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Le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, a poursuivi mardi sa tournée au Moyen-Orient destinée à défendre un plan de cessez-le-feu dans la bande de Gaza, où quatre soldats israéliens ont été tués dans des combats.
En Israël, le chef de la diplomatie américaine a souligné que le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, lui avait "réaffirmé son engagement" pour un cessez-le-feu, après plus de huit mois de guerre entre Israël et le Hamas dans le territoire palestinien.
"Tout le monde a dit oui sauf le Hamas", a-t-il affirmé, ajoutant que si le mouvement n'acceptait pas cette proposition, un échec serait "clairement" de sa responsabilité.
"Nous attendons une réponse du Hamas", a insisté M. Blinken.
Le secrétaire d'Etat est arrivé en début d'après-midi en Jordanie pour une conférence internationale visant à mobiliser des fonds pour l'aide humanitaire dans le territoire palestinien assiégé par Israël, où l'ONU s'inquiète des risques de famine.
De nouvelles frappes israéliennes ont visé mardi la bande de Gaza, notamment le centre où des sources hospitalières ont fait état de Palestiniens tués.
L'armée a annoncé la mort de quatre soldats, trois appelés de 19 et 20 ans et un commandant d'active de 24 ans, tués dans des combats la veille dans le sud.
Au total, 298 soldats israéliens ont été tués depuis le début de l'offensive au sol dans la bande de Gaza le 27 octobre.
- Pas de réponse officielle -
Lors de sa huitième tournée régionale depuis le début de la guerre le 7 octobre, M. Blinken a rencontré mardi à Tel-Aviv Benny Gantz, membre démissionnaire du cabinet de guerre israélien, puis le chef de l'opposition, Yaïr Lapid.
Lundi, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté par 14 voix et une abstention, celle de la Russie, le projet de résolution américaine soutenant le plan visant à établir par étapes un cessez-le-feu permanent à Gaza.
Ce plan prévoit, dans une première phase, un cessez-le-feu de six semaines accompagné d'un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, de la libération de certains otages et de prisonniers palestiniens détenus par Israël.
Mais aucun des deux camps n'a répondu officiellement à cette proposition.
Le Hamas a dit accueillir "favorablement" un certain nombre d'éléments figurant dans la résolution. Mais après l'annonce du plan, le mouvement avait réitéré ses exigences d'un cessez-le-feu définitif et d'un retrait total des soldats israéliens de la bande de Gaza.
Israël de son côté refuse de mettre fin à la guerre tant que le Hamas, au pouvoir depuis 2007 dans le territoire et qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne, ne sera pas éliminé.
La feuille de route avait été présentée par Joe Biden comme émanant d'Israël mais jusqu'à présent, le pays ne l'a pas formellement acceptée.
- "Besoin d'un accord" -
Benjamin Netanyahu a subi un revers politique avec la démission dimanche du cabinet de guerre du centriste Benny Gantz.
Mardi, son ministre de la Défense Yoav Gallant a voté contre le gouvernement sur un projet de loi controversé visant à encadrer de manière limitée la conscription des juifs ultra-orthodoxes sans les astreindre au service militaire comme le reste du pays.
Le Premier ministre, selon une partie de la presse israélienne, cherche malgré ces tensions à tirer parti d'une opération des forces spéciales ayant permis de libérer quatre otages samedi dans la bande de Gaza.
Le ministère de la Santé du Hamas affirme que 274 Palestiniens ont été tués dans cette opération.
Ce bilan n'a pas pu être vérifié de manière indépendante mais le porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme l'a jugé mardi "proche d'être à 100% exact".
Le Haut-commissariat s'est dit à la fois "profondément choqué" par l'impact sur les civils de cette opération et "profondément affligé" par le fait que les groupes palestiniens continuaient à détenir des otages.
"Toutes ces actions, par les deux parties, pourraient s'apparenter à des crimes de guerre", a souligné à Genève le porte-parole, Jeremy Laurence.
La mère d'Almog Meir Jan, un des otages libérés, a demandé lundi au gouvernement de conclure un accord pour libérer les autres otages. "Les otages restants ont besoin d'un accord pour rentrer chez eux sains et saufs", a déclaré Orit Meir.
- "La destruction partout" -
La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent du Hamas dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort de 1.194 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.
Sur 251 personnes enlevées, 116 sont toujours retenues en otages à Gaza, dont 41 sont mortes, selon l'armée israélienne.
En riposte, l'armée israélienne a lancé une offensive sur la bande de Gaza, qui a fait au moins 37.124 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.
Le 7 mai, l'armée a lancé une offensive terrestre sur la ville de Rafah, dans le sud du territoire, qui a poussé un million de Palestiniens à fuir et entraîné la fermeture du poste-frontière avec l'Egypte, crucial pour l'entrée de l'aide humanitaire.
Les organisations humanitaires dénoncent l'insuffisance de l'aide, contrôlée par Israël à son entrée dans la bande de Gaza, et la quasi impossibilité de l'acheminer jusqu'aux populations.
"Cette guerre a détruit nos vies. Il n'y a pas de nourriture, pas de boisson, c'est le siège et la destruction partout", a raconté à l'AFP Soad Al-Qanou, une femme qui tente de sauver son enfant, Amjad, amaigri par la malnutrition, dans le camp en ruines de Jabalia, dans le nord de Gaza.
U.Ammann--NZN