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Deux jours après la dissolution de l'Assemblée et la convocation de législatives anticipées, Eric Ciotti a défendu mardi un accord avec le RN au risque de l'implosion des Républicains, pendant que le camp présidentiel se mettait en ordre de bataille derrière Gabriel Attal, en attendant la conférence de presse mercredi d'Emmanuel Macron.
"Nous avons besoin d'une alliance avec le Rassemblement national", a affirmé M. Ciotti au 13H00 de TF1, estimant que "le pays n'a jamais été autant à droite" et souhaitant que "tous les députés LR sortants s'allient avec le RN pour préserver un groupe puissant à l'Assemblée nationale".
Ulcéré, le président LR de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand a de son côté demandé "un vote de l'ensemble des militants" LR sur cet accord.
Malgré des premières défections de sénateurs et d'élus locaux, et une avalanche d'appels à la démission au sein de son parti, M. Ciotti, qui semble isolé parmi les cadres LR, a martelé qu'il "ne cèdera pas" aux pressions et que "seuls les militants pourraient (lui) enlever son mandat".
Le président du RN, Jordan Bardella, a assuré de son côté sur France 2 qu'il y aurait un accord entre son parti et le RN, avec "plusieurs dizaines" de députés LR qui seront "investis" ou "soutenus".
En franchissant le Rubicon d'une alliance avec l'extrême droite, le patron des Républicains a déclenché un torrent d'indignation bien au-delà de son camp. "Eric Ciotti signe les accords de Munich et enfonce dans le déshonneur la famille gaulliste", a ainsi réagi le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.
- "Clarification politique" -
A l'inverse, Marine Le Pen a salué "le choix courageux" et "le sens des responsabilités" du président des Républicains, et espéré "qu'un nombre conséquent de cadres LR le suivent".
Pendant que la droite réglait ses comptes, Emmanuel Macron jouait la montre. Il doit présenter mercredi "l'orientation qu'il croit juste pour la Nation", afin de tenter de rallier des forces de droite et de gauche, à seulement 18 jours du premier tour de la plus courte campagne législative dans l'histoire de la Ve République.
En attendant, "la clarification politique appelée de ses voeux dimanche par le président de la République est actuellement à l'oeuvre", a souligné la présidence, et "les forces républicaines d'un côté, les forces extrémistes de l'autre se positionnent".
"J'y vais pour gagner", a fait savoir le chef de l'Etat au Figaro magazine, excluant de démissionner "quel que soit le résultat" du 7 juillet.
De son côté, Gabriel Attal, discret depuis l'annonce de la dissolution, a annoncé qu'il montait en première ligne. "C'est moi qui mènerai cette campagne" côté présidentiel, a-t-il dit sur TF1.
Plusieurs cadres de la majorité souhaitaient qu'il soit en pointe dans la campagne plutôt qu'Emmanuel Macron dont l'impopularité a déjà été lourdement sanctionnée aux Européennes.
L'ancien Premier ministre Édouard Philippe, qui s'est d'ailleurs dit "pas sûr qu'il soit complètement sain que le président de la République fasse une campagne législative", a plaidé pour tendre la main aux LR opposés à l'alliance avec le RN et bâtir une "nouvelle majorité", qui ne doit pas être "la reproduction" de celle de 2022.
- Tractations à gauche -
Malgré les fortes divisions affichés il y a encore quelques jours pendant les élections européenes, les quatre principaux partis de gauche (LFI, PS, Ecologistes, PCF) ainsi que le mouvement Place publique de Raphaël Glucksmann et Générations, ont aussi trouvé un terrain d'entente lundi soir et appelé à "des candidatures uniques dès le premier tour" des législatives le 30 juin.
Les tractations se sont poursuivies pour affiner un programme commun et répartir les 577 circonscriptions.
"J'ai l'impression que cela avance plus vite qu'à l'époque de la Nupes en 2022", a assuré à l'AFP le député LFI de Haute-Garonne Hadrien Clouet, chargé de l'aspect programmatique des négociations.
Mais les discussions sur cet accord pourraient être tendues au conseil national du PS mardi soir. Le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, refuse ainsi "un accord programmatique" avec LFI, mais valide des "accords techniques de désistement".
Le choix d'un chef de file reste en suspens. En tout cas, "ce ne sera clairement pas Jean-Luc Mélenchon", a estimé lundi soir M. Glucksmann.
En attendant le RN, poursuivant sur sa dynamique, engrange 35% d'intentions de vote au premier tour des législatives soit plus qu'aux européennes (31,37%), selon un sondage Ifop-Fiducial pour LCI, Le Figaro et Sud Radio présenté mardi.
La gauche est créditée de son côté d'un meilleur score si elle part en ordre dispersé (32%) qu'unie(25%), devant la majorité présidentielle qui ferait elle mieux face à une gauche unie (18%) que divisée (16%).
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W.Vogt--NZN