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Les travaillistes vont revenir au pouvoir au Royaume-Uni à la suite de leur victoire écrasante sur les conservateurs aux législatives, et leur chef Keir Starmer a promis d'incarner le "changement" et "un renouveau national" attendu par les électeurs une fois à Downing Street.
Après 14 ans un règne conservateur marqué par une succession des crises ces dernières années - le Brexit, l'envolée des prix ou encore la valse des Premiers ministres -, une page se tourne au Royaume-Uni.
Sans attendre les résultats des 650 circonscriptions en jeu, le Premier ministre sortant Rishi Sunak a reconnu la défaite de son camp, annonçant avoir appelé le chef du Labour Keir Starmer pour le féliciter et assumant la responsabilité d'un échec qui apparaît d'ores et déjà historique.
Vendredi matin, Keir Starmer, ancien avocat spécialiste des droits humains de 61 ans, sera chargé par le roi Charles III de former un gouvernement. C'est donc un dirigeant modéré de centre-gauche qui va entrer dans la foulée au 10, Downing Street, au moment où l'extrême droite est susceptible d'accéder au pouvoir en France et que Donald Trump semble bien placé pour retourner à la Maison Blanche.
"Le changement commence maintenant", a martelé le futur Premier ministre, remerciant ses partisans et renouvelant sa promesse de "renouveau national". "Je ne vous promets pas que ce sera facile. Il ne suffit pas d'appuyer sur un bouton pour changer un pays. Cela demande un travail difficile, un travail patient, un travail déterminé".
Les résultats qui tombent vendredi au petit matin confirment l'ampleur du succès pour le Labour et la défaite historique des conservateurs, annoncés depuis des mois par les sondages.
Vers 04H30 GMT, le Labour avait sécurisé plus de 367 sièges, soit plus que les 326 sièges nécessaires pour obtenir la majorité absolue à la Chambre des Communes et pouvoir former seul le futur gouvernement britannique.
Selon la dernière estimation de la BBC après l'annonce d'un tiers des résultats, le Labour remporterait au total 408 sièges sur les 650 de la Chambre des Communes, soit un peu moins que le score historique de Tony Blair en 1997 (418).
Le parti conservateur du Premier ministre sortant Rishi Sunak ressort lui désavoué avec ce qui s'annonce comme son pire résultat depuis le début du XXe siècle: 136 députés élus, contre 365 il y a cinq ans sous Boris Johnson.
Plusieurs de ses poids lourds ont été emportés par la vague de rejet qu'il a suscitée comme les ministres de la Défense Grant Shapps ou des relations avec le Parlement Penny Mordaunt, qui était considérée comme une possible future cheffe de parti.
- "Choix difficiles" -
Unanimement, les Unes de la presse britannique insistent vendredi sur le "raz de marée" travailliste remporté par Keir Starmer.
Durant la campagne, ce dernier, entré en politique il y a seulement neuf ans, a promis le retour de la "stabilité" et du "sérieux", avec une gestion des dépenses publiques très rigoureuse.
Peu charismatique, il promet de transformer le pays comme il a redressé, sans état d'âme, le Labour après avoir succédé au très à gauche Jeremy Corbyn en 2020, le recentrant sur le plan économique et luttant contre l'antisémitisme.
Il assure vouloir relancer la croissance, redresser les services publics, renforcer les droits des travailleurs, réduire l'immigration et rapprocher le Royaume-Uni de l'Union européenne -- sans revenir sur le Brexit, sujet tabou de la campagne.
Le futur gouvernement devra faire "des choix difficiles" face à "l'ampleur du défi", a toutefois prévenu Rachel Reeves, amené à devenir ministre des Finances, une première pour une femme au Royaume-Uni.
- Droite dure -
Dans ce parlement bouleversé, les libéraux-démocrates (centristes) vont eux redevenir la troisième force en présence, avec 66 députés selon les projections.
Bouleversement dans la politique britannique: le parti anti-immigration et anti-système Reform UK va entrer au Parlement avec quatre sièges. Son chef et figure de la droite dure Nigel Farage, va devenir député après sa huitième tentative.
L'ancien héraut du Brexit a salué le début d'une "révolte contre l'establishment".
En Ecosse, les indépendantistes du Scottish National Party subissent un sérieux revers, pressentis pour n'emporter que huit des 57 circonscriptions.
- Campagne calamiteuse -
Au pouvoir, le Labour devra répondre à une aspiration considérable au changement.
Le Brexit a déchiré le pays et n'a pas rempli les promesses de ses partisans. L'envolée des prix des deux dernières années a appauvri les familles, plus nombreuses que jamais à dépendre des banques alimentaires.
Il faut attendre parfois des mois pour des rendez-vous médicaux dans le service public NHS. Les prisons risquent de manquer de places dès les jours qui viennent.
Dans une ambiance de luttes fratricides permanentes chez les conservateurs, les scandales politiques sous Boris Johnson et les errements budgétaires de Liz Truss, qui n'a tenu que 49 jours au pouvoir, ont fini d'exaspérer les électeurs.
En 20 mois à Downing Street, leur successeur Rishi Sunak, cinquième Premier ministre conservateur depuis 2010, n'est jamais parvenu à redresser la barre dans l'opinion.
L'ancien banquier d'affaires et ministre des Finances de 44 ans avait tenté un coup de poker en convoquant ces élections en juillet sans attendre l'automne comme beaucoup le pensaient, mais sa campagne a tourné au calvaire.
Y.Keller--NZN