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Le nouveau Premier ministre britannique Keir Starmer se rend dimanche en Ecosse, première étape de son tour des différentes nations du Royaume-Uni, avec la volonté de "réinitialiser" les relations parfois tendues ces dernières années entre Londres et les gouvernements locaux.
Keir Starmer doit s'entretenir en fin d'après-midi avec John Swinney, le Premier ministre écossais, dont le parti indépendantiste, le SNP, a sombré aux élections législatives, ne conservant que neuf députés, contre 48 précédemment.
Dans un communiqué diffusé en amont de son arrivée en Ecosse, Keir Starmer a affirmé vouloir procéder à "une réinitialisation immédiate" de ses relations avec les chefs des gouvernements locaux.
"Une coopération centrée sur le respect sera essentielle pour mettre en place le changement à travers le Royaume-Uni", a-t-il défendu. "Ensemble, nous pouvons commencer à reconstruire notre pays", a-t-il insisté.
Dans le système politique britannique, les gouvernements écossais, gallois et nord-irlandais sont compétents dans de nombreux domaines, comme l'éducation, la santé et l'environnement, tandis que le gouvernement britannique, qui siège à Londres, conserve notamment la défense et la politique étrangère.
Le gouvernement travailliste de Tony Blair (1997-2007) a été l'architecte de ce système, baptisé "dévolution", mais sous les conservateurs au pouvoir ces 14 dernières années, les gouvernements locaux ont souvent accusé les autorités centrales de les marginaliser.
L'ancienne Première ministre écossaise Nicola Sturgeon avait critiqué la communication laborieuse avec Boris Johnson pendant la pandémie de Covid-19 et avait regretté que celle qui lui avait succédé, Liz Truss, ne l'ait pas directement contactée plus d'un mois après son arrivée à Downing Street.
Avant de recevoir Keir Starmer, John Swinney a salué dans un communiqué son engagement en faveur d'"une relation positive" entre les deux gouvernements.
Il a dit espérer avoir des "discussions constructives" sur des "priorités partagées", citant en particulier l'éradication de la pauvreté infantile, la croissance économique, la transition écologique et les services publics.
Il n'a en revanche pas évoqué la lutte pour l'autodétermination, un combat majeur mais en perte de vitesse du SNP, tandis que ce parti de gauche est aussi affaibli par une enquête sur son financement.
Après l'Ecosse, Keir Starmer doit aller lundi en Irlande du Nord, pour s'entretenir avec la Première ministre, la républicaine du Sinn Fein Michelle O'Neill, et la vice-Première ministre, l'unioniste Emma Little-Pengelly.
Il doit aussi se rendre au Pays de Galles, gouverné par le travailliste Vaughan Gething.
- Lammy en Europe -
Après son écrasante victoire aux législatives de jeudi, Keir Starmer s'est dit samedi "impatient" de mettre en oeuvre le changement qu'il a promis pour le Royaume-Uni.
Pendant la campagne électorale, l'immigration est aussi ressortie comme étant une des préoccupations majeures des électeurs.
Le parti anti-immigration et anti-système Reform UK, qui en a fait le principal axe de son programme, a obtenu plus de 14% des voix et est entré au Parlement avec cinq députés, dont son chef Nigel Farage.
Dimanche, Tony Blair a appelé Keir Starmer à préparer "un plan pour contrôler l'immigration", estimant que la montée de Reform UK "lance un défi au Labour aussi", même s'il a surtout pris des voix aux conservateurs.
"Les sujets culturels, autant, si ce n'est plus, que les sujets économiques, sont au coeur" de ce vote, a estimé l'ancien Premier ministre travailliste. Il a ajouté que, sur ce point, "la politique britannique a beaucoup en commun avec la politique européenne", évoquant la situation en France et en Italie.
M. Starmer avait confirmé samedi qu'il n'était "pas prêt" à poursuivre le projet du précédent gouvernement conservateur d'expulser des migrants au Rwanda.
De son côté, le nouveau ministre des Affaires étrangères, David Lammy, a entamé une tournée en Europe, qui l'a conduit en Allemagne samedi, avant la Pologne et la Suède.
Dans une tribune parue dimanche sur le site internet spécialisé The Local Europe, il a affirmé que Londres souhaitait désormais "améliorer" ses relations avec l'Union européenne.
Si la remise en cause du Brexit et le retour à une libre-circulation des personnes ne sont pas d'actualité pour le nouveau gouvernement, le ministre du Commerce Jonathan Reynolds a affirmé dimanche sur Sky News que le Royaume-Uni devait "explorer" les moyens de "lever certaines barrières" dans le commerce avec l'UE.
R.Bernasconi--NZN