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Le chef des libéraux-démocrates britanniques Ed Davey a troqué jeudi son costume-cravate pour des baskets et un short pour une course d'obstacles, dernière acrobatie d'une longue série qui a donné à ce parti centriste une visibilité inattendue dans la campagne pour les législatives.
Sur des montagnes russes un jour, un toboggan le lendemain: le député de 58 ans assume parfaitement de faire le pitre pour faire exister les "Lib-Dem" dans la campagne dominée par les conservateurs au pouvoir et les travaillistes.
Dès le 28 mai, il ravissait les photographes en dégringolant dans l'eau lors d'un tour en paddle sur un lac de l'Angleterre alors que commençait la course pour Downing Street.
Si certains ont cru à une maladresse, la suite a rapidement montré qu'il s'agissait d'une stratégie délibérée et, depuis, Ed Davey se prête quotidiennement à l'exercice.
Il attire les médias, distillant au passage ses propositions pour améliorer la gestion de la dépendance ou lutter contre la pollution des rivières par des rejets d'eaux usées.
"Nous essayons de faire passer des messages politiques sérieux mais d'une manière que j'espère attractive et montre que je ne me prends pas toujours trop au sérieux", a expliqué Ed Davey au podcast The News Agents mercredi.
Les derniers sondages semblent lui donner raison, une étude de l'institut YouGov les plaçant même à 15% contre seulement 18% pour les conservateurs du Premier ministre Rishi Sunak et 17% pour la formation anti-immigration Reform UK de Nigel Farage. Le Labour de Keir Starmer reste loin devant à 38%.
Vu leur bonne implantation dans certaines circonscriptions, l'hypothèse folle de voir les Lib-Dem dépasser les Tories en nombre de sièges, et Ed Davey devenir chef de l'opposition commence même à être discutée.
La campagne s'annonçait difficile pour la formation qui a vu son groupe fondre à 11 députés sur 650 lors des législatives de 2019 et s'est retrouvée peu audible dans le débat public.
Face à des Tories désormais très à droite, leur positionnement modéré, pro-européen et volontariste en termes de politiques vertes, séduit une partie de l'électorat de centre-droit surtout dans les régions aisées du "blue wall", le "mur bleu" des bastions conservateurs à la population aisée du sud de l'Angleterre.
Mais à sa gauche, le Labour s'est recentré et lui laisse peu d'espace, profitant à plein de la défiance envers les conservateurs. Surtout que les Lib-Dem payent leur participation au gouvernement conservateur sous David Cameron entre 2010 et 2015, dans une période d'austérité qui a laissé un souvenir douloureux à nombre de Britanniques.
Ed Davey a dans ce cadre été secrétaire d'Etat chargé de la Poste et se voit aujourd'hui reprocher de n'avoir rien fait pour empêcher le scandale des centaines de responsables d'agences du Post Office accusés à tort de fraude à cause d'un logiciel défectueux.
T.Furrer--NZN