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Il a traversé crises politiques et scandales, au point de devenir avec les années une certaine incarnation de la stabilité. Avec les élections du 4 juillet au Royaume-Uni, le chat Larry s'apprête à accueillir un nouveau colocataire à Downing Street.
Si le verdict des urnes confirme ce qu'annoncent les sondages depuis des mois, le matou à la robe tigrée et blanche verra arriver sous son toit le travailliste Keir Starmer, lui qui pour l'instant n'a connu que des Premiers ministres conservateurs, cinq au total.
Avec la perspective de la fin du bail de Rishi Sunak, arrivé il y a moins de deux ans au 10 Downing Street, Larry, 17 ans, dira aussi au revoir à la chienne du chef du gouvernement sortant, Nova, apparemment sans regrets.
Selon les confidences de l'épouse du locataire actuel de Downing Street, Akshata Murty, chien et chat ont connu des "échanges houleux", mais c'est Larry qui "a eu le dessus".
La famille Starmer a un chat, Jojo, que les enfants gâtent plus que leur propre père, a récemment confié le chef du parti travailliste à la BBC. Les Starmer ont également un hamster, Bear, dont Keir Starmer avait confié en mai 2023 qu'il ne s'entendait pas avec Jojo.
- Le pigeon et le renard -
Reste à savoir comment ces nouveaux arrivants seront accueillis.
A Downing Street, Larry ne laisse pas n'importe qui s'aventurer sur son territoire. Il a connu une rivalité féroce il y a quelques années avec son voisin Palmerston, le chat du ministère des Affaires étrangères, qui a finalement pris sa retraite à la campagne.
Il a aussi été aperçu chassant vaillamment un renard qui avait eu l'outrecuidance de s'aventurer sur son domaine, et fondant lors du réveillon de Noël 2020 sur un pigeon distrait.
Une performance qui lui a permis de faire mentir sa réputation de piètre chasseur et de prouver sa magnanimité, car le volatile a pu s'échapper.
Arrivé à Downing Street le 15 février 2011, en provenance du refuge de Battersea, Larry s'était vu assigner une mission: débarrasser les lieux des rongeurs.
Recruté sous David Cameron en raison de son "véritable instinct de prédateur", selon Downing Street, il est nommé "souricier en chef" ("chief mouser"), un titre dont ses prédécesseurs n'ont jamais eu l'honneur.
Mais ses performances ont déçu, au point que le site de Downing Street indique avec malice que la lutte contre les souris en serait toujours au stade de la "planification tactique".
- "C'est moi qui dirige" -
Quels honneurs Larry recevra-t-il lors de la passation de pouvoirs ?
Poussé au départ en 2016 après le référendum sur le Brexit, David Cameron avait rendu un hommage affectueux à Larry.
Celui qui lui avait ouvert la célèbre porte laquée de noir avait démenti, photo à l'appui et devant des députés hilares, les rumeurs de mésentente avec le félin.
Selon Helen Catt, journaliste politique à la BBC, Larry se montre plutôt aimable avec les journalistes. "Il aime bien voir ce que fait la presse", a-t-elle souligné récemment dans un vidéo consacrée au chat de Downing Street.
Mais elle se montre lucide: "Quand on est à Downing Street et qu'on fait un direct, on est parfaitement conscient que s'il apparaît derrière, plein de gens ne vont plus vraiment écouter ce que vous dites."
Sur le réseau social X, où il approche les 840.000 abonnés, Larry se montre bien plus bavard qu'en "personne".
Sur ce compte non officiel, il a dès le début de la campagne posé les enjeux: "je n'ai pas le droit de vote, mais je dois vivre avec qui que ce soit que vous élirez, aucune pression".
Interrogé par l'AFP à l'occasion du dixième anniversaire de son arrivée au pouvoir, "Larry" avait expliqué le secret de sa longévité par le fait que "les politiques ne font que loger chez moi jusqu'à ce qu'ils soient virés". "Ils se rendent comptent tôt ou tard que c'est moi qui dirige les lieux."
E.Schneyder--NZN