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Les chefs de la diplomatie et de la défense des Etats-Unis sont attendus dimanche à Kiev, deux mois exactement après le début de l'invasion russe de l'Ukraine et alors que le pays célèbre tristement la Pâques orthodoxe.
La venue à Kiev du secrétaire d'Etat Antony Blinken et du ministre de la Défense Lloyd Austin - dont le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé samedi qu'ils venaient discuter notamment des livraisons d'armes américaines à l'Ukraine - est la première de dirigeants américains depuis le début du conflit le 24 février. Elle intervient après celles de plusieurs dirigeants européens ces dernières semaines.
"Sauvez tous les Ukrainiens!" a lancé dimanche M. Zelensky dans un message pour la fête de Pâques. Il en a appelé au jugement de Dieu, énumérant une longue liste de localités, dont Boutcha, Irpin et Borodianka, où Kiev accuse les forces russes d'avoir commis des atrocités contre des civils.
La visite de MM. Blinken et Austin intervient alors que de violents combats se poursuivent dans l'Est et le Sud de l'Ukraine, assombrissant les cérémonies de la principale fête chrétienne, pour laquelle de multiples appels à une trêve avaient été lancés en vain. Le pape François a renouvelé dimanche son appel à une trêve des combats et à l'arrêt des attaques contre "des populations épuisées".
Dans la petite église de Lyman (Est), sous le feu régulier des obus russes, une cinquantaine de civils se sont regroupés dès l'aube alors que le grondement de l'artillerie se faisait entendre.
- Trêve "immédiate" à Marioupol -
"Si nous faisons les mauvais choix, les ténèbres nous ruineront, comme les ténèbres nous détruisent pendant cette guerre", a déclamé le prêtre dans son sermon.
Au lendemain de l'échec à Marioupol d'une nouvelle tentative d'évacuation de civils par les autorités ukrainiennes, qui ont incriminé les Russes, l'ONU a appelé à une trêve "immédiate" dans ce port stratégique de la mer d'Azov presque entièrement contrôlé par l'armée russe, afin de permettre l'évacuation de quelque 100.000 civils encore coincés dans ce port assiégé depuis début mars.
"Ils doivent être autorisés à évacuer maintenant, aujourd'hui. Demain ce sera trop tard", selon son coordinateur en Ukraine, Amin Awad.
"Chaque jour, chaque heure qui passe a un coût humain terrible", a déploré le Comité international de la Croix-Rouge, réclamant urgemment "un accès immédiat et sans entrave" pour "permettre le passage volontaire et en sécurité de milliers de civils et de centaines de blessés hors de la ville, y compris dans la zone de l'usine Azovstal", ultime poche de résistance des combattants ukrainiens.
Les forces russes assiègent et bombardent toujours des unités retranchées dans l'usine, selon le ministère ukrainien de la Défense dimanche sur Telegram.
Le conseiller de la présidence ukrainienne Mikhaïlo Podoliak a relayé sur Twitter les appels de M. Zelensky à une trêve et "un corridor humanitaire pour les civils" à Marioupol. Il a à nouveau proposé des négociations "pour prendre ou échanger" des soldats, proposition ignorée par Moscou jusqu'ici.
- Négociations au point mort -
L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) s'est dite "extrêmement inquiète" suite à l'arrestation dans les territoires ukrainiens séparatistes pro-russes de membres de sa mission d'observation du cessez-le-feu de 2014, faisant suite au conflit qui avait éclaté entre ces régions et Kiev après l'annexion russe de la Crimée.
L'OSCE avait évacué plusieurs centaines d'observateurs de dizaines de pays dès le début de l'invasion russe. Mais restaient sur place des employés ukrainiens, dont "un certain nombre sont détenus à Donetsk et Lougansk", a déploré l'OSCE dans un tweet, disant "utiliser tous les canaux disponibles pour faciliter leur libération".
Les négociations de paix restent au point mort, alors que les combats continuent à faire rage dans l'est et le sud de l'Ukraine.
Selon l'état-major ukrainien, la ville de Kharkiv, deuxième ville du pays, reste "partiellement bloquée" par les forces russes qui continuent de bombarder.
Dans le bassin du Donbass (Est), formé des régions de Donetsk et de Lougansk, les troupes russes ont "intensifié leurs offensives" dans trois directions, selon l'état-major ukrainien: Severodonetsk, capitale de facto de la région de Lougansk sous contrôle ukrainien, Popasna, une cinquantaine de kilomètres plus au sud, et Kourakhikva, proche de Donetsk.
A Koroviy Iar, localité du nord du Donbass où les Russes ont pris position depuis samedi, des combats se déroulaient à l'entrée du village, a constaté l'AFP. Des chars et des blindés ukrainiens renforçaient la contre-offensive et couvraient une tentative d'évacuation de 30 civils.
Sur le front Sud, dans la zone entre les régions de Kherson, en grande partie sous contrôle russe, et de Mykolaïv, l'armée ukrainienne n'a pas fait part de changements notables. La veille, Kiev avait fait état d'une poussée des forces russes dans le Nord de la région de Zaporojjia, dont elles tiennent la partie Sud bordant la mer d'Azov.
- Un site sur les échecs bloqué en Russie -
L'armée russe a de son côté indiqué dimanche avoir mené des frappes de missiles contre neuf cibles militaires ukrainiennes, dont quatre dépôts de munitions au sud de la région de Kharkiv.
Moscou a aussi dit avoir mené des frappes aériennes contre 26 cibles, et 423 frappes d’artillerie, sans préciser de lieux.
En Russie, toute voix contestant la guerre continue à être étouffée. Le site populaire sur les échecs Chess.com y a ainsi été bloqué à la demande du Parquet général russe après la publication de deux articles sur la situation en Ukraine qualifiés de "fausses informations", selon une liste disponible dimanche sur le site du gendarme russe des télécoms Roskomnadzor.
Sur le front diplomatique, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen devrait évoquer la neutralité affichée par New Delhi sur la guerre en Ukraine lors d'une visite entamée dimanche en Inde, où elle rencontrera lundi le Premier ministre Narendra Modi.
Quant au secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, il est attendu lundi en Turquie, pays qui tente de jouer les médiateurs dans le conflit en Ukraine, avant de se rendre à Moscou puis à Kiev. Une chronologie "erronée" selon le président Zelensky, qui estime qu'il aurait dû aller à Kiev d'abord.
Le nombre de réfugiés ayant fui l'Ukraine depuis l'invasion russe approche des 5,2 millions, selon l'ONU. Plus de 7,7 millions de personnes ont aussi quitté leur foyer mais se trouvent toujours en Ukraine.
burx-lch/cat/thm
O.Pereira--NZN