AEX
-11.9800
A la veille des élections législatives britanniques, le parti travailliste semble plus que jamais promis mercredi à la victoire, en tête des sondages et désormais soutenu par le puissant tabloïd The Sun, une première pour le Labour depuis Tony Blair.
Après six semaines de campagne, et 14 ans de pouvoir conservateur durant lesquels se sont succédé cinq Premiers ministres dont quatre ont dû démissionner, le Royaume-Uni devrait jeudi basculer au centre gauche, avec Keir Starmer comme chef de gouvernement.
"Le temps du changement est venu", "le temps du Labour est venu", affirme dans une tribune publiée mercredi sur son site internet le journal, propriété de la famille du milliardaire australo-américain Rupert Murdoch, aux prises de position déterminantes dans le passé.
Le tabloïd avait basculé en faveur du parti travailliste en 1997, lors des élections remportées par Tony Blair, après 18 ans dans l'opposition. Il était repassé côté conservateur pour soutenir David Cameron avant sa victoire de 2010.
Mais malgré ses éditoriaux marqués plutôt à droite, il était difficile pour le journal populaire de passer à côté du changement d'ère qui s'annonce et la déroute annoncée aux Tories menés par Rishi Sunak.
Même l'implication surprise de l'ancien Premier ministre Boris Johnson dans la campagne mardi soir lors d'un réunion électorale des conservateurs à Londres ne semble pas devoir faire bouger les lignes.
"Si vous voulez vraiment des impôts plus élevés (...) si vous voulez une immigration incontrôlée et si vous voulez des courbettes inutiles devant Bruxelles, votez pour le parti travailliste jeudi", a menacé l'ancien dirigeant, en mauvais termes avec l'actuel Premier ministre Rishi Sunak mais qui reste apprécié d'une partie de la base.
- "Super majorité" -
A quelques heures de l'ouverture des bureaux de vote, les jeux semblent faits. Les poids lourds conservateurs, Rishi Sunak en tête, en sont réduits à implorer les électeurs de ne pas donner "une super majorité" aux travaillistes à la Chambre des Communes.
"Nous sommes probablement à la veille du plus grand raz de marée (travailliste) que nous ayons jamais connu dans ce pays", a reconnu le ministre du Travail Mel Stride, un pilier de la campagne de Rishi Sunak, sur Times Radio.
"C'est fini, et nous devons nous préparer à la réalité et à la frustration de l'opposition", a écrit l'ancienne ministre de l'Intérieur Suella Braverman dans le Telegraph.
Après des années difficiles au cours desquelles les Britanniques ont traversé Brexit, crise économique et sociale, Covid, scandales et instabilité politique, les électeurs semblent n'aspirer qu'à une chose : le changement.
Et ils sont prêts à donner sa chance à Keir Starmer, un travailliste austère et peu connu de 61 ans, ancien avocat défenseur des droits humains puis procureur général, élu député il y a neuf ans seulement.
Il devrait devenir Premier ministre, ce poste revenant au chef du parti politique obtenant la majorité des 650 sièges en jeu aux législatives dans un scrutin uninominal à un tour.
Keir Starmer, qui a cherché à donner une image de sérieux et de fermeté, notamment fiscale et économique, après avoir recentré sans état d'âme son parti, a déjà prévenu qu'il n'avait pas de "baguette magique".
Mais cet homme d'origine modeste, fils d'un outilleur et d'une infirmière, parle d'intégrité, du sens du service en politique. "Le pays d'abord, le parti ensuite", répète-t-il régulièrement.
- Farage en embuscade -
Parmi les préoccupations majeures des électeurs, l'économie, la dégradation du service public de santé et l'immigration.
Le parti nationaliste Reform UK et son leader Nigel Farage, qui tente pour la huitième fois de se faire élire député, a fait de ce dernier sujet son principal cheval de bataille, y liant tous les maux dont souffre le Royaume-Uni, comme le manque de logements, la difficulté à se faire soigner et l'absence de travail pour certains jeunes.
Véritable tribun, il est entré dans la course le mois dernier, dopant immédiatement les intentions de vote pour son parti qui talonne désormais les conservateurs et les a même dépassés dans certains sondages.
Rishi Sunak, Premier ministre depuis 20 mois, a quant à lui déployé tous ses efforts pour éviter le désastre annoncé pour son parti. Il a annoncé des baisses d'impôts, promis des jours meilleurs, et essayé jusqu'au bout de récupérer des électeurs hésitant entre Reform UK et le parti conservateur dans des circonscriptions où le scrutin sera serré.
E.Schneyder--NZN