer son contrôle de CNews et, au-delà, de toutes les télés et radios.
Il y a un an, Roch-Olivier Maistre, président de l'Arcom, avait estimé que CNews "respect(ait) strictement le pluralisme politique" de façon globale, tout en jugeant qu'elle "se rapproche d'une chaîne d'opinion" à la manière de la télé conservatrice américaine Fox News.
S.Scheidegger--NZN