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Grand favori des législatives au Royaume-Uni, le chef du Labour Keir Starmer a assuré jeudi vouloir ramener la "stabilité" après les turbulences des 14 ans de pouvoir conservateur, avec un programme axé sur la croissance économique et à la prudence assumée.
"Aujourd'hui, nous pouvons jeter à nouveau les bases de la stabilité et s'appuyer sur elles pour rebâtir la Grande-Bretagne", a affirmé le leader travailliste, ancien avocat de 61 ans.
A trois semaines du vote, les plus de 20 points d'avance du Labour sur les conservateurs dans les sondages semblent ouvrir un boulevard pour remporter une majorité confortable le 4 juillet à la Chambre des Communes, et faire de Keir Starmer le prochain Premier ministre.
Le parti cherche donc à éviter tout faux pas dans sa campagne, ce qui s'est confirmé dans la présentation à Manchester, dans le nord de l'Angleterre, de son programme officiel, sans surprise ni nouvelle proposition, et confirmant son recentrage.
Keir Starmer a dès le début de son intervention eu l'occasion d'insister sur la transformation opérée depuis qu'il a pris la suite en 2020 du très à gauche Jeremy Corbyn: interpellé par un manifestant - rapidement évacué - l'accusant de proposer une politique trop proche des conservateurs, il a répliqué que le Labour avait "cessé d'être un parti de protestation" pour devenir un "parti de gouvernement".
"Le parti travailliste porte un projet de croissance. Nous sommes favorables aux entreprises, favorables aux travailleurs, le parti de la création de richesse", a-t-il martelé.
"Je ne m'excuse pas d'être prudent avec l'argent des travailleurs", a-t-il affirmé, avant de se défendre une nouvelle fois de vouloir augmenter les impôts des Britanniques, comme l'en accusent régulièrement les conservateurs.
Il a, en réponse, fustigé le "chaos" laissé par 14 ans de gouvernement des Tories, marqués par une grande instabilité politique et économique: Brexit, valse incessante des ministres, quasi crise financière sous le mandat de l'ex-Première ministre Liz Truss et flambée d'inflation qui a plombé ménages et entreprises.
"Ne vous méprenez pas, les défis ne disparaîtront pas du jour au lendemain. Si les travaillistes gagnent, nous n'aurons pas de baguette magique. Mais ce que nous avons, ce que représente ce programme, c'est un plan crédible à long terme", a-t-il averti.
- "Projet sérieux" -
Dans le détail, les travaillistes veulent créer un fonds dédié aux investissements dans les industries du futur, une société chargée de financer la transition vers les énergies vertes et faciliter la construction d'infrastructures.
Son programme comprend également la promesse de débloquer des dizaines de milliers de rendez-vous dans le service public de santé (NHS), institution chérie des Britanniques mais à bout de souffle, et ainsi résorber d'interminables files d'attente.
Le Labour veut aussi embaucher 6.500 professeurs et rétablir la TVA pour les écoles privées.
Sur l'immigration, il souhaite abandonner le controversé projet du gouvernement conservateur d'envoyer des demandeurs d'asile vers le Rwanda mais veut, comme la majorité actuelle, réduire le nombre d'arrivées au Royaume-Uni.
Le parti compte réaffirmer le soutien britannique à l'Ukraine face à la Russie et vise une reconnaissance de l'Etat palestinien dans le cadre d'un processus de paix. Il veut se rapprocher de l'Union européenne mais le programme exclut de la réintégrer.
Le parti de centre-gauche a surtout, jusqu'à présent, profité de la défiance des électeurs envers les conservateurs du Premier ministre Rishi Sunak. Et pour installer une image de parti de gouvernement crédible, il s'est abstenu de toute promesse trop risquée - au risque, selon certains, de manquer d'audace.
"Il s'agit d'un projet sérieux pour l'avenir de notre pays, et chaque politique dans ce document a été soigneusement réfléchie pour que nous soyons sûrs de pouvoir la mettre en oeuvre", a plaidé Keir Starmer. "Je suis candidat pour être Premier ministre, et pas directeur d'un cirque".
Le chef du Labour attaque ainsi son adversaire Rishi Sunak qui, en retard dans les sondages, a promis mardi des milliards de baisses d'impôts pour tenter de relancer une campagne qui tourne à la débâcle.
Distancé par le Labour, cet ancien banquier de 44 ans voit en parallèle, à sa droite, le parti anti-immigration Reform UK du médiatique Nigel Farage progresser, augmentant les chances d'un raz-de-marée travailliste.
Y.Keller--NZN