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Le parti nationaliste hindou du Premier ministre indien Narendra Modi est en pourparlers avec ses alliés pour former un gouvernement de coalition mercredi, après avoir échoué à remporter une majorité absolue aux législatives pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir il y a dix ans.
Au lendemain de ce revers inattendu pour le Bharatiya Janata Party (BJP) de M. Modi, les dirigeants des différents partis politiques tentent de consolider leurs positions et de renforcer leurs alliances.
Sans le raz-de-marée en sa faveur annoncé bien avant le début des élections législatives, M. Modi risque de se voir confier un troisième mandat beaucoup plus difficile que prévu.
Le BJP n'a plus la majorité absolue au Parlement mais il devrait être en mesure de former un gouvernement, à la tête d'une alliance de petits partis.
- "L'Inde abat Modi" -
Quelque 642 millions d'Indiens ont voté dans ce scrutin qui s'est déroulé en sept phases, étalées sur une période de six semaines.
Le dirigeant de 73 ans a célébré la victoire dès mardi soir, estimant que le résultat de l'élection lui permettait de poursuivre son programme, tandis que ses partisans fêtaient l'événement dans tout le pays.
"Ce troisième mandat sera celui des grandes décisions. Le pays va écrire un nouveau chapitre de son développement. Je vous le garantis", a déclaré M. Modi devant une foule de partisans en liesse dans la capitale, New Delhi.
"Nous sommes très heureux des résultats", a déclaré Archana Sharma, employée de bureau de 36 ans, pro-BJP.
Pour Govind Singh, optométriste 38 ans, "une opposition forte est nécessaire" mais le gouvernement devrait disposer d'une majorité parlementaire, "c'est essentiel pour tout pays".
- "Inquiétude constante" -
Le BJP a remporté 240 sièges au Parlement, à 32 sièges de la majorité absolue et nettement en deçà des 303 sièges gagnés en 2019.
Contre toute attente, le Congrès, principal parti d'opposition, a acquis 99 sièges, doublant presque son score de 2019 (52 sièges).
"Le pays a dit à Narendra Modi: +Nous ne voulons pas de vous+", s'est félicité le chef de file de l'opposition, réélu haut la main dans la circonscription méridionale de Wayanad.
La plupart des analystes et les sondages de sortie des urnes avaient prédit le triomphe de Narendra Modi, accusé par ses détracteurs d'instrumentaliser la justice avec l'emprisonnement de dirigeants de l'opposition et de bafouer notamment les droits des minorités religieuses, dont plus de 200 millions d'Indiens musulmans.
Le Premier ministre a été réélu dans sa circonscription de Varanasi avec une marge bien plus faible qu'il y a cinq ans.
Désormais dépendant des alliés de sa coalition, le BJP devra chercher le consensus pour faire voter ses textes au Parlement.
"La possibilité qu'ils jouent de leur influence, encouragés par des propositions du parti du Congrès et d'autres membres de l'opposition, sera une source d'inquiétude constante pour le BJP", souligne le quotidien Times of India.
Selon Hartosh Singh Bal, journaliste politique du magazine The Caravan, M. Modi doit maintenant "travailler avec ses partenaires d'alliance (...) qui peuvent se retirer à tout moment".
- "Défaite morale" -
Les festivités avaient commencé mardi au siège du BJP de Modi bien avant l'annonce définitive des résultats.
Le siège du Congrès à New Delhi était également en liesse.
"Le BJP a échoué à obtenir une large majorité à lui seul", a déclaré à la presse Rajeev Shukla, député du Congrès. "C'est une défaite morale pour eux."
L'opposition a peiné devant la puissante machine de campagne du BJP, abondamment financée, et des poursuites judiciaires à l'encontre de plusieurs de ses dirigeants.
La minorité musulmane a exprimé son inquiétude pour son avenir et celui de la Constitution laïque de l'Inde que le programme nationaliste hindou semble menacer.
La Chine, rivale voisine, a félicité mercredi la coalition menée par Narendra Modi pour sa victoire, se déclarant "prête à travailler" avec l'Inde.
Un peu plus tôt, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a présenté ses félicitations à M. Modi en soulignant "le poids et l'importance de l'Inde dans les affaires mondiales".
burx-lth/jg
I.Widmer--NZN