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Une marée rouge avec des milliers de personnes, drapeaux, photos de l'ex-président Hugo Chavez et de l'actuel Nicolas Maduro... la campagne électorale pour la présidentielle du 28 juillet au Venezuela a officiellement débuté jeudi avec une démonstration de force du pouvoir mais aussi une forte mobilisation de l'opposition.
A moins d'un mois du scrutin, les incertitudes sont légion. Dans la rue, les mêmes questions reviennent: les élections auront-elles lieu ? Edmundo Gonzalez Urrutia, le candidat improvisé de l'opposition, sera-t-il sur les écrans des machines à voter ? M. Maduro peut-il mobiliser dans les urnes?
Arrestations, harcèlement de commerçants travaillant avec l'opposition, inéligibilité: la campagne démarre également avec une opposition qui accuse le pouvoir de la "persécuter" alors que le gouvernement ne cesse de lui imputer des "complots" et "actes terroristes".
La plupart des sondages donnent l'opposition en tête des intentions de vote.
Nicolas Maduro, qui brigue un troisième mandat après avoir succédé à son mentor Hugo Chavez (1999-2013), sent-il le danger ou la possibilité d'une défaite? Ces dernières semaines, il a en tout cas intensifié ses apparitions, se montrant quotidiennement sur le terrain, sillonnant lui aussi le pays tout en faisant d'innombrables apparitions à la télévision.
Jeudi, à Caracas, des milliers de ses partisans ont pris la rue aux sons de sa chanson de campagne "Gallo pinto" (coq de combat), surnom qu'il s'est donné il y a quelques semaines.
- Crise sans précédent -
Il promet une reprise économique, après une crise sans précédent qui a vu le PIB se contracter de 80% en dix ans. Sept des 30 millions de Vénézuéliens ont quitté le pays, selon les estimations des Nations unies.
"La campagne électorale victorieuse vers Miraflores a commencé. Le 28 juillet, nous gagnerons haut la main", a lancé jeudi M. Maduro dans l'Etat de Zulia (ouest) avant de rallier Caracas en fin de journée.
"Avec Maduro, plus de changements, plus de transformations pour conquérir l'avenir", a-t-il ajouté parlant de lui à la troisième personne.
"On va remporter une victoire éclatante (...) ce qu'on voit me donne des frissons", affirme Juan Molina, motard de 46 ans. "On sait qui sont les ennemis de la patrie : l'opposition... Si elle s'oppose à nous, on la combattra. Par la force avec justice s'il le faut", s'emporte-t-il.
Le pouvoir a aussi organisé des manifestations dans 70 villes, soit le nombre d'années qu'aurait eu Hugo Chavez cette année.
L'opposition a également vu grand, avec le coup d'envoi à Caracas d'une caravane qui doit sillonner tout le Venezuela dans les prochains jours avec en tête de cortège la leader de l'opposition Maria Corina Machado, saluée par des milliers de partisans, dont beaucoup en blanc.
Vainqueure de la primaire mais déclarée inéligible par le pouvoir, elle a déjà parcouru tout le pays en voiture, car les autorités lui interdisent de prendre l'avion. Dans chaque ville, Mme Machado est accueillie comme une véritable "rock star", une foule d'admirateurs se presse pour entendre ses promesses de changement.
Elle fait désormais campagne pour Edmundo Gonzalez Urrutia, 74 ans, un ancien ambassadeur et personnage discret, qui a accepté de la remplacer au pied levé.
"Cette force ne peut être arrêtée. C'est bien plus qu'une campagne électorale, c'est un sentiment profond pour la liberté du Venezuela", a déclaré Mme Machado à la presse.
"Je suis venue parce que je le voulais, Personne ne m'a forcée", souligne Raiza Ramirez, 52 ans, infirmière venue avec cinq de ses collègues. "Je suis ici parce que je sens que nous sommes maintenant libres, le Venezuela a mis fin à la dictature"
"+Edmundo pour tout le monde+ (un des slogans de l'opposition), en particulier pour le syndicat des infirmières qui se bat pour nos salaires, pour nos hôpitaux, pour nos patients", ajoute Mme Ramirez.
"Aujourd'hui commencent la renaissance de l'espoir et le chemin du changement pour le Venezuela", a dit M. Gonzalez, portant le maillot de football de l'équipe nationale de football qui vient de se qualifier pour les quarts de finale de la Copa America.
- Campagne atypique -
Mais "c'est une chose de gagner le processus électoral et, c'en est une autre d'être reconnu" vainqueur, prévient Guillermo Tell Aveledo, professeur de l'université Metropolitana.
"Il s'agit d'une campagne atypique, davantage axée sur les perceptions et les perspectives du pays que sur des programmes concrets", souligne-t-il.
Le processus électoral sera observé par le Centre Carter et un groupe d'experts des Nations unies mais sans l'Union européenne. Invitée à observer le vote, elle a été exclue fin avril après avoir ratifié des sanctions contre des responsables vénézuéliens.
M. Maduro cherche à faire lever les sanctions et normaliser les relations du Venezuela sur le plan international après le refus d'une partie de la communauté internationale de reconnaitre sa victoire de 2018 lors d'un scrutin boycotté par l'opposition.
F.Schneider--NZN