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La participation aux européennes continue de grimper en France dimanche, pour atteindre 45,26% à 17H00, une hausse notable par rapport à 2019, pour un scrutin que le Rassemblement national devrait largement dominer face au camp d'Emmanuel Macron.
La crainte d'un regain d'abstention de l'électorat français s'éloigne donc, avec une participation en hausse par rapport aux 43,28% enregistrés à la même heure en 2019. A Paris, elle a même connu, cette année, un regain de huit points (45,73% à 17H00).
Une tendance qui se confirme dans les prévisions de participation définitive des sondages : elle pourrait atteindre entre 52 et 53,1%, selon différents instituts.
Elle est également en hausse dans certains départements qui avaient fortement soutenu Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle de 2022.
Bulletins non disposés sur les tables ou légèrement déchirés, radiations "abusives" des listes électorales, bureaux déplacés: la régularité du scrutin est cependant mise en cause par plusieurs députés insoumis, comme Hadrien Clouet à Toulouse et Farida Amrani dans l'Essonne.
Une contestation encouragée par les responsables du mouvement, à l'instar de Mathilde Panot et Manuel Bompard qui ont appelé leurs sympathisants à signaler "tous les dysfonctionnements".
L'importance de se rendre aux urnes était souvent relayée par les électeurs rencontrés par l'AFP à la sortie des bureaux de vote.
A Lyon, Solange Gacogne, 82 ans, a "dit à (ses) enfants et petits-enfants qu'ils fallait tous qu'ils se remuent".
"C'est notre devoir de citoyen, c'est très important de bien choisir ceux qui nous représentent et dans ces élections, il y a du choix donc j’ai vraiment voté avec conviction", a confié, Harold Chukwuma, 22 ans, salarié dans le domaine de la santé, venu voter dans une école du 3e arrondissement de Marseille, l'un des plus pauvres de la ville.
"Ca doit rester un devoir d'aller défendre ses droits et ses idées", a également affirmé Ismaël Yousfi, 22 ans, à Hénin-Beaumont, où la cheffe de file du RN Marine Le Pen a déposé son bulletin dans l'isoloir en début de journée.
- "Pas concernés" -
La plupart des têtes de liste se sont rendues aux urnes avant midi: Jordan Bardella (RN) à Garches dans les Hauts-de-Seine, l'écologiste Marie Toussaint à Bordeaux, François Xavier-Bellamy (LR) à Versailles, la macroniste Valérie Hayer à Laval ou encore Raphaël Glucksmann (PS-Place publique) à Paris.
Emmanuel Macron a, lui, attendu le début d'après-midi pour voter au Touquet (Pas-de-Calais), se prêtant au préalable à un long bain de foule, avec nombre de selfies, autographes et accolades sous un grand soleil.
Dans les territoires d'Outre-mer qui ont commencé à se rendre aux urnes pour certains dès samedi, la participation est en revanche en baisse.
En Nouvelle-Calédonie, la majorité des bureaux de vote ont ouvert, mais le scrutin s'est déroulé sous haute sécurité après les récentes émeutes et alors qu’autour de Nouméa des barrages perturbent toujours la circulation.
Les européennes, "ici ce n'est pas le souci majeur, on n'est pas concernés", a estimé Gaëtan Kohueinui, rencontré sur un barrage indépendantiste.
Au niveau national, les premières estimations des instituts de sondage seront connues à 20H00, à la fermeture des derniers bureaux des grandes villes.
Sur 38 listes, un record, au mieux sept d'entre elles semblent susceptibles de franchir le seuil de 5% requis pour obtenir des eurodéputés.
Dans tous les scénarios, la victoire semble promise à Jordan Bardella qui caracole en tête des sondages depuis des mois et pourrait augmenter de près de dix points son score déjà haut de 2019 (23,34%).
Surfant sur sa popularité à coups de selfies et de vidéos sur les réseaux sociaux, la tête de liste RN a fait du scrutin un "référendum anti-Macron".
- "Guerre des gauches" -
En face, la majorité a tenté de débusquer le "Frexit caché" du RN. Mais la liste menée par Valérie Hayer, eurodéputée sortante peu connue, a glissé autour des 15% d'intentions de vote. Signe de sa difficulté à mobiliser l'électorat pro-européen d'Emmanuel Macron.
Le chef de l'Etat, qui a multiplié les interventions dans la campagne jusqu'à son interview télévisée jeudi soir lors des commémorations du Débarquement, n'a donné aucun indice sur les conséquences qu'il entend tirer des résultats.
Dissolution, remaniement, coalition avec les Républicains? Tenté de renvoyer ses décisions à l'automne, après les Jeux olympiques, M. Macron passera la soirée électorale à l'Elysée, entouré de conseillers. Il n'est pas exclu qu'il réunisse aussi les chefs du camp présidentiel.
Les macronistes espèrent au moins conserver la deuxième place, disputée par la liste PS-Place publique de Raphaël Glucksmann, qui devrait enregistrer une nette progression par rapport à 2019.
L'avance du social-démocrate sur Manon Aubry sera également scrutée de près. La candidate LFI a, pendant la campagne, accusé son concurrent de "trahir" l'alliance de gauche Nupes signée en 2022.
Jean-Luc Mélenchon compte, lui, sur une campagne marquée par des coups d'éclat sur le soutien à Gaza pour tenter de mobiliser un électorat jeune et aller au-delà des enquêtes les plaçant autour de 8,5% (contre 6,31% en 2019).
Les écologistes pourraient faire les frais de cette "guerre des gauches", donnés autour de 5%-6%. Le Parti communiste, mené par Léon Deffontaines, aura toutes les difficultés à atteindre les 5%.
A droite, en dépit de quelques sorties remarquées, François-Xavier Bellamy aura du mal à dépasser les 8,48% de 2019, qui avaient ouvert une crise au sein du parti.
bur-sde-gbh-sac/sde/bow
A.Weber--NZN