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La Bourse de Paris a dévissé de 6,42% en juin, sa pire performance depuis juin 2022, mise à mal par la dissolution de l'Assemblée nationale et l'incertitude entourant la prochaine législature française.
Vendredi, à deux jours du premier tour des élections législatives en France, l'indice vedette CAC 40 a clôturé sur une perte de 0,68%, terminant à 7.479,40 points, son plus bas niveau depuis le 25 janvier.
L'écart entre le taux d'intérêt de l'emprunt de la France à dix ans et celui de l'Allemagne, la référence en Europe, est aussi le plus important depuis 2012.
Comme souvent constaté au cours de ce mois de juin, la Bourse française a nettement décroché vendredi par rapport aux autres places européennes: Francfort a terminé en hausse de 0,14% et Londres en baisse de 0,19%, soutenues par des données conformes aux attentes des économistes sur l'inflation, notamment aux Etats-Unis. Sur le mois, ces deux places boursières se replient de moins de 1,5%.
Et le bilan trimestriel n'est guère meilleur pour la Bourse de Paris. Là encore, il faut remonter à deux ans, jusqu'au deuxième trimestre 2022, pour trouver une pire performance (-8,85%) que celle des trois derniers mois.
Sur les six premiers mois de l'année, la performance de la place parisienne est finalement négative (-0,85%), alors que le CAC 40 a pourtant battu ses records durant la période, grimpant jusqu'à 8.259,19 points en séance le 10 mai.
Vendredi, comme depuis l'annonce de la dissolution de l'Assemblée le 9 juin, les investisseurs ont surtout eu envie de limiter leur exposition aux placements qu'ils perçoivent comme les plus risqués, qu'il s'agisse des actions ou de la dette française, a expliqué Marine Mazet, analyste obligataire de Nomura.
Les sondages ont fourni une hiérarchie claire pour le scrutin. Selon le baromètre quotidien Ifop-Fiducial pour LCI, Le Figaro et Sud Radio, paru vendredi, le Rassemblement national (extrême droite) est largement favori avec 36,5% des intentions de vote, devant l'alliance de gauche Nouveau Front populaire à 29% et le camp du président Emmanuel Macron, toujours distancé à 20,5%.
Toutefois, "le premier tour ne devrait pas éclaircir tous les horizons et il faudra prendre les projections de sièges avec des pincettes, car il y aura beaucoup de duels ou de triangulaires" et les alliances et reports de voix sont encore incertains, a souligné Mme Mazet.
Déjà peu confiant en la capacité de la France de ramener son déficit public sous le seuil des 3% de son produit intérieur brut (PIB) d'ici à 2027, le marché boursier craint la mise en œuvre de programmes économiques dispendieux.
Cela se ressentait aussi sur le marché obligataire: le taux d'intérêt de l'emprunt français à 10 ans, l'échéance qui fait référence, a atteint son plus haut niveau depuis novembre et évoluait vendredi à la clôture de la Bourse autour de 3,29%, contre 2,48% pour son équivalent allemand.
- Banques en souffrance -
Du côté des valeurs, la pire performance sur le mois sur le CAC 40 revient à la Société Générale, dont l'action a dévissé de près de 20%. Tout le secteur bancaire a souffert, avec une chute de plus de 14% pour le Crédit Agricole et de plus de 12% pour BNP Paribas.
Des valeurs sensibles en raison de leurs liens avec l'Etat ont aussi subi la défiance des investisseurs, comme Vinci (-14,04%) qui gère des concessions d'autoroute ou Engie (-1416%).
Airbus (-17,73%), après avoir abaissé ses objectifs financiers de 2024, et Eurofins Scientific (-15,91%), critiqué par un fonds spécialiste de la vente à découvert lundi, ont aussi trébuché sur l'ensemble du mois.
A peine trois entreprises ont conclu juin plus haut qu'elles ne l'avaient commencé: Kering (+6,72%), qui a rebondi mais dont l'action est un tiers plus bas qu'il y a un an, et, en très légère progression, Sanofi (+0,20%) et Capgemini (+0,05%).
D.Graf--NZN