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La bande de Gaza a connu dimanche une journée de calme relatif, après l'annonce par l'armée israélienne d'une pause dans ses opérations le long d'une route du sud du territoire palestinien, où l'ONU redoute une famine généralisée, pour faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire.
Au premier jour de la fête musulmane de l'Aïd al-Adha, le territoire bombardé par l'armée israélienne depuis plus de huit mois a connu une journée "presque calme par rapport aux jours précédents", a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile, Mohamed Basal.
Il a signalé néanmoins "quelques frappes" sur plusieurs quartiers de la ville de Gaza, dans le nord, et des tirs d'artillerie à Rafah, dans le sud, où l'armée mène une offensive terrestre contre le mouvement islamiste Hamas.
L'armée a cependant souligné qu'il n'y avait "clairement pas de cessation des hostilités dans le sud de Gaza" et que "les opérations à Rafah se poursuivaient".
Elle a annoncé dimanche une pause qualifiée de "tactique" et "locale", qui sera observée quotidiennement pendant la journée pour permettre une "augmentation du volume d'aide humanitaire entrant dans Gaza", au lendemain de la mort dans le territoire de 11 soldats, dont huit dans l'explosion d'une bombe.
Ce bilan est l'un des plus lourds pour l'armée israélienne en une seule journée depuis le début de la guerre, déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël.
- "D'autres mesures concrètes" -
L'ONU a "salué" cette mesure mais demandé que cela "conduise à d'autres mesures concrètes" pour faciliter les livraisons d'aide humanitaire.
Le porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, a souligné les conditions extrêmement difficiles dans lesquelles vit la population de la bande de Gaza, assiégée par Israël, où ne rentre qu'une aide très insuffisante.
"Nous devons être en mesure d'acheminer l'aide en toute sécurité dans tout Gaza", a-t-il dit.
La pause annoncée dimanche "sera observée de 08H00 à 19H00 (05H00 à 16H00 GMT) tous les jours et jusqu'à nouvel ordre", a annoncé l'armée, le long d'une route qui s'étend sur une dizaine de kilomètres en direction du nord, à partir du point de passage israélien de Kerem Shalom, à l'extrémité sud de la bande de Gaza.
Ce tronçon routier partant du passage frontalier rejoint la route Salaheddine, qui traverse la bande de Gaza du sud vers le nord, et s'étend jusqu'à l'hôpital européen de Rafah, à environ 10 kilomètres de Kerem Shalom, selon une carte publiée par l'armée.
L'armée a lancé le 7 mai une offensive terrestre sur la ville de Rafah, frontalière avec l'Egypte, qui a poussé à la fuite environ un million de Palestiniens, pour la plupart des déplacés venus s'y réfugier, et entraîné la fermeture du poste-frontière, crucial pour l'entrée de l'aide humanitaire.
- Un Aïd "différent" -
Dans la ville de Gaza, des dizaines de fidèles ont prié au premier jour de l'Aïd al-Adha devant la mosquée al-Omari, endommagée par les bombardements. D'autres se sont recueillis près des tombes de leurs proches tués depuis le début de la guerre.
"L'Aïd est complètement différent" cette année, a confié à l'AFP Oum Mohammad al-Katri, dans le camp de réfugiés voisin de Jabalia. "Nous avons perdu beaucoup de gens, il y a beaucoup de destructions", a-t-il ajouté.
La guerre a éclaté le 7 octobre quand des commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza dans le sud d'Israël ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1.194 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.
Sur 251 personnes enlevées, 116 sont toujours retenues en otages à Gaza, dont 41 sont mortes, selon l'armée.
En représailles, l'armée israélienne a lancé une offensive sur la bande de Gaza qui a fait jusqu'à présent 37.337 morts, majoritairement des civils, dont au moins 41 en 24 heures, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas.
- "Pertes terribles" -
Samedi, l'armée a annoncé la mort de huit militaires dont le véhicule blindé a été "touché par l'explosion d'une bombe" à Rafah, de deux militaires dans le nord de Gaza et d'un autre qui a succombé à ses blessures.
"Nos coeurs sont brisés devant ces pertes terribles", a réagi le Premier ministre, Benjamin Netanyahu. Mais "nous devons nous en tenir aux objectifs de la guerre: détruire les capacités du Hamas, récupérer tous nos otages, faire en sorte que Gaza ne constitue plus une menace pour Israël."
"La personne qui a pris la décision d'instaurer une pause alors que nos soldats tombent au combat est maléfique et stupide", a dénoncé le ministre israélien d'extrême droite Itamar Ben Gvir.
Malgré les efforts de médiation internationaux, les espoirs d'un cessez-le-feu se heurtent toujours aux exigences contradictoires d'Israël et du Hamas.
Le président américain, Joe Biden, a annoncé le 31 mai un plan qui prévoit, dans une première phase, un cessez-le-feu de six semaines accompagné d'un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, de la libération de certains otages retenus à Gaza et de la libération de Palestiniens emprisonnés par Israël.
Israël n'a pas fait connaître officiellement sa position, mais M. Netanyahu a jugé ce plan incomplet et réaffirmé sa détermination à poursuivre la guerre jusqu'à l'élimination du Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et considéré comme une organisation terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne.
La Hamas de son côté a exigé des "amendements" au plan, selon une source proche des discussions, incluant un calendrier pour un cessez-le-feu permanent et le retrait total israélien de Gaza.
Y.Keller--NZN