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Israël pilonne samedi la bande de Gaza alors qu'un ténor du cabinet de guerre israélien, Benny Gantz, menace de démissionner du gouvernement de Benjamin Netanyahu faute d'un accord sur un "plan d'action" pour l'après-guerre dans le territoire palestinien.
Aux premières heures samedi, des témoins et des équipes de l'AFP ont fait état de frappes dans différents secteurs de la bande de Gaza, incluant le centre de ce micro-territoire au coeur de violentes frappes au cours des derniers jours.
L'une de ces frappes, jeudi, sur une école de l'agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) a fait 37 morts selon un hôpital local. L'armée israélienne avait revendiqué aussi cette frappe qui visait, selon elle, "une base du Hamas", et affirmé vendredi y avoir tué "17 terroristes".
Mais le Hamas a accusé dans la nuit de vendredi à samedi l'armée israélienne de "fausses informations", affirmant que trois personnes présentées comme "mortes" par Israël étaient toujours "en vie", et qu'au moins deux personnes avaient été tuées ailleurs.
Le chef de l'Unrwa, Philippe Lazzarini a, lui, accusé Israël d'avoir frappé "sans avertissement préalable" cette école qui abritait, selon lui, "6.000 personnes déplacées" par les combats.
Le conflit, entré dans son neuvième mois, a fait des dizaines de milliers de morts, ravagé une grande partie de la bande de Gaza et déraciné la plupart de ses 2,4 millions d'habitants confrontés à un risque de famine.
- Démission de Gantz ? -
Une semaine seulement après la nouvelle feuille de route annoncée par le président américain, Joe Biden, les efforts diplomatiques pour parvenir à un cessez-le-feu semblent piétiner malgré des discussions cette semaine à Doha, au Qatar.
Dans ce cadre, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken se rendra la semaine prochaine en Israël, en Egypte, au Qatar et en Jordanie, a annoncé Washington.
Mais d'ici le retour au Moyen-Orient du chef de la diplomatie américaine, la scène politique israélienne pourrait, elle, avoir changé.
L'ex-chef de l'armée israélienne reconverti en rival politique de Benjamin Netanyahu, Benny Gantz, devrait annoncer dès samedi soir, selon la presse israélienne, sa démission du gouvernement Netanyahu qu'il avait joint après l'attaque du Hamas le 7 octobre.
Ce jour-là, des commandos du Hamas infiltrés depuis le territoire palestinien ont mené une attaque sans précédent dans le sud d'Israël qui a entraîné la mort de 1.194 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.
Lors de cette attaque, 251 personnes ont été emmenées comme otages. Après une courte trêve en novembre ayant permis la libération d'une centaine d'entre eux, 120 otages sont toujours retenus à Gaza, dont 41 sont morts, selon l'armée israélienne.
En réponse à l'attaque du 7 octobre, l'armée israélienne a lancé une offensive meurtrière dans le petit territoire côtier où le Hamas a pris le pouvoir en 2007. Au moins 36.731 Palestiniens, essentiellement des civils, ont été tués, selon un dernier bilan vendredi du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.
M. Gantz a convoqué une conférence de presse, samedi soir, à Ramat Gan, dans la banlieue de Tel-Aviv.
- "Liste de la honte" -
Ce chef du parti de l'Union nationale (centre) avait lancé le 18 mai un ultimatum à M. Netanyahu, exigeant l'adoption d'un "plan d'action" sur l'après-guerre dans la bande de Gaza, faute de quoi il se verrait "contraint de démissionner du gouvernement".
Et son parti avait déposé la semaine dernière une proposition de loi pour dissoudre le Parlement, sans grande chance d'aboutir à ce stade car le Likoud (droite) de M. Netanyahu compte toujours une majorité de députés avec ses alliés des partis ultra-orthodoxes et d'extrême droite.
Mais M. Netanyahu fait face également à la pression de ses alliés d'extrême droite, dont son ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir, qui ont menacé de quitter son gouvernement en cas d'accord de cessez-le-feu avec le Hamas.
En cas de chute du gouvernement Netanyahu et d'élections anticipées, M. Gantz fait toutefois figure de favori pour former une coalition en pleine tourmente, Israël se trouvant confronté à des pressions internationales accrues.
Dernier épisode en date: le pays a été notifié vendredi de son ajout à la "liste de la honte" de l'ONU sur les droits des enfants lors de conflits dans un rapport attendu d'ici fin juin, a annoncé son ambassadeur Gilad Erdan, se disant "choqué et écoeuré" de la décision du secrétaire général Antonio Guterres.
Une source diplomatique a indiqué à l'AFP que le Hamas et le Jihad islamique, second mouvement islamiste armé de la bande de Gaza, allaient aussi être ajoutés à cette liste.
- Chômage à 79% -
Pendant ce temps, l'aide internationale, dont l'entrée à Gaza est contrôlée par Israël, ne parvient qu'au compte-gouttes dans le territoire où le taux de chômage a atteint un "niveau stupéfiant de 79,1%", selon l'Organisation internationale du Travail (OIT).
L'armée américaine a annoncé vendredi que la jetée temporaire qu'elle avait construite sur le littoral gazaoui pour acheminer de l'aide humanitaire, endommagée par une tempête fin mai, avait été réinstallée après des réparations.
Tentant de fuir les combats et les bombardements, des Palestiniens déplacés par la guerre sont allés vendredi se rafraîchir sur la plage de Deir el-Balah (centre), bien qu'elle soit polluée par les eaux usées.
La mer offre un répit "contre les insectes, la chaleur (...) et l'odeur des cadavres", a raconté sur place à l'AFP Mohamed Ghaben, déplacé à de multiples reprises à l'intérieur du territoire depuis le début de la guerre à Gaza.
Ch.Siegenthaler--NZN