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Après le score inédit du Rassemblement national au premier tour des législatives, gauche et macronie appellent à des désistements au second tour qui se mettent en place péniblement pour tenter d'empêcher que l'extrême droite ait une majorité absolue au soir du 7 juillet.
Dimanche, la vague bleu marine a de nouveau déferlé avec plus de 10,6 millions de voix, soit 33,14% des suffrages, un niveau historique - hors second tour de la présidentielle 2022 -.
Le camp présidentiel confirme la déroute des européennes, arrivant en troisième position, avec 20,04% des suffrages.
Porté par un taux de participation de 66,71%, le Rassemblement national a frappé un grand coup, en faisant élire 39 députés dès le premier tour, à commencer par Marine Le Pen dans son fief du Pas-de-Calais. Idem pour ses lieutenants Sébastien Chenu (Nord), Julien Odoul (Yonne), Edwige Diaz (Gironde) ou Laure Lavalette (Var).
Le parti à la flamme, allié à Eric Ciotti, est ainsi en tête dans 296 circonscriptions sur 577.
Avec 27,99%, le Nouveau Front populaire a lui déjà 32 élus, parmi lesquels les insoumis Manuel Bompard, Mathilde Panot et Clémentine Autain, ainsi que le socialiste Olivier Faure et l'écologiste Sandrine Rousseau.
Exit en revanche le patron du parti communiste Fabien Roussel, balayé par le raz-de-marée RN dans le Nord, tandis que le franc-tireur François Ruffin se retrouve en ballottage compliqué dans la Somme même s'il va bénéficier du désistement de la candidate "Ensemble pour la République".
- Combien de triangulaires ? -
Le camp présidentiel reste toujours divisé.
Arrivées en troisième position, les ministres-candidates Sabrina Agresti-Roubache et Marie Guévenoux ont ainsi choisi de se désister contre l'extrême droite.
Et plusieurs candidats Renaissance ont déjà annoncé leur retrait, comme le député sortant Jean-Pierre Pont (Pas-de-Calais) qui a appelé à "battre le RN".
Mais quelques représentants de l'ex-majorité, à l'instar de la ministre déléguée chargée des Collectivités Dominique Faure, refusent de se retirer, estimant qu'ils ont davantage de réserves de voix que la gauche pour battre le Rassemblement national.
Les candidats encore en lice ont jusqu'à mardi 18H00 pour décider de se maintenir, ou pas.
- "Cacophonie" -
Du côté du Nouveau Front populaire, les partis ont déjà donné une consigne claire: tout candidat arrivé en troisième position devra se retirer.
Mais pour La France insoumise, cela vaudra seulement là où le RN est "arrivé en tête", a précisé Jean-Luc Mélenchon.
Manuel Bompard a ainsi indiqué que La France insoumise ne se retirerait pas par exemple dans la circonscription de Gérald Darmanin qui devance d'une courte tête le parti à la flamme.
En gage de bonne volonté, le candidat insoumis de la 6e circonscription du Calvados a, lui, annoncé son retrait au profit de l'ex-Première ministre Elisabeth Borne. "Nous allons la sauver", a même affirmé le patron du PS Olivier Faure.
La gauche ne se prive toutefois pas de dénoncer la "cacophonie" au sein de la majorité qui peine à exprimer une position unique sur le second tour entre ceux qui comme Edouard Philippe ne veulent +ni du RN, ni de LFI+ et ceux, comme l'ancien ministre Clément Beaune qui ont appelé à se désister pour le Nouveau Front populaire, y compris pour un candidat LFI.
Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a ainsi appelé lundi à voter au second tour des législatives pour "un candidat du camp social-démocrate" sans y inclure LFI, au grand dam de l'écologiste Marine Tondelier qui a dénoncé un "comportement de lâche et de privilégié".
Tout plutôt que le "projet funeste" du RN, c'est la ligne défendue par l'actuel locataire de Matignon, Gabriel Attal, qui a lui aussi reconnu que "cela passera par le désistement de (ses) candidats" en "troisième position".
Mais seulement pour avantager "un autre candidat qui défend les valeurs de la République", a-t-il ajouté, soulignant que le camp présidentiel constituera "le meilleur choix pour éviter que le RN ne dispose d'une majorité absolue".
Pour discuter de ces désistements, Emmanuel Macron, qui a appelé à un "large rassemblement clairement démocrate et républicain", a convoqué ses ministres à l'Elysée à 12H00.
- Majorité relative ou grande coalition -
En l'état, les projections des instituts de sondage anticipent une large majorité relative d'au moins 240 sièges pour les troupes de Jordan Bardella, voire une courte majorité absolue jusqu'à 295 sièges.
Mais ces projections sont faites avant désistements.
"Même si les électeurs ne suivent pas les consignes mécaniquement de leurs responsables politiques, on aura un effet qui jouera plutôt en défaveur du RN", a commenté le directeur général délégué d'Ipsos Brice Teinturier sur France inter.
Selon le politologue, "le point de départ est plutôt sur une majorité relative qu'une majorité absolue". C'est ce qu'anticipe la Bourse de Paris qui a rebondi.
Pour contrer une majorité relative du RN, plusieurs responsables de l'actuelle majorité, comme Yaël Braun-Pivet, ont déjà appelé à une "grande coalition" des communistes à LR au lendemain du 7 juillet.
Le socialiste Olivier Faure s'est dit "sensible" à la suspension de la réforme de l’assurance-chômage annoncée dimanche soir par Gabriel Attal.
Mais, si Jordan Bardella avait déclaré avant le premier tour qu'il n'irait pas à Matignon sans majorité absolue, Sébastien Chenu a semblé nuancer cette position.
"Il faudra regarder la configuration de l'Assemblée nationale. S'il y a effectivement à trouver des soutiens, nous assumerons nos responsabilités devant les Français", a-t-il déclaré.
Sur X, M. Bardella s'est dit "prêt à débattre avec Jean-Luc Mélenchon" car il considère qu'il n'y a plus que "deux choix" pour les Français, "l’extrême gauche au pouvoir" ou "l'Union nationale".
Comme le veut l'usage, les parlementaires fraîchement élus pourront eux se rendre à l'Assemblée à partir de 14H00.
A.Ferraro--NZN