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La coalition gouvernementale du chancelier allemand a essuyé une cinglante défaite aux élections européennes de dimanche, ses trois partis arrivant chacun derrière l'opposition conservatrice mais aussi l'extrême droite, selon des résultats préliminaires.
Les sociaux-démocrates du chef de gouvernement Olaf Scholz ont obtenu 14% des suffrages, leur pire score pour ce scrutin, contre 15,8% en 2019.
Les deux autres partis de la coalition, les Verts et les libéraux (FDP), ont respectivement obtenu 12% pour le premier et seulement 5% pour le second.
Ces résultats sont un "désastre pour les partis de la coalition au pouvoir", a assené le président de la CDU, Friedrich Merz. Et c'est une "sévère défaite tout particulièrement pour le chancelier", a-t-il ajouté, appelant à un "changement de politique".
Alors que M. Scholz souffre d'un manque de charisme, le mécontentement des électeurs est palpable sur toute une série de questions: immigration, politique économique et environnementale.
Le secrétaire général de la CDU, Carsten Linnemann, a exhorté M. Scholz à poser la question de confiance au Parlement en raison des pertes subies par son parti.
Estimant que la coalition n'aura probablement pas la force de changer de cap, le tabloid Bild ne voit qu'une solution pour sortir de l'ornière: "des élections anticipées".
Le secrétaire général du SPD, Kevin Kuehnert, a de son côté reconnu qu'il s'agissait d'"un résultat très amer".
- "Bon début" -
Les Verts essuient aussi un recul marqué par rapport au scrutin de 2019 où ils avaient obtenu 20,5%. "Ce n'est pas un résultat dont nous pouvons être satisfaits", a admis le coprésident des Verts, Omid Nouripour.
Ces mauvais résultats vont accentuer la pression sur l'impopulaire coalition de M. Scholz à quelques mois d'élections dans trois États régionaux de l'est de l'Allemagne, où l'AfD est créditée des meilleurs scores dans les enquêtes d'opinion.
"C'est un super résultat pour nous", s'est félicité le coprésident de ce parti, Tino Chrupalla. Et d'ajouter: "et un bon début pour cette année électorale".
Créé en 2013, ce parti a capitalisé sur une conjoncture morose et sur des craintes liées à l'immigration, malgré de récentes scandales qui ont éclaboussé sa tête de liste, Maximilian Krah.
Depuis son arrivée au pouvoir en décembre 2021, le gouvernement de M. Scholz a plongé dans une crise après l'autre.
Il a dû faire face à l'invasion de l'Ukraine par la Russie et à la crise énergétique qui s'en est suivie et qui a plongé l'Allemagne dans la récession, même si depuis la conjoncture, toujours fragile, s'est améliorée.
- Participation en hausse -
Jamais autant de personnes n'avaient été appelées aux urnes en Allemagne avec environ 65 millions d'électeurs.
Pour la première fois, les adolescents de 16 et 17 ans avaient le droit de vote pour ces élections, soit environ 1,4 million de personnes, selon l'Office fédéral des statistiques.
La participation a sensiblement progressé à environ 65%, selon ZDF, contre 61,4% il y a cinq ans.
Pour les 96 sièges attribués à l'Allemagne au parlement européen - le pays avec le plus gros contingent d'eurodéputés étant donné le poids de sa population -, 35 listes étaient en lice.
Un nouveau parti de gauche radicale, antisystème et de tendance souverainiste, BSW, devrait faire son entrée au parlement européen, ayant obtenu 5,7%.
C'était la première fois que Bündnis Sahra Wagenknecht (Alliance Sahra Wagenknecht, ndlr), créé en janvier dernier, participait à une élection nationale.
Cette formation est issue d'une scission de la gauche radicale allemande: Sahra Wagenknecht avait quitté avec plusieurs autres responsables le parti Die Linke, héritier du Parti communiste de l'ex-RDA.
Ch.Siegenthaler--NZN