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L'armée israélienne a pilonné jeudi la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, après une tournée au Moyen-Orient du chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, qui cherche à arracher un cessez-le feu entre Israël et le Hamas.
Après plus de huit mois de guerre, les Etats-Unis s'efforcent d'obtenir un accord basé sur un plan annoncé par le président Joe Biden, sur lequel le mouvement islamiste palestinien a transmis aux pays médiateurs une première réponse, tandis qu'Israël n'a pas fait connaître officiellement sa position.
La branche armée du Hamas a affirmé être engagée dans des combats de rue contre les soldats israéliens dans l'ouest de Rafah, où des témoins ont signalé des tirs d'hélicoptères Apache.
Dans le centre du territoire, selon la Défense civile, trois corps ont été retrouvés dans une maison bombardée du camp de Nousseirat.
- "Nous sommes exténués" -
L'armée israélienne a lancé le 7 mai une offensive terrestre sur Rafah, poussant à la fuite un million de Palestiniens, selon l'ONU, pour la plupart déplacés plusieurs fois par la guerre.
Israël avait présenté cette offensive comme indispensable pour éliminer le Hamas, mais les combats ont repris ces dernières semaines dans plusieurs autres régions, notamment dans le centre.
"Le Hamas ne voit pas que nous sommes fatigués? Nous sommes morts, détruits. La guerre doit cesser à n'importe quel prix", a déclaré à l'AFP Abou Chaker, un habitant de la ville de Gaza, dans le nord du territoire assiégé.
"Assez! Nous sommes exténués! Chaque jour nous sommes forcés à nous déplacer. Nos enfants sont privés de nourriture et d'eau", a confié un autre Palestinien, Ezzedine al-Belbissi, dans le camp de Bureij, dans le centre de la bande de Gaza.
Dans le nord d'Israël, les sirènes d'alerte aux roquettes ont de nouveau retenti jeudi, selon l'armée.
Mercredi, le mouvement islamiste libanais Hezbollah, allié du Hamas, avait lancé une pluie de roquettes sur le nord d'Israël et promis d'intensifier ses attaques pour venger la mort d'un haut commandant tué dans une frappe ciblée israélienne sur le sud du Liban.
- "Pression" sur Israël -
Mercredi à Doha, M. Blinken avait affirmé que les Etats-Unis travailleraient avec les autres pays médiateurs en vue d'un cessez-le-feu.
"Plus cela (la guerre) dure, plus les gens souffriront, et il est temps de cesser les marchandages", a-t-il dit.
Le Hamas a annoncé mardi avoir remis au Qatar et à l'Egypte sa réponse au plan en trois étapes annoncé le 31 mai par Joe Biden.
Ce plan prévoit, dans une première phase, un cessez-le-feu de six semaines accompagné d'un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, de la libération de certains otages retenus à Gaza et de la libération de Palestiniens emprisonnés par Israël.
Le contenu de la réponse du Hamas n'a pas été révélé, mais M. Blinken a déclaré que "certains changements" réclamés par le mouvement islamiste étaient "réalisables, d'autres pas". "Je pense que ce fossé peut être comblé", a-t-il ajouté.
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, n'a pas officiellement répondu au plan annoncé par Joe Biden et affirme qu'il poursuivra la guerre jusqu'à la défaite du Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et considéré comme une organisation terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne.
Le Hamas de son côté réclame notamment un cessez-le-feu définitif et le retrait de l'armée israélienne de Gaza.
Antony Blinken "continue de parler de l'accord d'Israël à la dernière proposition, mais nous n'avons entendu aucun responsable israélien s'exprimer à ce sujet", a déclaré mercredi le Hamas, en appelant "M. Blinken et le gouvernement Biden à faire pression directement" sur Israël.
Selon une source proche des discussions, la réponse du mouvement islamiste contient des "amendements" au plan initial, "notamment un calendrier pour un cessez-le-feu permanent et le retrait total des troupes israéliennes de Gaza".
Le Forum des familles, principale association de proches d'otages, a exhorté le gouvernement à agir vite car "tout délai pourrait mettre gravement en danger les otages."
- "Malnutrition aigüe" -
La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent menée par le Hamas depuis la bande de Gaza dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort de 1.194 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.
Sur 251 personnes enlevées, 116 sont toujours retenues en otages à Gaza, dont 41 sont mortes, selon l'armée.
En riposte, l'armée israélienne a lancé une offensive qui a fait 37.202 morts dans le territoire, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas.
Une commission d'enquête de l'ONU a estimé mercredi qu'Israël était responsable de "crimes contre l'humanité", notamment pour "extermination", dans le territoire palestinien. Elle a aussi accusé les autorités israéliennes et sept groupes armés palestiniens, dont la branche armée du Hamas, de crimes de guerre.
Israël a accusé jeudi cette commission de porter "de fausses accusations et des calomnies" à l'encontre de son armée.
La guerre a provoqué un désastre humanitaire dans la bande de Gaza, où l'ONU s'inquiète des risques de famine.
Plus de 8.000 enfants âgés de moins de cinq ans ont été soignés à Gaza pour malnutrition aiguë, "dont 1.600 enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère" et 28 sont morts, a révélé l'Organisation mondiale de la santé.
T.Furrer--NZN