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Les Français votaient dimanche pour le second tour des législatives, un scrutin historique dont le Rassemblement national pourrait sortir vainqueur, avec une grande incertitude toutefois sur sa capacité à obtenir la majorité absolue à l'Assemblée et à pouvoir former un gouvernement.
De Calais à Perpignan, de Metz à Bordeaux, la fébrilité domine chez des électeurs appelés à voter une troisième fois en moins d'un mois, anxieux depuis la dissolution de l'Assemblée nationale qui a bouleversé le paysage politique.
A Lille, Cécile Artis, 59 ans, cadre supérieure dans une PME, est inquiète de "la polarisation des opinions publiques. Tout n’est pas blanc ou noir, l’important c’est de travailler ensemble", commente cette cadre supérieure dans une PME.
Plusieurs personnalités politiques ont déjà voté: Gabriel Attal - candidat à sa réélection dans les Hauts-de-Seine - à Vanves, l'ancien Premier ministre Edouard Philippe (Horizons) dans sa ville du Havre en Seine-Maritime, Louis Aliot - maire RN de Perpignan - dans les Pyrénées-Orientales, l'eurodéputée Marion Maréchal à Paris, le député sortant LFI Alexis Corbière à Bagnolet en Seine-Saint-Denis.
Les électeurs peuvent se rendre aux urnes jusqu'à 18H00 ou 20H00 dans les grandes villes, heure à laquelle se dessineront les premiers résultats.
76 députés ont été élus dès le premier tour et il en reste 501 à désigner.
Dimanche dernier, les Français ont placé le Rassemblement national - et ses alliés issus de LR - largement en tête (33%), devant l'alliance de gauche Nouveau Front populaire (NFP, 28%), et le camp présidentiel Ensemble (20%).
La mobilisation s'annonce toujours forte avec une participation attendue au même niveau qu'au premier tour où elle avait atteint 66,7%, du jamais-vu depuis la précédente dissolution en 1997.
Les premiers résultats sont tombés dans certains territoires d'outre-mer, qui ne présument en rien d'une tendance nationale.
En Guadeloupe, les deux candidats RN qualifiés au second tour n’ont pas transformé l’essai: les quatre députés sortants de gauche retrouvent leur siège, avec des scores compris entre 69 et 77,5% des voix.
En Martinique, les quatre circonscriptions vont à des candidats du Nouveau Front populaire.
En Guyane, les deux sortants soutenus par le NFP sont confortés, Davy Rimane totalisant 100% des suffrages, faute d’adversaire.
- Nombreux désistements -
Un gouvernement issu de l'extrême droite en France serait une première depuis la Deuxième Guerre mondiale.
Mais la campagne de l'entre deux-tours a été marquée par 210 désistements de candidats du camp macroniste et du NFP, au nom d'un "front républicain" revigoré par la perspective d'une nomination du président du RN Jordan Bardella, 28 ans, à Matignon.
Conséquence de ces retraits, la perspective d'une majorité absolue pour le RN semble s'éloigner.
Quelques heures avant la fin de la campagne électorale vendredi à minuit et le début d'une période de réserve, plusieurs sondages donnaient entre 170 et 230 sièges pour le parti lepéniste. Une progression spectaculaire par rapport à leurs 88 députés sortants, mais insuffisante pour atteindre seul la majorité absolue (289 députés).
Encore faut-il noter la fragilité de ces prévisions avec une "cinquantaine de circonscriptions qui se joue dans un mouchoir de poche", selon le président délégué d'Ipsos Brice Teinturier.
Et, dans quelle proportion les Français suivront-ils les consignes des responsables politiques dans les urnes ?
Avec les désistements, "la liberté des candidats a été bafouée, ça fausse le scrutin", déplore ainsi Bernard Keller, un gérant de société de 60 ans qui a voté à Rosheim.
Marine Le Pen juge, elle, "sérieuses" les chances du RN d'avoir une majorité absolue.
- "Au pied du mur" -
Si tel n'était pas le cas, s'ouvrirait après des élections très éprouvantes pour les partis et le pays une période d'incertitude et d'intenses tractations.
Le Rassemblement national parviendra-t-il à rallier les voix lui manquant pour constituer une majorité absolue?
A l'inverse, les autres partis réussiront-ils à constituer une majorité alternative, comme l'ont appelé de leurs voeux plusieurs ténors du camp macroniste?
"Chacun sera quelque part au pied du mur pour avancer au service de nos concitoyens" au-delà des "clivages", a relevé le Premier ministre Gabriel Attal, écartant la possibilité de gouverner avec le RN ou LFI, qui ne le souhaitent de toute façon pas.
La droite ne semble pour l'instant guère encline à entrer dans une construction de ce type. A gauche, l'hypothèse fait débat et risque de fracturer la fragile alliance du Nouveau Front populaire.
Retrouvant par la grâce du front républicain son statut de meilleur opposant au "système", le RN a dénoncé par avance des "magouilles" destinées à le priver du pouvoir.
Reste encore l'hypothèse d'un gouvernement technique, comme celui qui avait sauvé l'Italie de la crise de la dette en 2011.
Gabriel Attal s'est en tout cas déclaré disponible pour assurer la continuité de l'Etat "aussi longtemps que nécessaire", une question qui se pose d'autant plus que Paris accueillera les Jeux Olympiques du 26 juillet au 11 août.
Agressions, insultes racistes, menaces de mort, l'entre-deux-tours a été émaillé de violences et de tensions. "51 candidats, suppléants ou militants" ont été "agressés physiquement" ces derniers jours, selon le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.
Face à d'éventuels débordements dimanche soir, 30.000 policiers seront mobilisés, dont 5.000 à Paris.
E.Leuenberger--NZN